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75 ans du Pasteur Jean Zida : Célébration d’un homme de foi et d’action

Publié le vendredi 12 mai 2023 à 16h54min

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75 ans du Pasteur Jean Zida : Célébration d’un homme de foi et d’action

Les fidèles du Mouvement des Eglises évangéliques de Réveil des Assemblées de Dieu de Lausanne ont célébré les soixante-quinze ans du Pasteur Jean ZIDA. C’était à Lausanne, dans le Canton de Vaud, le dimanche 16 avril 2023.

Ce dimanche 16 avril, printanier et glacial, marquait le 75ème anniversaire du Pasteur Jean Zida, ce fils du Burkina Faso, natif de Boulsa, dans la province du Namentenga, (Région du Centre-Nord).

C’est au 9, Chemin du Croset, à Ecublens, à l’Ouest de Lausanne, que les fidèles ont tenu à marquer d’une pierre blanche cette journée spéciale. Dans la chaleur du Centre chrétien EKKLESIA, prière, louange, adoration, et action de grâce au Seigneur ont jalonné ces heures de communion spirituelle. « Jour inoubliable. » pour la « vedette » du jour.

Le Pasteur Jean ZIDA et son épouse étaient entourés de nombreux confrères et représentants d’Eglises partenaires, à Lausanne, au Burkina et en Europe. Famille, amis, fidèles, ont également fait le déplacement pour vivre l’événement suivi en virtuel, grâce à la magie de l’intelligence artificielle.

La surprise concoctée par le comité d’organisation se voulait être à la taille de celui que la communauté nomme patriarche. « Une surprise agréable pour moi », apprécie humblement l’homme dont l’œuvre avant-gardiste, la perspicacité, le courage, la persévérance et l’humanisme seront salués tout au long du culte. Voir et percevoir autant de ferveur et de joie manifestes de toute l’assemblée était plus que touchant, s’est ému le sexagénaire. « Pouvoir vivre cette communion avec tout ce monde, partager ces moments de souvenirs, de témoignages, d’action de grâces, c’est quelque chose qui restera gravé. ».

Sur l’autel, comme par vidéo et visio-conférence (pour ceux qui sont intervenus à distance), les témoignages des uns et des autres ont salué les qualités multiformes de l’homme de Dieu, le charisme du rassembleur, le rayonnement de son ministère. Alternant jubilation et recueillement, la cérémonie a aussi mis en exergue les expressions de reconnaissance et de gratitude de tous. Le parcours missionnaire, l’image du père spirituel et mentor, l’action sociale et humanitaire de ce burkinabè qui a étendu ses dimensions à toute l’Afrique et à l’Europe, sont exaltés.

Devoir d’évangéliser et d’impacter culturellement son environnement

C’est après des études supérieures en théologie à Lomé (au Togo) puis en Angleterre et un parcours à l’institut universitaire de développement à Genève, que le jeune Zida s’installe à Lausanne, en Suisse, dans les années 75-76. Missionnaire de l’Eglise des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, il venait initialement donner un coup de main à l’Alliance missionnaire internationale (AMI). « A l’époque, l’Eglise m’a demandé de venir appuyer l’Alliance Missionnaire Internationale (AMI) », ONG suisse qui met en œuvre des projets au Burkina Faso, au profit des populations défavorisées.

A cette mission se greffe, sans attendre, son pendant sacerdotal qui va évoluer rapidement vers la mise en place d’églises africaines dans la capitale vaudoise. En la matière, le pasteur Jean ZIDA est pionnier et nombreuses sont les raisons qui l’ont motivé. Le devoir d’évangéliser et le défi d’impacter culturellement son environnement, moteur essentiel.

Le suisse vaudois, vit pleinement de ses racines africaines et burkinabè. Malgré « le privilège d’être accueilli à Lausanne où j’ai pu collaborer avec les Eglises réformées, sans exception, j’étais accueilli pour me recueillir, pour prêcher et communier avec les autres… » il fallait un petit plus pour bien ancrer les frères africains dans leur spiritualité : les ambiances de la chrétienté africaine, qui ne trouvent pas leur répondant dans l’Eglise réformée suisse.

Il ouvre une première église africaine au cœur de la capitale vaudoise, à une époque où « il n’existait pas d’Eglise réunissant des africains ». D’ailleurs, « les noirs étaient encore une curiosité » en terre vaudoise. En ce milieu des années 70, les africains sont peu nombreux dans la contrée. De plus, ceux qui vont être ses premiers fidèles sont généralement des requérants d’asile venant de pays africains, particulièrement, du Congo de l’ère Mobutu.

Le Pasteur en garde encore le souvenir déchirant de situations difficiles, la vision d’hommes et de femmes déchus de l’espoir, bien ténu, de bénéficier du droit d’asile et à qui il faut, le cas échéant, tout un accompagnement mental, moral et spirituel. « Vous commencez à vous habituer à quelqu’un et du jour au lendemain on vous annonce que la personne a reçu l’ordre de quitter le territoire, parce que sa demande d’asile n’a pas été acceptée… »

A cette époque, se souvient-il aussi, le burkinabè était une « espèce rare ». Tahirou KOMI, actuel Président du Conseil Supérieur des burkinabè de l’étranger (CSBE), section Suisse, est l’unique compatriote qu’il lui est donné de rencontrer. Avec ce dernier, étudiant à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL ), il noue des liens d’amitié et de fraternité que les années n’ont pas effacés. Le témoignage de Monsieur KOMI mentionnera ce fait remarquable.

Un bilan satisfaisant pour le patriarche

La communauté s’est depuis agrandie. Elle est composée de personnes issues d’environ 27 pays du monde, y compris des Européens. La première église a donné naissance à trois autres, dont le Centre chrétien EKKLESIA partage la flamme et la vivacité au sein du Mouvement des églises de réveil des Assemblées de Dieu. « Il y a cinq à six personnes qui sont parties de notre sein en tant que pasteurs et qui servent dans les églises partenaires ». De quoi combler un bilan d’environ quarante années d’une vie consacrée au spirituel et à l’humanitaire.

Le patriarche a su conjuguer ces deux sphères, pour contribuer à soulager et donner de l’espoir aux plus démunis. De ce prolongement de son engagement pastoral, Jean ZIDA tire une légitime satisfaction. Les interventions de l’ONG AMI au Burkina Faso se comptabilisent en complexes socio-sanitaires et scolaires, dont des orphelinats à Bobo, à Kaya, à Boulsa, à Fada N’Gourma ; des dispensaires, des écoles primaires et secondaires.

« Nous avons, à ce jour quatre orphelinats : l’Oasis des enfants à Kaya (Province du Sanmatenga), la Cité des enfants à Boulsa, dans la Province du Namentenga (Région du Centre-Nord) ; Le Nid à Bobo-Dioulasso (Province du Houet) dans la Région des Hauts-Bassins, le Centre des enfants orphelins à Fada (Province du Gourma), dans la région de l’Est », explique le technicien en développement.

Les orphelinats sont dotés de structures médicales, en vue d’une prise en charge adéquate des pensionnaires et aussi pour un accompagnement des populations. « Quand on accueille un enfant, qu’il soit bien portant, malade ou malnutri, il faut une prise en charge particulière, il faut mettre en place des compétences et tout un dispositif, pour le prendre en charge et par la suite, assurer sa scolarisation ».
A l’exemple du complexe de Bobo qui compte un dispensaire, une maternité, celui de Fada N’Gourma est doté d’un dispensaire, d’écoles primaire et secondaire. AMI travaille même à doter certains de ses centres d’accueil des enfants, de cadres de production agricole, en vue de mieux les autonomiser.

La crise sécuritaire et humanitaire que traverse le Burkina Faso s’est inscrite dans les interventions de AMI. « Nous sommes directement touchés par la misère et les souffrances qui frappent les populations. Nous travaillons, à travers AMI, à apporter notre contribution au soulagement des populations touchées. ». L’ONG a apporté son aide, entre autres, aux personnes déplacées internes (PDI) à Kaya, à Boulsa, à Fada N’Gourma.

Du haut de ses 75 ans de vie et de la quarantaine d’années d’expérience pastorale, le ministre du culte sait transcender la perte de foi et de zèle missionnaire de ses contemporains. Mieux l’homme se réjouit du zèle que gardent nombre de fidèles, dans un contexte où la foi en Dieu « cède le pas à la distraction, à la poursuite du dieu argent ». « Ce zèle-là, avec l’œuvre de l’esprit Saint, porte. Partout dans les Eglises, vous trouvez des gens qui manifestent avec vivacité leur spiritualité, qui expriment ce besoin de vivre avec Dieu. Je prie que cela ne disparaisse jamais. »

Tout en saluant la résilience donnée à l’humain, dans le chaos, Jean ZIDA invoque les Cieux « pour que la lutte des autorités et des composantes de la nation burkinabè porte ses fruits, afin que la paix revienne. Nous prions pour qu’il y ait une vraie réconciliation, qu’on retrouve le Burkina d’antan, pour continuer à vivre ensemble. », conclut le patriarche.

Maria SOMPOUGDOU

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