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Potagers à domicile : Quand la passion touche de nombreux Ouagalais

Publié le lundi 17 avril 2023 à 22h13min

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Potagers à domicile : Quand la passion touche de nombreux Ouagalais

Ils sont de plus en plus nombreux, les Ouagalais qui décident de mettre en place un potager dans leur domicile. Pour certains, cette envie de cultiver soi-même ses légumes traduit le besoin de manger sain afin de préserver sa santé, mais aussi de faire des économies. Il existe même un groupe Facebook où amateurs et professionnels du jardinage se retrouvent pour partager leurs expériences et s’entraider. Zoom sur une passion qui touche de plus en plus de personnes.

Il est un peu plus de 9h, ce samedi, lorsque nous arrivons au domicile Karim Yabré au quartier Tampouy de Ouagadougou. Dans cette cour commune, ce gestionnaire des ressources humaines a réussi à caser un potager hors-sol. Il y fait pousser des tomates, différentes sortes de choux, des plantes aromatiques comme le persil, le céleri, l’aneth, le thym, la verveine, la ciboulette, la menthe et autres. On y aperçoit aussi de la laitue, des concombres… M. Yabré estime avoir toujours eu la main verte. Malgré l’étroitesse de la cour, il ne se voyait pas vivre sans verdure.

C’est ainsi qu’il a débuté son potager qui lui permet de se nourrir avec des légumes bio et moins chers. Ne lui revient-il pas plus cher de faire pousser ses légumes ? A cette question, il est catégorique : faire pousser ses légumes revient bien moins cher, parce que sa facture d’eau est raisonnable et que la santé n’a pas de prix. « Pour l’installation, il faut acheter des pots, de la terre, du compost, parce que c’est en hors-sol. Mais une fois que l’installation est faite, il n’y a pas vraiment de coût. L’arrosage n’ajoute pas grand-chose à ma facture », dit-il.

Un groupe Facebook pour les amateurs de jardinage

Abraham Diao est lui aussi un passionné de plantes. Chez lui à domicile, le moindre espace est occupé par une plante. Arbres fruitiers, plantes aromatiques, légumes, fleurs, etc. M. Diao a, chez lui, une diversité de plantes. Entre lui et les plantes, c’est une histoire qui dure depuis toujours. Il affirme en effet avoir grandi dans un environnement où il y avait toujours des plantes. Quoi de plus normal de le reproduire chez lui. Avec d’autres personnes, il administre le groupe Facebook « P’tit jardin-potager chez soi. Astuces-conseil ». Un groupe créé en avril 2020 par une dame appelée affectueusement « Tata Adèle ».

Il réunit plus de 100 000 membres des cinq continents ; des professionnels, mais aussi des amateurs autour d’une passion commune, le jardinage. En plus d’aider les jardiniers débutants avec des conseils, le groupe permet également un échange de plantes et de graines entre membres. « J’ai reçu des graines depuis la France, le Togo, mais aussi du Burkina. Nous échangeons des plantes, des conseils entre "jardinis" (nom que les membres du groupe se donnent) », indique M. Diao.

Pas besoin de grands moyens pour créer son potager à domicile

C’est dans le groupe « P’tit jardin-potager chez soi. Astuces-conseil » que nous faisons la connaissance de Barthélémy Koara. Il est maraîcher et vendeur d’outils de jardinage et de semences. Il accompagne également la mise en place de fermes et de potagers à domicile. Au fil des années, M. Koara dit avoir constaté un engouement pour les potagers à domicile. Et pas besoin d’avoir un grand espace. Il suffit d’une petite superficie et il est possible d’aménager un potager hors-sol avec du matériel de récupération (vieux pneus, seaux, cuvettes, bidons). Il faut aussi utiliser de la bonne terre noire et de bonnes semences pour avoir un bon rendement.

Selon Barthélémy Koara, les légumes les plus demandés par les familles sont la tomate, l’aubergine, le concombre, les oignons, le céleri, le persil, l’aubergine africaine ou "koumba".
Pour mettre en place un petit potager à domicile, il n’est pas besoin non plus d’avoir de grands moyens financiers. Avec tout au plus 10 000 francs CFA, il est possible de le faire, foi de M. Koara. « Si c’est juste un petit potager à la maison, cela ne demande pas beaucoup de moyens. Il y a de nombreuses personnes qui veulent le faire mais qui ont peur. Pourtant, dans des récipients usés, des seaux, des cuvettes, des sacs de riz vides, ils peuvent produire tout ce qu’ils veulent. On peut y mettre du gombo, des aubergines, de l’oignon, de la tomate, du chou, etc. », ajoute le maraîcher.

Il y a de nombreux avantages à produire soi-même ses légumes et ce ne sont pas nos maraîchers amateurs ou professionnels qui diront le contraire. Le premier avantage, c’est que l’on mange bio et sain. « Si tu produis à domicile, tu ne vas quand même pas utiliser des produits chimiques et dangereux pour traiter tes plantes, sachant que ta famille et toi allez les consommer », soutient Barthélémy Koara.

Des propos qui rejoignent ceux d’Abraham Diao qui souligne aussi que savoir ce que l’on mange est l’un des principaux avantages de produire ses propres légumes, en plus de retrouver le vrai goût des fruits et légumes. Au-delà de ces aspects, il relève également le coût des fruits et légumes sur le marché qui devient cher à certaines périodes de l’année.

C’est donc pour avoir des fruits et légumes de façon permanente qu’il a eu l’idée de faire son propre potager, mais surtout c’était l’envie d’avoir des fruits et légumes de meilleure qualité à consommer. « Le constat que j’ai fait concerne la qualité des fruits que nous avons sur le marché. J’ai eu à acheter des fruits qui pourrissaient tout de suite. Il y a manifestement quelque chose qui ne va pas. J’ai remarqué aussi qu’avant, quand on achetait des fruits, lorsqu’on les mettait dans la maison, cela embaumait. Mais actuellement vous pouvez acheter une tonne de fruits que vous mettez dans la maison, ça ne dégagera aucune odeur », déplore-t-il.

Il y a également l’aspect « éducatif » qu’on peut relever pour les enfants. Avoir un potager à la maison permet aux enfants d’apprendre à faire pousser et entretenir les légumes.

Les difficultés…

Evidemment, cultiver son potager à la maison demande un peu de travail, surtout si on n’utilise pas de produits chimiques et que, de surcroît, on n’a jamais fait pousser de légumes. Il faut d’abord savoir choisir ses semences et de la bonne terre. « Pour la culture hors-sol, il faut de la bonne terre noire. Si la terre n’est pas bonne, il est difficile d’avoir un bon résultat », indique Barthélémy Koara. L’autre difficulté, c’est aussi de savoir identifier les ravageurs et proposer le traitement bio qui sied. Ce sont d’ailleurs souvent les attaques de ravageurs qui découragent le plus ceux qui décident de faire pousser leurs légumes à domicile.

Abraham Diao, lui également, évoque des contraintes, notamment l’arrosage et bien d’autres difficultés comme la « cohabitation » avec les rongeurs qu’il faut souvent traquer pour qu’ils ne saccagent pas les cultures. « Il y a beaucoup de travail à faire. Moi particulièrement, je suis debout à 5h du matin pour arroser mes plantes avant d’aller au travail, alors que mon jardin n’est pas très grand. Mais avec l’habitude et le temps, on se rend compte que c’est tellement passionnant, que j’ai toujours hâte que le soleil se lève pour que j’aille m’occuper de mes plantes. Je ne peux pas sortir de chez moi sans avoir fait le tour de mes plantes. Ce n’est pas possible, je ne me sentirai pas à l’aise », nous confie-t-il.

Des difficultés et contraintes qui ne suffisent pas à freiner nos passionnés de plantes, qui assurent qu’on apprend de ses erreurs. « Une fois, j’ai utilisé de la fiente de poulet sur mes pieds de menthe. Au lieu de les faire pousser, la fiente a plutôt eu l’effet inverse, celle de tuer la menthe. J’ai depuis lors compris que la fiente de poulet s’utilisait sous certaines conditions », nous explique Karim Yabré.

Le groupe Facebook dont Abraham Diao est l’un des administrateurs, a aussi pour vocation de servir de cadre de partage d’expériences entre jardiniers. Ainsi, ceux qui rencontrent des difficultés avec leurs plantes peuvent poser leurs préoccupations. Et des membres du groupe interviennent pour donner des pistes de solutions en fonction de leurs expériences ou de leurs connaissances, puisque le groupe compte aussi en son sein des agronomes et des maraîchers professionnels.

Tout compte fait, cette dynamique de produire soi-même ses légumes à domicile gagne du terrain et est à encourager. Nos jardiniers invitent d’ailleurs ceux qui hésitent encore, à se lancer dans le jardinage à domicile car les avantages et bienfaits sont nombreux.

Justine Bonkoungou
Photos et vidéos : Auguste Paré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 avril 2023 à 22:36, par TANGA En réponse à : Potagers à domicile : Quand la passion touche de nombreux Ouagalais

    Voilà effectivement une passion qui vue les conditions de notre pays devraient se développer en nécessité.
    En effet, si chacun utilisait la petite portion de sol nu da sa cour pur faire du jardinage, vite fait le pays aura moins de problèmes d’alimentation.
    Enfin savez vous pourquoi le Japon pendant la seconde guerre mondiale n’a pas connu la faim ? Justement par ce que tous faisait du jardinage même sur les balcons. là où il y avait de la terre le jardinage se faisait, aussi dans les pots. Un autre pays où la population aime manger les produits frais naturels, c’est l’Italie. là-bas aussi, ils font du jardinage même sur les balcon.
    Dans no cours, là où il y a de l’espace pour garer deux voitures mais qu’il y a une, alors on peut faire même de la pomme de terre dans des sac et récolter beaucoup ? Ce n’est qu’un exemple. Aux abords de nos terrasse, au lieu de fleurs difficiles à entretenir et qui ne se mangent pas, pire qui pourront peut-être nous donner des problèmes de santé, on peut faire de la tomate, choux, aubergine etc.
    Autre chose de possible : sur un espace de deux (02) mètres sur un, on peut mettre des bidons coupés et y produire de l’herbes pour un mouton (culture hors sol). Alors chaque jour un bidons coupé sera vidé por le mouton et le bidon retournera à la production. Une semaine suffit au contenu d’un bidon pour être assez grand et bon pour le mouton qui avalera jusqu’aux racines (Utilisation de grains d’herbe, de maïs ou de sorgho dans les bidons coupés contenant des sacs mouillés).

  • Le 18 avril 2023 à 09:28, par Le Fou En réponse à : Potagers à domicile : Quand la passion touche de nombreux Ouagalais

    Beau reportage, pouvons nous avoir le contact de Monsieur KOALA ?
    Aussi pour ceux qui ont des animaux domestiques (chiens ou chats), la collaboration n’est elle pas difficile ?

  • Le 18 avril 2023 à 10:06, par koutou En réponse à : Potagers à domicile : Quand la passion touche de nombreux Ouagalais

    comment avoir un numéro d’appel d’un membre pour adhérer car je suis intéressé

  • Le 18 avril 2023 à 10:57, par Abdou En réponse à : Potagers à domicile : Quand la passion touche de nombreux Ouagalais

    C’est vraiment encourageant. C’est une très belle initiative que l’on pourrait amener à l’école. Au lieu de passer le temps à nous plaindre et à accuser les autres, c’est bon de rentrer dans l’action.

  • Le 18 avril 2023 à 21:20, par INani En réponse à : Potagers à domicile : Quand la passion touche de nombreux Ouagalais

    Très beau reportage ! Il ya beaucoup plus d’amateurs de jardinage à domicile que vous ne pouvez l’imaginer. J’en fais partie ! Comment rejoindre ce groupe pour une utilisation optimale du petit espace que j’ai dans ma cour ?

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