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Burkina/santé : « L’automédication peut conduire à des conséquences désastreuses », Dr Abdoul Aziz Ouédraogo à propos de la dengue

Publié le mercredi 13 septembre 2023 à 22h25min

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Burkina/santé : « L’automédication peut conduire à des conséquences désastreuses », Dr Abdoul Aziz Ouédraogo à propos de la dengue

Depuis quelques semaines, le Burkina Faso fait face à une épidémie de dengue qui touche essentiellement les régions des Hauts-Bassins et du Centre. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Dr Abdoul Aziz Ouédraogo, médecin chef du district de Boulmiougou revient sur la situation épidémiologique de la dengue, les symptômes et comment l’éviter. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Qu’est-ce que la dengue ?

Dr Abdoul Aziz Ouédraogo : La dengue est une maladie virale transmise par la piqûre d’un moustique infecté. Ce moustique est couramment appelé Aedes aegypti. Lorsque ce moustique infecté va piquer une personne saine, elle est susceptible de faire la dengue. Il faut dire que ce moustique pique une personne infectée lors de son repas sanguin. Il va prélever le virus de la dengue et va infecter une personne saine.

Il y a quatre types de virus qu’on appelle couramment Denv 1, Denv 2, Denv 3 et Denv 4. Ce sont les sérotypes de la dengue. Il faut dire que le sérotype 2 a été impliqué dans la flambée de dengue au Burkina. Si on a été infecté par un sérotype, ça n’exclut pas d’être infecté par les autres sérotypes. Quand on est infecté par le sérotype 1, on est immunisé par le sérotype 1. Mais on devient plus exposé à la dengue sévère.

On entend parler de cas suspects, de cas probables, pouvez-vous nous clarifier ces termes ?

Le cas suspect, c’est tout patient qui présente une forte fièvre qui va évoluer pendant deux à sept jours et qui va s’associer à deux des signes suivants : des céphalées intenses (maux de tête intenses), des vomissements, des saignements, des douleurs abdominales, des épistaxis (saignement par le nez), saignement par les gencives, vomissements de sang, des agitations. Au moins deux de ces signes associés à une fièvre évoluant depuis deux à sept constitue un cas suspect.

Le cas probable, c’est ce cas suspect qui va bénéficier d’un test de diagnostic rapide de la dengue. Ce test, s’il est positif, est un cas probable.

Il y a ce qu’on appelle cas confirmé. Ce sont des examens plus sophistiqués qu’on appelle test ELISA, les PCR qu’on va faire pour isoler le virus de la dengue.

Aujourd’hui quelle est la situation épidémiologique de la dengue au Burkina Faso ?

Il faut dire que de la semaine 1 à la semaine 35, nous sommes à plus de 8355 cas suspects de dengue, 3335 cas probables et 31 décès.

Qu’est ce qui fait la différence entre le paludisme et la dengue en termes de signes ?

Les signes des deux maladies s’apparentent, se ressemblent. Au niveau du paludisme, vous allez avoir une fièvre, au niveau de la dengue également. Vous allez avoir des maux de tête au niveau du paludisme, au niveau de la dengue les maux de tête aussi sont là, seulement que c’est intense. Vous allez avoir des douleurs rétro-orbitaires, c’est-à-dire des douleurs derrière l’orbite au niveau des yeux. Au niveau du paludisme vous allez avoir des vomissements tout comme au niveau de la dengue. Vous pouvez avoir des saignements au niveau du paludisme grave tout comme au niveau de la dengue. Ce qui va faire la différence, c’est au niveau du test de diagnostic rapide. Le test de diagnostic rapide du paludisme va isoler le parasite, c’est-à-dire le Plasmodium et le test de diagnostic rapide de la dengue va montrer le virus de la dengue. C’est au niveau de ces tests de diagnostic rapide que nous faisons la différence.

Il faut noter qu’il y a des possibilités de co-infection de ces deux maladies.

Aujourd’hui, y a-t-il un traitement approprié de la dengue ?

Le traitement de la dengue est essentiellement symptomatique. Quand il y a de la fièvre, il faut prendre des antipyrétiques pour casser la fièvre. Quand il y a des vomissements, il faut prendre des médicaments pour arrêter les vomissements, quand il y a des saignements, il faut également prendre des médicaments pour les arrêter. Pour tout ce qui est symptôme, il faut trouver le médicament approprié.
Ce qui est primordial, ce sont les mesures préventives. Il y a les mesures préventives individuelles comme les moustiquaires imprégnées à longue durée d’action, les pommades répulsives, porter des vêtements longs qui couvrent le corps. Pour ce qui est des mesures collectives, il y a la lutte anti larvaire qui est organisée actuellement par le ministère de la Santé. A ce niveau, nous sommes en train de faire la destruction physique des gîtes larvaires dans les concessions avec l’appui des municipalités. Il faut aussi éviter les eaux stagnantes. Il faut travailler à assainir le cadre de vie. Il faut aussi qu’il y ait une connaissance de la maladie par la population.

Une personne peut donc être infectée en même temps par le paludisme et la dengue ?

Les statistiques ont montré que dans 10 à 20% des cas, une personne peut souffrir et du paludisme et de la dengue. Surtout en cette période, il faut penser à ces deux pathologies vu que les signes se ressemblent, faire les tests de diagnostic rapide du paludisme et de la dengue. Au cas où il y a une co-infection, traiter les deux maladies ensemble.

De nombreuses personnes s’adonnent à l’auto-médication surtout quand elles soupçonnent la dengue. Quels conseils avez-vous à donner aux populations ?

C’est une question très pertinente. Nous profitons de votre micro pour lancer un appel afin que les gens évitent l’automédication surtout en cette période de dengue. Cela peut conduire à des conséquences désastreuses parce qu’il y a des médicaments qui sont contre-indiqués contre la dengue, qu’on ne doit pas prendre quand on a la dengue. C’est notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (Diclofenac, ibuprofen, etc.) On voit dans nos sociétés que l’automédication est fréquente. Il y a des gens, dès qu’elles ont des douleurs articulaires, elles prennent ces comprimés pour soulager le mal. Mais en cette période, c’est contre-indiqué car cela peut engendrer des perturbations dans l’organisme qui peuvent conduire à des conséquences désastreuses ou à la mort.

Entretien réalisé par Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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