Depuis le mois de juin, le Burkina Faso est entré de plain-pied dans la saison pluvieuse. Une période d’angoisses et de craintes pour beaucoup d’usagers. À Rimkieta, une partie de la route qui mène à ce quartier présente un état calamiteux. « Nids de poule », « boue », « voies inondées » ... la liste des embuches est longue. Cette situation est souvent même à la base de certains embouteillages et accidents. Aminata Ilboudo est une habituée de cette voie.

Elle nous raconte son calvaire de tous les jours : « souvent, nous sommes obligés de pousser nos motos pour pouvoir passer. C’est pour dire à quel point la situation est déplorable. A défaut de reprendre le goudron, ils peuvent boucher les nids de poules pour faciliter la circulation ». Clarisse Traoré est propriétaire d’une boutique située aux abords de la voie. En cette matinée du 21 juillet 2023, elle a le visage morose. La raison ? L’état de la route qui impacte négativement sur son activité.

Clarisse Traoré

« En quelques jours, j’ai perdu une grande partie de ma clientèle à cause de l’état de la voie », déplore-elle. Avant de faire cette confidence : « Nous veillons à l’entretien de la devanture de notre boutique à nos propres frais mais à chaque saison de pluie, c’est la désolation. Il n’y a pas de passage d’eau. Ici, on a l’impression d’être en présence d’un barrage alors qu’il s’agit de l’état d’une voie après le passage de la pluie. Nous payons les impôts mais notre situation laisse à désirer ». Mme Traoré fonde l’espoir que cela sera rectifié avec le temps pour une justice sociale dans cette partie de Ouagadougou à l’instar d’autres quartiers.

Harouna Sawadogo, spécialisé dans la vente des téléphones portables

L’eau qui stagne de part et d’autre empêche également l’accès à la boutique de Harouna Sawadogo, spécialisé dans la vente des téléphones portables et divers autres services. Et pour contrer le mal, il a déposé une dalle pouvant servir de rampe. Il a aussi creusé un passage de fortune pour l’eau de ruissellement. De son côté, l’usager Issa est partagé entre colère et résignation. « Nos véhicules s’embourbent par moment avec le lot de dépenses que cela engendre. Ce n’est pas facile », a-t-il lâché, impuissant face à cette situation.

Contrairement à ce dernier, d’autres concitoyens préfèrent emprunter les "six mètres" pour pourvoir rallier la grande voie. Là aussi, la tâche s’avère fastidieuse en l’absence de caniveaux d’évacuation d’eau. Ce parcours est aussi coûteux en carburant.
Comme chaque année, des promesses sont faites mais point de réalisation. « Le cri de cœur, c’est de demander encore et encore à la mairie de faire des travaux pour régler la situation qui se répète chaque année pour permettre aux gens de mener à bien leurs activités », a plaidé le photographe professionnel, Abdoul-Razac Zoundi qui réside dans le quartier depuis cinq ans.

Abdoul-Razac Zoundi, photographe professionnel

Pour lui, il ne s’agit pas de boucher les nids de poules du bitume mais de refaire les routes en dégradation, de songer à les élargir parce que la ville s’agrandit et de réaliser des infrastructures routières durables. Si rien n’est fait, prévient-il, cette route ne sera plus praticable. Mais en attendant, des habitants ont déjà entrepris des travaux d’entretien pour désengorger certains axes.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net