Le 31 juillet 2023, nous nous rendions très tôt le matin pour une mission à l’intérieur du pays. Aux environs de 5h, elles étaient déjà là. Cette armée en charge d’assurer la propreté dans la ville de Ouagadougou. Tout au long du trajet, nous les avons vues, avec les "armes" à la main (pour parler des balais qu’elles utilisent), abaissées, avec leurs tenues vertes distinctives. Ces images ont été un élément déclencheur. Combien sommes-nous à prendre conscience du travail gigantesque opéré par ces « héroïnes de la propreté » ?

Lorsque la majorité des Ouagavillois emprunte la route quotidiennement, ils ignorent peut-être que ces femmes sont passées par là. Elles sont tellement matinales... Malheureusement, cela les expose davantage. Des lâches sans foi ni loi, qui au lieu de les voir comme des mères, des sœurs, des tantes, des filles, des amies, des cousines, bref, l’autre moitié du ciel y voient une opportunité pour les agresser. Même si nous ne disposons d’aucune statistique, des articles de presse et des témoignages anonymes font cas d’agressions physiques et sexuelles que certaines d’entre elles subissent. La dernière agression physique en date remonte au mardi 25 juillet 2023 où le corps sans vie d’une travailleuse de la Brigade verte a été retrouvé au quartier Tanghin de Ouagadougou.

De la nécessité de les protéger

Et pourtant, ces braves dames sont généralement des mères de famille qui luttent quotidiennement pour assurer l’avenir de leurs enfants, même la peur au ventre lorsqu’elles se voient obligées de sortir très tôt le matin pour se rendre au travail. Ce boulot périlleux qui fait de la capitale du cinéma, une ville propre, même si c’est le temps d’une journée.

À vous, héroïnes oubliées, nous souhaitons vous rendre un vibrant hommage. Nous n’allons pas faire preuve de naïveté en pensant que ce petit texte pourra changer vos conditions. Mais nous souhaitons tout simplement vous dire « barka » (merci en mooré) pour les efforts consentis. Vous êtes à l’image de la femme africaine et burkinabè en particulier. Vous êtes des battantes, nos modèles, nous vous aimons. Nous sommes reconnaissants du travail que vous abattez au quotidien.

Que ce sacrifice porte un jour ces fruits. C’était là un petit clin d’œil à nos « Yaaba » (grande mère) et « M’man » (maman) en langue Mooré. Nous interpellons par ailleurs la mairie de Ouagadougou, les autorités, les associations de défense des droits des femmes et les partenaires techniques et financiers du Burkina Faso. Il est nécessaire de mener la réflexion afin de trouver des mécanismes pour mieux protéger les femmes de la Brigade verte déjà trop exposées. Il est insoutenable de savoir que certaines sont victimes d’agressions alors qu’elles sont les déesses de la propreté de notre cité. Des experts pourraient par exemple tenter de trouver des pistes pour alléger leurs souffrances. Il est peut-être faisable d’envisager de mettre à leur disposition, des transports en commun.

Samirah Bationo
Lefaso.net