Le soleil se lève timidement sur le Village opéra. Un léger vent souffle sur le site. La verdure des arbres et les pierres autour du Village opéra rendent l’endroit paradisiaque. Murs épais, blocs de latérite et toits colossaux, l’architecture des bâtiments est agréable à contempler. Les bâtiments sont construits avec des passages d’air de telle sorte qu’en période de chaleur, l’air chaud se dissipe à travers les ouvertures. Dans la cour, des bananiers sont plantés pour permettre aux enfants d’avoir de la banane douce pour le dessert. Lors de notre de notre passage, les élèves sont en classe avec leurs enseignants. La cour est emplie de chants d’oiseaux.

Lire aussi : Architecture : Le Burkinabè Diébédo Francis Kéré premier africain à remporter le prix Pritzker

A midi, les tous petits, ceux de la classe de CP1, sont les premiers à être servis à la cantine. La discipline est enseignée à ces écoliers. Ils font un rang. Chacun passe à tour de rôle pour laver ses mains, sous la supervision d’une cantinière. Les enseignants et les agents de l’administration consomment le même repas que les élèves. C’est une manière pour eux de s’assurer de la qualité de ce que les enfants consomment.

Une salle de classe

La toute première classe du Village opéra a ouvert ses portes en octobre 2011. Les élèves apprennent les matières classiques. Des cours de peinture, de musique, de cinématographie, de photographie, de théâtre, etc., leur sont aussi dispensés. « Il ne s’agit pas d’en faire des artistes. Nous sommes convaincus qu’avec cette approche, ils auront un esprit plus ouvert sur le monde », explique l’administrateur du Village opéra Motandi Ouoba.

Le site ne dispose pas que d’une école. Il abrite également un centre de santé, des résidences, des salles d’ateliers et de musique. Le centre de santé est composé d’un cabinet dentaire, d’une salle d’accouchement, d’une salle d’échographie, d’une salle d’hospitalisation et d’une pharmacie, pour le bonheur des populations des villages environnants à qui il offre des consultations à des prix sociaux.

L’administrateur du village opéra, Motandi Ouoba

Selon l’administrateur, le village opéra se porte bien, mais il pourrait se porter encore mieux. Car le site est toujours en chantier. « Le chantier se poursuit. Des choses ont été réalisées mais il reste beaucoup à faire sur la base du projet. Il est assez original. Il contient de la culture, de l’art et de l’éducation. Il a été pensé par un artiste, donc c’est un projet très remarquable à différents points de vue. Aujourd’hui, nous pouvons dire que c’est seulement le tiers du projet qui a été réalisé », fait savoir monsieur Ouoba.

Lire aussi : “Village-opéra” de Laongo : Du rêve à la réalité

Il a rappelé que la convention a été signée en 2010. Malheureusement, peu de temps après, l’initiateur du projet, Christoph Schlingensief, est décédé. Ce qui fait que le projet rencontre des difficultés. Il est prévu la construction d’une salle de spectacle de 500 à 700 places assises avec des salles d’exposition et de projections. « Malheureusement, la première pierre de cette salle n’a pas encore été posée », déplore Motandi Ouoba, précisant que la salle de spectacle est le « cœur » du projet.

Lire aussi : "Village-opéra" de Laongo : Un ami du Burkina s’est éteint

Selon l’administrateur du Village opéra, le manque de financements fait que le projet est toujours en chantier. Il invite les autorités à les aider à accomplir ce projet. Car dit-il, ce sera au bénéfice des Burkinabè. « Le projet est très ouvert au monde. Aujourd’hui, le Village opéra est comme une carte de visite du pays. Plusieurs personnes viennent au Burkina Faso pour voir le Village opéra. Et c’est comme un défi pour nous les Burkinabè de réussir ce projet. Si ce projet n’aboutit pas, ce sera comme ce sont les Burkinabè qui auraient travaillé à ce que le projet n’aboutisse pas », a laissé entendre monsieur Ouoba. « Nous allons continuer à nous battre comme on peut pour que ce projet aboutisse », ajoute-t-il.

La bibliothèque du village opéra qui sert aussi pour les autres élèves des autres écoles primaires et collèges

En attendant, le Village opéra bien qu’inachevé, fait le bonheur de la localité de Ziniaré. « Le village opéra est une lumière pour la localité. En plus de ses infrastructures, ce qui s’y déroule est très important pour la population. Il y a l’école et tout le monde connaît l’importance d’une école. Elle est gratuite. Il n’y a pas de frais de scolarité. L’école est très aérée. La température ambiante est propice à l’apprentissage quelle que soit la période de l’année. En période de canicule, à l’intérieur des salles, on a un microclimat doux », décrit le directeur de l’école, Abdoulaye Ouédraogo.

« Les enseignants d’arts sont sélectionnés par un comité artistique. Les contenus sont enseignés en fonction des âges. Les cours d’éveil aux arts représentent 20% du programme. Et il y a une salle polyvalente dédié aux arts », ajoute-t-il.

Abdoulaye Ouedraogo, directeur de l’école et superviseur des cours d’éveil aux arts

Enseignante tenant la classe de CE2, Assèta Sawadogo estime que les salles de classes bioclimatiques sont plus adaptées pour l’apprentissage des enfants. Selon l’enseignante, les enfants se sentent à l’aise dans les classes. Elle estime que les cours d’éveil aux arts sont importants pour les élèves. « Les cours d’arts enseignés ont des implications pédagogiques qui leur permettent de s’épanouir, de rester éveillés, d’avoir une aisance et d’avoir des qualités comme la confiance en soi que les autres n’ont pas. Ça fait plaisir de voir nos élèves lors des cérémonies de fin d’année ou lors des spectacles se donner à fond comme des professionnels. Je crois que ces cours d’arts doivent être généralisés dans les autres écoles. Pour le moment le Village opéra est privilégié dans la formation artistique de nos enfants », a-t-elle indiqué.

Assèta Sawadogo, enseignante tenant la classe de CE2

L’apport des gouvernements burkinabè et allemand

Selon l’administrateur du Village opéra, c’est grâce au gouvernement burkinabè que le site a été acquis pour l’exécution du projet. Le courant et l’eau ont été subventionnés à 50 % par le gouvernement burkinabè. « Nous recevons des vivres de la part de l’Etat pour la cantine. Même si la quantité est insuffisante. Nous apprécions ce que l’État fait pour nous. Les enseignants et les agents de santé ont été affectés par l’État », informe-t-il.

A l’entendre, certaines infrastructures ont été financées par l’Etat allemand. Monsieur Ouoba souhaite que l’Etat allemand les accompagne pour l’accomplissement du projet. « On dira toujours que c’est un projet du Burkina et de l’Allemagne. On souhaite que le gouvernement allemand nous accompagne pour la réalisation de ce projet. Parce qu’il appartient aux deux pays », a-t-il argué.

Actuellement le projet est tenu par la veuve de l’initiateur, Aïno Laberenz. Elle en assure le lead depuis 2011 suite au décès de son mari.

Rama Diallo
Lefaso.net