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Photographie : Bruno Kiemtoré, le « chasseur » qui rêve de galoper aux côtés des Étalons

Publié le jeudi 17 août 2023 à 22h30min

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Photographie : Bruno Kiemtoré, le « chasseur » qui rêve de galoper aux côtés des Étalons

Il est sans conteste le photographe sportif le plus en vogue au Burkina Faso. Ses chefs-d’œuvre pris à la dernière Coupe d’Afrique des Nations, au Cameroun, ont fait le tour des réseaux sociaux. Lassané Bruno Kiemtoré (Pouiré service photographie) aime ce qu’il fait. Avec passion et professionnalisme. Derrière cet air débonnaire qu’il affiche, se cache un grand rêve : celui d’être le photographe attitré d’une équipe nationale ou internationale. « A maintes reprises, j’ai déposé des demandes à la Fédération burkinabè de football et au ministère des Sports pour prendre part aux matchs à l’extérieur. Mais, c’est resté sans réponse », regrette le photographe, qui ne désespère pas. A l’occasion de la journée mondiale de la photographie, célébrée chaque 19 août, il nous a accordé un entretien à distance.

Lefaso.net : Comment êtes-vous arrivé dans le monde de la photo ?

Lassané Bruno Kiemtoré : J’ai débuté la photographie à l’église dans le mouvement Cœur vaillant - âme vaillante (CV-AV). Pendant les vacances, on organisait plusieurs activités et comme j’avais un appareil photo argentique (appareil photo avec pellicule) j’immortalisais ces beaux moments en guise de souvenirs.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisé dans la photographie sportive ?

La photographie sportive, parce que j’ai remarqué que les grands clubs et les grands championnats font leur promotion à travers des photos professionnelles. En plus, la plupart des photographes d’ici sont dans l’événementiel.

Issa Kaboré lors du match de classement à la CAN contre le Cameroun

Pouvez-vous nous décrire en quelques mots votre métier ?

De façon succincte, la photographie sportive est un art visuel consistant à enregistrer des actions en images fixes, avec un ensemble de techniques, de procédés et de matériels professionnels.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Dans la vie courante, je m’inspire de tout ce qui se passe autour. Au stade, c’est l’ambiance des supporters.

Quel est le matériel adapté pour faire de la photographie sportive ?

Pour faire de la photographie sportive, il te faut au moins deux boîtiers. L’un avec une longue focale et l’autre avec un téléobjectif à grand angle. En plus, il te faut nécessairement un excellent ordinateur qui te permettra d’enregistrer un grand nombre d’images et de pouvoir les publier après traitement.

Qu’est-ce qui vous fascine dans la photo sportive ?

C’est l’émotion que tu fais revivre à travers les prises d’images.

Y a-t-il une photo dont vous êtes le plus fier ?

C’était au Cameroun lors du match de classement où Issa Kaboré a pris la balle à la limite de la ligne de but. Une photo que beaucoup de médias ont utilisé pour montrer que la balle n’avait vraiment pas franchi la ligne.

Qui sont vos modèles dans le domaine ?

Celui qui m’inspire dans le domaine du sport réside au Royaume Uni. Il se nomme Bob Martin. Souvent, mes proches me reprochent d’être trop scotché à mon smartphone. En réalité, ce sont ses œuvres que je visionne. Je suis fréquent sur sa page Instagram. Mais dans le domaine de la photographie, ici, c’est Chekier Photo de Paris qui m’a motivé à acheter un Canon 5D Mark IV. Quand je voulais effectuer l’achat de l’appareil, je l’ai contacté et il m’a fait des propositions d’appareils photo seconde main. J’ai répondu que je préférerais acquérir un appareil neuf afin de me lancer. J’ai donc acheté l’appareil à près de 5 millions de francs CFA. Mais, depuis que je suis dans le domaine, il n’y a pas de rémunération. Je fais la photo par amour. J’aurai pu utiliser cet argent pour m’acheter un véhicule et tourner dans la ville. Mais, j’ai préféré acheter un appareil photo qui me fait voyager aujourd’hui. J’ai acheté cet appareil pour m’exercer dans la photographie et peut-être qu’un jour, je pourrai m’offrir plus qu’un véhicule.

Quelles sont les qualités d’un bon photographe ?

Un bon photographe doit être une référence en matière de qualité d’images qu’il produit. En d’autres termes, le bon photographe doit être curieux, créatif, discret, patient, perfectionniste et surtout avoir un bon réflexe et la confiance en soi.

Quels sont vos rapports avec les autres photographes quand on sait que le métier séduit de plus en plus de jeunes ?

Avec les autres photographes, les rapports sont bons et on échange le plus souvent pour partager nos expériences.

Au Portugal, le photographe burkinabè a immortalisé le passage du pape François lors de la journée mondiale de la jeunesse

Exercez-vous d’autres activités en plus de la photographie ?

En plus de la photographie, j’ai ma petite entreprise de tapisserie-menuiserie et de peinture où je bosse quand j’ai des commandes.

Beaucoup vous ont découvert pendant la CAN 2022. Depuis les gradins, vous avez pris les clichés. Comment vous êtes-vous retrouvé au Cameroun ?

A l’approche de la CAN, j’ai fait une demande auprès du ministre des sports à l’époque. Il m’avait dit que la liste était déjà arrêtée, mais de rester à l’écoute et que si toutefois quelques-uns désistaient il me ferait signe. C’est donc trois jours avant le départ qu’on m’a fait signe que je pourrai être dans la délégation qui s’y rendait. Arrivé au Cameroun, je n’avais pas d’accréditation pour faire les photos. Je me suis débrouillé avec le soutien de certains supporters pour avoir accès au stade avec mon appareil. Vous ne pouvez pas imaginer combien de fois la sécurité m’a éjecté du stade.

Pourquoi n’avez-vous pas eu d’accréditation ?

Je n’ai pas eu d’accréditation parce que la demande n’a pas été faite à temps.

Avez-vous déjà approché la Fédération burkinabè de football pour leur proposer vos services ?

A mon retour de la CAN au Cameroun, j’ai imprimé 200 photos dont 100 pour le ministère des sports et 100 pour la Fédération burkinabè de football dans le but de leur montrer la qualité des images que j’ai produit et le sérieux que je mets dans mon travail. Après cela, j’ai déposé une demande auprès de la FBF afin de signer un contrat. Mais jusque-là, je n’ai pas eu de retour. Cependant, s’il y a des matchs ils sollicitent mes images pour alimenter leur page. A maintes reprises, j’ai déposé des demandes à la FBF et au ministère des Sports pour prendre part aux matchs à l’extérieur. Mais c’est resté sans réponse.

Va-t-on vous voir à la Coupe du monde des U17 en novembre 2023 en Indonésie ?

C’est comme je l’avais dit sur ma page Facebook. Ce serait un énorme plaisir d’être auprès de mes jeunes frères à la Coupe du monde U17 pour les soutenir et valoriser mon pays à travers mes images. Je profite encore de l’occasion pour faire appel aux bonnes volontés de m’aider dans ce sens.

En juin dernier, plusieurs internautes ont appelé à vous soutenir afin de vous permettre d’acheter un objectif Canon 400mm. Où en êtes-vous avec cette opération ? Avez-vous eu gain de cause ?

Un jour, j’ai fait une publication sur ma page Facebook pour dire que j’aimerais prendre part à la coupe du monde U17 avec cet objectif 400mm. J’ai donné les références de l’objectif. Après, un influenceur du nom de August Zemba, un ami, a partagé la publication sur sa page Facebook. Il a même ajouté mes contacts demandant aux bonnes volontés de me soutenir. Figurez-vous qu’à l’heure actuelle, je n’ai rien reçu. Zéro franc. (Rires). Beaucoup ont partagé ma publication, mais rien jusqu’à présent. Tout est grâce. C’est vrai que j’ai un budget, mais il est insuffisant pour acquérir cet objectif. Il est disponible en France en seconde main au prix de 6 500 000 F CFA alors que le neuf coûte 9 millions de francs CFA. J’ai foi que je l’aurai. Au Burkina, nous avons des bienfaiteurs et j’ai foi qu’un jour ça va aller.

Bruno Kiemtoré en mode Faso Dan Fani

Vous êtes nommé aux Oscars de la photographie. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Il y a une dame, Evelyne, qui m’a envoyé le lien d’inscription me demandant de remplir le formulaire. Après, ils ont fait une sélection. Je crois que nous étions plus de 400 personnes et après sélection, mon dossier a été retenu. Si je gagne ce prix, cela pourrait me donner beaucoup d’opportunités dans la photographie. Je rêve de la première place.

Quelles sont vos perspectives dans le domaine de la photo ?

Actuellement, je souhaite acquérir du nouveau matériel. Je rêve aussi d’être le photographe d’une grande équipe sur le plan national et international.

Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui veulent embrasser le métier de photographe ?

A mes jeunes frères, en photographie comme dans tout autre métier, il faut avoir de l’amour pour ce que tu fais et avoir un sens élevé de la responsabilité.
Aussi, il faut choisir le genre photographique qu’on désire pratiquer puisqu’il y a plusieurs disciplines, styles dans la photographie (photographie de mode, nature morte, mariage, sport, macrophotographie, etc.)

Un mot de fin à l’occasion de la journée mondiale de la photographie ?

Je vous remercie pour cette interview que vous m’avez accordée. J’implore le Tout-puissant de m’inspirer davantage et surtout de ramener la paix dans tout le Burkina Faso afin que nous partagions notre monde avec le Monde. Je remercie également le journaliste qui me permet d’être avec eux souvent au stade. Grand merci à vous les frères. Bonne célébration à tous les photographes du monde entier.

Propos recueillis par Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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