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Santé : Des chirurgiens burkinabè et français au chevet des “enfants du noma”

Publié le lundi 6 février 2006 à 08h00min

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Mlle Nikiéma, 18 ans, atteinte d’hypertrophie mammaire

Le Centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles-de- Gaulle de Ouagadougou (CHU-CDG) accueille du 4 au 15 février une équipe médicale française spécialisée dans la réparation des séquelles du noma. Ces médecins sont venus aider leurs homologues burkinabè à opérer des enfants qui souffrent de cette maladie dans notre pays.

L’opération concerne une trentaine d’enfants venus de plusieurs districts sanitaires du pays.

Issus pour la plupart de familles modestes, ils souffrent depuis des années du noma et vont enfin avoir à leur chevet des spécialistes de la maladie.

Infection qui provoque une gangrène pouvant entraîner la destruction des os et les parties molles de la face, le noma engendre les séquelles généralement mutilantes. Elles demandent la plupart du temps des interventions chirurgicales très complexes. C’est à cet exercice auquel vont s’attaquer les spécialistes Français et Burkinabè du 4 au 15 février 2006 à l’hôpital Pédiatrique Charles-de-Gaulle.

Le Dr Philippe Bellity, chirugien-plasticien, le Pr Cottaborda, chirurgien spécialisé en orthopédie pédiatrique au Centre hospitalier universitaire pédiatrique de Saint-Etienne (CHUP-St-Etienne). Celui-ci s’occupera également des maladies d’origines congénitales, infectieuses et traumatiques. Quant au Pr Seguin, il s’attellera à régler les problèmes de chirurgie mascino-faciale dont il en est spécialiste.

Le Pr Wandaogo, chirurgien infantile au CHUP-CDG et son collègue de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, le Pr Ouoba participeront chacun selon son expertise à libérer ces enfants des souffrances qu’ils endurent depuis des mois, voire des années. L’équipe burkinabè est complétée par le Dr Coste, assistant technique à la coopération belge au Burkina Faso. Le kinésithérapeute, Dr Salif Gandéma, par ailleurs président de l’Association des kinésithérapeutes de l’Afrique de l’Ouest (AMBKAR) est chargé d’assurer la rééducation des patients après les opérations au niveau du Centre national d’appareillage et d’orthopédie du Burkina (CNAOB).

Outre les opérations chirurgicales, l’équipe médicale française compte partager son savoir et savoir-faire avec les médecins burkinabè afin que le relais soit assuré et que ce type d’intervention soit inscrit dans la durée pour le bien-être des malades burkinabè.

Fruit de la coopération entre le ministère de la Santé et l’ambassade de France au Burkina, cette opération à laquelle bénéficie gracieusement les enfants malades de notre pays est supportée financièrement par le CHUP-CDG, l’ambassade de France, des associations locales pour la santé de l’enfant et l’Association « Enfant du noma » du Dr Bellity. Le Dr Bellity a pris en charge le transport et le séjour de l’équipe médicale française ainsi que le matériel et les consommables médicaux.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)


Qu’est-ce que le noma ?

Le noma ou « cancrum oris » dérive du Grec « nomein » qui signifie dévorer. C’est une affection gangreneuse qui débute par une lésion bénigne de la bouche, puis détruit rapidement les tissus mou et dur de la bouche et du visage.

Il est généralement observé chez le petit enfant de six (6) mois à huit (8) ans de la zone Soudano-sahélienne. C’est une maladie de la pauvreté. Elle attaque, « les pauvres parmi les plus pauvres », pour reprendre la formule du président de la Banque mondiale, M. Paul Wolfowitz. On le considère ainsi parce que le noma résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs allant de la malnutrition aux maladies infectieuses tels que la rougeole, les infections herpétiques, la fièvre typhoïde, le paludisme ou encore les parasitoses intestinales, ...dans les suites desquels il s’installe. Les enfants malnutris, carencés et polyparasités constituent le groupe à plus haut risque. Il existe un consensus chez les spécialistes pour reconnaître le rôle initiateur d’une infection gingivale. La flore microbienne qui se développe par la suite comprend des germes aérobies-anaérobies saprophytes de la cavité buccale.

La maladie est répandue dans 53 pays, tous situés dans la zone intertropicale. Mais le « cancrum oris » ne touche pas que le continent africain qui est totalement concerné, il touche des pays comme l’Inde et une partie de l’Amérique latine. L’OMS évalue à 200 000 le nombre de cas de noma recensé par an avec une forte mortalité estimée à 80%.

Rarement le noma attaque une personne adulte même s’il a été observé dans les camps de concentration nazis et aujourd’hui chez des personnes infectées par le VIH (PVVIH). Ce dernier constat s’explique simplement par l’immunodéficiennce des malades du Sida.

Généralement soigné par traitement chirurgical en cas d’aggravation, cette étape vise à rétablir la fonction et autant que faire se peut, l’esthétique. Il consiste alors à lever les constrictions permanentes des mâchoires pour restituer la fonction masticatrice, et, d’autre part, à traiter les pertes de substances, en particulier par des autoplasties simples ne demandant pas d’hospitalisations prolongées ni de temps opératoires secondaires. La survie des patients se fait pourtant au prix de séquelles fonctionnelles et esthétiques redoutables. On peut guérir du noma si l’on si prend tôt. En effet, si la maladie est détectée à temps, des soins médicaux simples et peu coûteux peuvent être administrés pour arrêter son évolution et éviter ainsi la défiguration des victimes. Mieux, le noma peut être évité.

R. O. H
Sidwaya

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