LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Burkina/Éducation : Les syndicats veulent lancer une souscription pour témoigner leur solidarité aux PDI

Publié le vendredi 4 août 2023 à 10h15min

PARTAGER :                          
Burkina/Éducation : Les syndicats veulent lancer une souscription pour témoigner leur solidarité aux PDI

Dans cette déclaration finale rendue publique le 29 juillet 2023, les représentants de la CGTB, F-SYNTER et la CNEC ont interpelé le gouvernement sur l’importance de doter l’enseignement supérieur de moyens conséquents et que des solutions urgentes soient trouvées aux problèmes soulevés. Ils appellent également leurs membres à se mobiliser pour témoigner leur solidarité envers les personnes déplacées internes à travers une souscription qui sera lancée à cet effet. L’intégralité des décisions prises dans la suite de la déclaration.

Confédération Générale du Travail du Burkina (CGTB)

Fédération des Syndicats Nationaux des Travailleurs de l’Éducation et de la Recherche (F-SYNTER)

Coordination Nationale des Enseignants-Chercheurs et des Chercheurs (CNEC)

Déclaration finale de la rencontre nationale du 29 juillet 2023

La Coordination nationale des enseignants-chercheurs et des chercheurs de la F-SYNTER a tenu le 29 juillet 2023, à Ouagadougou, une rencontre nationale afin de faire le bilan des activités syndicales de l’année et dégager des perspectives dans le contexte de crise sécuritaire que traverse notre pays, crise qui n’épargne évidemment pas le secteur de l’éducation en général et celui de l’enseignement supérieur et de la recherche en particulier.

Etaient présents à cette rencontre outre le bureau de la Coordination, les représentants des comités et sous-comités des universités et centres universitaires publiques ainsi que ceux du CNRST.

La rencontre a examiné la situation politique internationale, nationale et au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche et la vie interne de la CNEC.

Au niveau international, la situation reste marquée par l’approfondissement de la crise du système capitaliste impérialiste dont l’une des manifestations concrètes est la guerre en Ukraine qui oppose la Russie impérialiste d’un côté et l’impérialisme américain et ses alliés européens de l’autre. Cette guerre est porteuse de conséquences néfastes et de menaces graves pour la paix dans le monde.

Au plan national, notre pays, le Burkina Faso, fait face à une crise sécuritaire sans précèdent depuis 8 ans maintenant. Il subit des attaques répétées de groupes armés terroristes (GAT) qui tuent, violent, volent et occupent aujourd’hui près de 40 % de notre territoire national. Les tueries répétées de civils (dont les auteurs ne sont pas toujours identifiés), des éléments des forces de défense et de sécurité (FDS) ou des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), le ciblage de groupes ethniques, etc. ont installé notre pays dans une guerre civile réactionnaire, avec des conséquences désastreuses sur le plan humanitaire avec plus de 2 millions de déplacés internes. Cette situation a conduit à une crise politique, économique et sociale majeures ayant conduit à deux coups d’État en l’espace de huit mois.

Les débats au cours de cette rencontre nationale ont montré que, malgré la situation difficile, notre peuple peut trouver les voies et moyens pour faire face à l’hydre terroriste. Ils ont aussi montré que le putschisme est par essence contre-révolutionnaire en ce qu’il retarde les conditions subjectives de l’avènement de la révolution en créant l’illusion qu’un groupe de militaires vus comme des messies peut résoudre les problèmes qui nous assaillent. Aucun coup d’Etat ne peut résoudre fondamentalement les problèmes de notre peuple. Notre peuple doit comprendre aussi qu’il ne peut s’appuyer sur un pays impérialiste comme la Russie pour combattre un autre en l’occurrence la France.

Notre destin se trouve entre nos mains. De plus, depuis son avènement, le MPSR2 ne semble pas avoir de vision politique, économique et sociale cohérente ni même affirmée. Malgré l’acquisition de nouvelles armes et les attaques de drones montrées quotidiennement à la télévision, des zones entières de notre pays continuent d’être sous l’emprise des GAT et rien ne semble attester que des zones sont reconquises et que des populations retournent dans leurs localités d’origine.

Les participants à la Rencontre se sont inquiétés que le pouvoir du MPSR2, au nom de la lutte contre le terrorisme, ait encouragé la division des citoyens en patriotes et en apatrides entrainant une recrudescence des discours haineux, des menaces de mort voire des agressions et enlèvements contre des citoyens critiques de la gestion de la crise sécuritaire et/ou de la gouvernance. Ils s’inquiètent particulièrement des accusations laissant penser que des groupes proches du pouvoir ou en tout cas non inquiétés par celui-ci procéderaient, en dehors du système judiciaire, à l’élimination ciblée de citoyens soupçonnés de connivence avec les GAT ou participeraient à certains massacres.

La CNEC presse le gouvernement de faire la lumière sur de telles accusations.

Au niveau du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), des sites universitaires et des centres de recherche ont été la cible d’actes terroristes (Ouahigouya, Dédougou, Fada N’Gourma) ou ont dû fermer (CU Dori, Stations de Di et de Dori,..) ou ont été contraints de délocaliser entravant ou ralentissant le déroulement des activités académiques et de recherche. Les représentants des universités de Dédougou, de Ouahigouya et du CUP de Dori ont donné des témoignages sur la situation sécuritaire difficile dans laquelle ils doivent travailler et vivre. A ce jour, le gouvernement ne propose aucune solution pour les étudiants déplacés internes (EDI). Pire, faisant fi de la sécurité des étudiants et des enseignants, le MESRI tente de forcer les universités de Fada et de Ouahigouya à retourner dans des sites non sécurisés pour donner l’impression d’un retour à la normale.

En matière de vision pour l’enseignement supérieur, le pouvoir du MPSR2 s’inscrit en droite ligne de ses prédécesseurs en appliquant les mêmes orientations édictées par les institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, …). Prétextant l’insuffisance de ressources financières et leur orientation prioritaire vers la lutte militaire contre le terrorisme, le secteur de l’ESR se contente du strict minimum pour exister. Les budgets de fonctionnement de la plupart des institutions d’enseignement supérieur et de recherche (IESR) ont baissé malgré des besoins croissants alors que le Chef de l’Etat lui-même demande IESR de trouver des solutions endogènes pour le développement du pays. Les IESR sont incapables de faire face aux simples factures d’eau et d’électricité et on ne parle même pas de financement interne de la recherche.

Devant le manque criard d’infrastructures pédagogiques et de recherche, le gouvernement veut embarquer une fois de plus l’enseignement supérieur dans une aventure sans lendemain avec l’orientation dès la rentrée 2023-2024 de 10 000 bacheliers à l’université virtuelle. Nous aurons finalement nos étudiants intra-muros et extra-muros théorisés au début des années 2000. C’est comme si le gouvernement n’avait pas tiré des leçons de l’imposition calamiteuse du LMD dans nos universités et qui entraine, aujourd’hui, des retards académiques pouvant atteindre 24 mois. Dans le contexte actuel de la mauvaise qualité de la connexion internet et du renchérissement des coûts de la communication, ce sont les enfants du peuple qui seront encore envoyés à l’abattoir.

Sur le plan de la gouvernance démocratique, le pouvoir du MPSR2 rechigne à accepter l’élection des premiers responsables des IESR alors que le corps électoral pour l’élection des directeurs d’UFR et d’Instituts ne reflète pas la représentativité des différents corps qui composent nos IESR.

Sur le plan social, plusieurs catégories de travailleurs (permanents du CNRST, personnel ATOS, …) continuent de voir leurs carrières bloquées par des textes iniques ou par une absence de plans de carrières. On note également une dette sociale toujours importante dans certaines IESR, l’instauration de prélèvements indus sur certains revenus d’activités, l’imposition de nouvelles charges sur le dos des enseignants et chercheurs (frais de publication des documents de vulgarisation et dans les revues locales, etc.), velléités de remise en cause de certains acquis (voyages d’études, primes de participation à la recherche, etc.).

Dans le contexte actuel de lutte contre les forces du mal, nous étions en droit d’attendre du pouvoir du MPSR2 des efforts importants pour répondre à ces préoccupations afin que le secteur de l’ESR soit en situation de contribuer efficacement à faire barrage à l’obscurantisme qui guette notre pays. En effet, le secteur de l’ESR dispose du potentiel pour travailler à éloigner la jeunesse des groupes terroristes, tout en contribuant à trouver des solutions de long terme pour le développement du pays, encore faut-il qu’on lui donne les moyens.

La rencontre nationale de la coordination CNEC/F SYNTER interpelle le gouvernement afin que l’enseignement supérieur et la recherche soient dotés de moyens conséquents et que des solutions urgentes soient trouvées aux problèmes soulevés.

La rencontre nationale de la coordination CNEC / FSYNTER lance un appel à l’ensemble des travailleurs de l’enseignement supérieur et de la recherche :

-  A une grande mobilisation pour l’amélioration de nos conditions de vie et de travail et pour des universités et centres de recherche de qualité ;

-  A renforcer l’unité d’action avec l’ensemble des travailleurs pour faire face aux dérives liberticides et pour lutter contre la vie chère ;

-  A se mobiliser pour témoigner leur solidarité envers les personnes déplacées internes. Une souscription sera lancée à cet effet par la CNEC.

Pain et Liberté pour le Peuple !

Ouagadougou le 29 juillet 2023.

La 1ère rencontre nationale de la CNEC.

PARTAGER :                              

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique