Malformations utérines : Un coup dur sur la fertilité de la femme (Pr Charlemagne Ouédraogo)
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Ceci est une tribune du gynécologue obstétricien, Pr Charlemagne Ouédraogo, relative aux malformations utérines dont la forme la plus fréquente est l’utérus cloisonné. Ces malformations peuvent avoir un impact néfaste sur la reproduction. Cependant, lorsqu’elles sont détectées tôt, la prise en charge permet à la femme de bien vivre sa santé sexuelle et reproductive.
« L’utérus est un organe reproducteur important chez la femme. C’est dans l’utérus que bébé va évoluer pendant 9 mois. Le développement du fœtus nécessite un utérus normal. Mais dans la pratique quotidienne d’un gynécologue obstétricien, il n’est pas rare qu’il se retrouve face à des cas de malformations utérines ou vaginales. Ce qui devient problème, parce qu’un utérus qui comporte des anomalies ne peut pas contenir un bébé, encore moins le voir évoluer jusqu’à terme. La découverte de la malformation utérine peut être fortuite lors d’une consultation. La patiente est informée et un protocole de prise en charge est mis en place.
Les malformations utérines sont diverses et restent le plus souvent asymptomatiques. Habituellement, elles sont découvertes lors d’un examen dans un autre but. Une femme ou une adolescente qui vient consulter pour absence de règles, douleurs pelviennes ou douleurs pendant les règles. Une patiente qui présente des fausses couches à répétition, des fausses couches tardives, ou des accouchements prématurés. Une femme qui vient pour un suivi pour infertilité. Ce sont des situations où des malformations utérines peuvent être découvertes.
Parmi les malformations utérines, nous avons l’utérus cloisonné, la malformation utérine la plus fréquente d’ailleurs. Les cloisons résultent d’un défaut de résorption totale ou partielle de la cloison sagittale. Dans ce type de malformation, la morphologie externe de l’utérus est normale.
Lorsqu’il s’agit d’un utérus cloisonné complet, la cloison s’étend au fond utérin jusqu’à l’orifice externe du col. Le vagin est parfois aussi cloisonné. Lorsqu’il s’agit d’un utérus cloisonné subtotal, la cloison ne s’étend pas jusqu’au col. On a aussi les hemi-utérus : l’utérus didelphe ou bicorne bicervial, caractérisé par la présence de deux cornes utérines et de deux cols. L’utérus bicorne unicervical, lui est caractérisé par la présence d’un utérus avec un col et deux cornes.
Il y a aussi les malformations utérines congénitales. On note également l’aplasie ( syndrome de Mayer-Rokitansky-kuuster- Hauser (MRKH) ou l’hypoplasie utérine. Dans ces cas, il y a un obstacle au toucher vaginal et le toucher rectal montre l’absence d’utérus. Ces malformations sont souvent associées à des malformations rénales.
Il faut savoir que la plupart des malformations utérines s’expliquent par un défaut ou un arrêt de développement pendant le processus de formation. Il peut s’agir d’un problème héréditaire, d’une infection intra utérine pendant la grossesse, exposition aux radiations, certains médicaments etc.
On se sert de l’échographie, l’hysteroscopie, la laparoscopie etc.pour faire le bilan des malformations utérines. Les malformations utérines restent asymptomatiques lors d’une grossesse pour certaines femmes. Pour d’autres, elles sont sources de grossesses à risque et de complications obstétricales ou sources d’infertilité.
Toute malformation utérine peut jouer négativement sur la fertilité de la femme : les échecs d’implantation, difficultés pour mener la grossesse à terme etc.
Elles conduisent à des fausses couches, des accouchements difficiles, des accouchements prématurés, une présentation dystocique, un retard de croissance intra utérin, des césariennes.
Il est préconisé de prendre en charge les malformations utérines avant la survenue d’une grossesse. La prise en charge est chirurgicale. Lorsque le diagnostic de la malformation est posé pendant la grossesse, le traitement est juste préventif (repos, surveillance échographie).
Les malformations peuvent avoir un impact néfaste sur la reproduction. Lorsqu’elles sont détectées tôt, la prise en charge permet à la femme de bien vivre sa santé sexuelle et reproductive. »
Pr Charlemagne Ouédraogo
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