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Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

Publié le dimanche 19 mars 2023 à 22h47min

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Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

Le 16 mars 2023 en route pour le tribunal, encore une fois, l’opposant Ousmane Sonko, qui hante les jours et les nuits du pouvoir sénégalais, a été brutalisé et extrait de force de son véhicule par les Forces de défense et de sécurité sénégalaises pour l’emmener devant les juges. Ces brutalités policières ont concerné également son avocat Me Ciré Clédor Ly, qui a été évacué le vendredi 17 mars 2023 en France pour des soins. L’état de santé du leader de l’opposition qui a été aspergé de gaz, est alarmant et préoccupant et le porte-parole de son parti le Pastef demande qu’il soit également envoyé à l’étranger pour des soins.

Des personnalités des mouvements des droits de l’homme comme Alioune Tine ont demandé au président Macky Sall de le faire pour des raisons humanitaires ce samedi 18 mars 2023. La veille de cet accès de brutalité et de tensions, le leader de l’opposition avait tenu un meeting calme et serein dans la banlieue de Dakar des Parcelles assainies, qui a regroupé des milliers de jeunes urbains qui constituent sa base électorale. Tous les observateurs se demandent pourquoi le pouvoir sénégalais cherche à rejouer le match de 2021 qui a conduit à des émeutes suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko ? Le Sénégal est sur une pente raide et on a l’impression que le président Macky Sall veut tout faire pour que le pays plonge comme les autres pays sahéliens. Voyons en quelques cases cochées, comment de l’exception, le Sénégal avance à grand pas vers une certaine « normalité africaine ».

Le 3e mandat

La fin de l’année 2024 est le dead line du mandat du président Macky Sall. Pour lui la petite musique du game over va sonner car la constitution sénégalaise dit en son article 27 que : « La durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Le mandat est renouvelable une seule fois. Cette disposition ne peut être révisée que par une loi référendaire ou constitutionnelle. »

Le président Macky Sall est arrivé au pouvoir en 2019 en battant son ancien mentor qui, après avoir échoué a modifier la constitution pour passer le pouvoir à son fils, a tenté un troisième mandat qu’il n’a pas pu emporter au second tour. Macky Sall avait fait campagne pour la limitation des mandats à deux et la réduction de son mandat de 7 à 5 ans. Il a fallu une révision constitutionnelle pour la réduction du mandat donc son premier mandat est resté à 7 ans.

Quand on lui pose la question s’il va se présenter à un troisième mandat comme le Guinéen Alpha Condé et l’Ivoirien Alassane Ouattara en 2000, voici ce qu’il répond : « Si je dis oui, je veux être candidat, le débat va enfler et on ne va plus travailler ; donc il y aura de la matière pour les spécialistes de la manipulation et de l’agitation. Si je dis non, dans mon propre camp les gens ne travailleront plus non plus ; tout le monde sera dans une dynamique de se préparer pour l’élection. Or moi, j’ai un mandat à exercer ».

Ce qui est sûr, le pouvoir ne travaille plus et toutes ses énergies sont dans la préparation de l’élection dans le sens d’éliminer les opposants les plus redoutables à la réélection de Macky Sall. Le pouvoir a choisi la justice pour mettre fin aux velléités de candidature d’Ousmane Sonko par un premier procès où il est accusé de viol. On sait que cette première tentative a failli emporter le pouvoir par des émeutes violentes dans plusieurs villes du pays durant le couvre-feu imposé à cause du Covid-19. Ce procès est toujours en cours et l’issue ne semblerait pas favorable, et c’est un ministre du gouvernement, Mame Mbaye Niang, qui convoque l’opposant pour diffamation. Cet acharnement judiciaire vise à écarter Ousmane Sonko de la prochaine présidentielle comme Karim Wade et Khalifa Sall en 2019.

Le président sénégalais devrait se dire que c’est toujours mieux de dire la vérité surtout si cette vérité va dans le sens de l’intérêt général et du renforcement de la démocratie. S’il ne veut pas d’un troisième mandat pour le pays, c’est mieux en le disant et toutes les tensions actuelles vont tomber. Cette surchauffe politique n’est pas bonne pour l’image du Sénégal.

Les brutalités policières

Les voyageurs venant du Sénégal aimaient à raconter comment les forces de défense et de sécurité avaient de bonnes manières. Au pays du poète président, lors d’un contrôle, vous obtenez un salut militaire, une conversation cordiale et respectueuse. Pas un mot au-dessus de l’autre, pas de manque de respect. Et qu’avons-nous vu sous Macky Sall ? Des arrestations manu militari où on brise les vitres du véhicule d’un opposant qu’on asperge de gaz et qu’on sort de force. Les répressions des émeutes ont été aussi violentes en 2021 vu le nombre de morts. Quand les forces de l’ordre perdent les rapports de civilité envers certaines catégories de la population, ce n’est jamais bon pour le pays car petit à petit, le respect de la vie humaine s’effrite et la violence s’installe.

Les émeutes

Les émeutes sont le signe d’un pouvoir sourd aux problèmes des plus pauvres et des plus déshérités. Macky Sall est entré dans l’histoire sénégalaise comme un président impopulaire et insensible à la misère sociale. Le Sénégal n’est pas le pays le plus riche, mais il avait été épargné par cela par une gestion plus responsable et peu clivante des problèmes du pays. Les deux arrestations violentes d’Ousmane Sonko se sont soldées par des scènes de guérilla urbaine entre jeunes et forces de défense et de sécurité. En cela le pouvoir et certaines parties de la population abandonnent les marqueurs de l’exception sénégalaise.

Les violences en politique

Ce que subit l’opposant Ousmane Sonko est l’utilisation de la violence en politique. Et cette violence du côté du pouvoir déteint aussi sur l’opposition puisqu’on a vu des députés de l’opposition agresser une parlementaire parce qu’elle aurait manqué de respect à un dignitaire religieux lui-même engagé en politique. Ce n’est plus le Sénégal de Senghor quand des hommes s’en prennent à une femme dans l’Assemblée des députés. Et là on peut dire qu’ils ont fait plus fort que partout ailleurs.

Le Sénégal est une exception au sein de la CEDEAO, avec son voisin insulaire du Cap Vert pour n’avoir pas connu de coup d’Etat. Les soixante-trois ans de présidence civile avec deux alternances au pouvoir depuis 2000 sont sans pareils en Afrique de l’Ouest. En s’obstinant à vouloir rester au pouvoir, Macky Sall risque d’ouvrir la boite de Pandore parce que les ennemis sont nombreux à côté : les groupes djihadistes chez ses voisins du Mali et de Mauritanie, le pétrole et le gaz découverts et dont les revenus sont peut-être une des causes de sa volonté de rester, mais sont aussi une des sources d’instabilité dans beaucoup de pays d’Afrique. Macky Sall doit prier pour la santé d’Ousmane Sonko car s’il lui arrive malheur avec cette violente arrestation, il peut s’attendre à une forte pluie de problèmes qui inondera la fin de son mandat et ses rêves de 3e mandat.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 mars 2023 à 22:13, par Correcteur Sénégalais En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    Monsieur le journaliste-propagandiste,
    Si vous ignorer la réalité ne verser pas dans la modification des faits :
    Si vous aviez fait correctement votre travail de journaliste vous devriez savoir que sonko a tout organisé pour que le procès ne se tienne pas, sachant qu’il a diffamé un citoyen sénégalais comme lui qui a porté plainte.
    primo en appelant ses militants à se rendre tous au tribunal sachant très bien qu’ils ne pourront pas tous y accéder. Car il a menti sur ses déclarations et il le sait.

    secundo, qu’est-ce qui a motivé l’intervention de la police ? sonko a refusé d’emprunter le chemin que les forces de l’ordre avait balisé pour lui. Sonko voulait coute que coute passer devant l’université avec un objectif de faire sortir les étudiants, surtout troubler l’ordre publics. L’Etat est garant de l’ordre public et à l’obligation de garantir la quiétude des sénégalais. Aucun citoyen n’a le droit de perturber l’ordre public.

    Dans quel pays au monde un citoyen peut se permettre de se soustraire à la justice, allant même jusqu’à menacer les magistrats et juges ?

    ensuite, si vous suivez vraiment l’actualité sénégalaise vous devriez savoir que sonko ne cesse de lancer des appels à l’insurrection des appels au coup d’état … dans un pays de droit il devrait normalement être arrêté et mis en prison. Cela vous ne le mentionnez pas.

    certainement, vous enviez le Sénégal de sa stabilité et rêvez en secret de voir ce pays être déstabilisé.

    • Le 20 mars 2023 à 12:41, par france dehors En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

      @Correcteur senegalais, vous repondez a la question posee par le journaliste sans le savoir en disant que Sonko a refuse d’emprunte le chemin balise par les forces de l’ordre !!!!!! Est-ce que c’est un enfant ou on doit dire passe a gauche, non a droite etc.... ?????? C’est de la DICTATURE, point barre et vous avez repondu aux questions du journaliste !!!!!!!

      • Le 11 avril 2023 à 14:46, par Renault HÉLIE En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

        @france dehors
        Dans une démocratie, il y a un « état de droit ».
        - on a le droit de manifester, mais en respectant des règles ;
        - certaines manifestations peuvent être interdites, surtout si elles ont pour but l’émeute ou le racisme ; libre aux organisateur de déposer un recours au tribunal ;
        - on doit quand même obéir aux autorités pour l’organisation du parcours d’une manifestation.
        - Certains opposants sénégalais veulent ouvertement se livrer à des provocations et à des destructions d’entreprises. Un gouvernement RESPONSABLE ne peut pas laisser faire n’importe quoi. On sait très bien ce que les laquais de Poutine veulent causer...

  • Le 19 mars 2023 à 00:05, par TANGA En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    Lenprésident sénégalais MAQUI SALE veut salire la réputation segalaise qui est la démocratie.
    La jeunesse laissera t elle faire ?
    Avec tout ce qui se passe au Sénégal, la CEDEAO devrait suspendre ce pays.
    Allons seulement.

  • Le 19 mars 2023 à 05:32, par AMADOU En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    MACKY SALL ne sait pas qu’après Dieu ce n’est pas lui. Il est né trouver le SÉNÉGAL. Il va un jour mourir laisser le SÉNÉGAL en place. C’est quand on est vivant qu’on pardonne.

  • Le 19 mars 2023 à 09:36, par Sacksida En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    De toute facon, la Democratie Liberale importee neocoloniale n’a jamais servie des Interets fondamentaux des Peuples Africains et donc du Peuple Senegalais C’est clair que ce n’est nullement une Democratie du Peuple mais une Dictature de la Bourgeoisie Bureaucratique, Politique et des Forces antidemocratiques locales et allies a l’Imperialisme Occidental et Neocolonial installes depuis longtemps pour l’exploitation des ressources Nationales au detriment du Peuple Senegalais. Dans cette situation grave et desastreuses, la Corruption endemique des Elites politiques, Administratives et des Forces retrogrades est face au Peuple Senegalais reellement et les Contradictions principales ne peuvent que se denouer de la facon generale la plus brutale. Donc le Peuple Senegalais fait face aux Forces Reactionaires Interieures et exterieurs Patentes ; ou le Peuple Senegalais ne doit point baisser la Lutte Revolutionaire contre la Dictature Neocoloniale pour defendre ses Interets fondamentaux opposes a ceux des exploiteurs Interieurs et exterieurs imperialistes. Ainsi Ousmane Sonko et les Patriotes integres Senegalais sont avant-garde pour conduire la Lutte revolutionnaire consequente pour la Liberation economiques, Sociales et Culturelles du Senegal et partant de l’Afrique Combattante de la Liberte. Thomas Sankara disait que l’Imperialisme Occidental et ses Valets Locaux sont des mauvaises eleves car il font toujours defauts quand a la prise de conscience Populaire. Courage aux Democrate Senegalais et que Dieu Sublime aide le Peuple Senegalais et Africains..Salut

  • Le 19 mars 2023 à 13:33, par Bebeto En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    La réalité cachée c’est que c’est la France qui est à la manoeuvre pour sauver ce qui reste de ce système d’exploitation sur ces anciennes colonies. En sous main, elle tente le tout pour le tout en espérant sauver son Macky Sall un de ses meilleurs sous préfet les plus fidèles. N’oublions pas que le symbole de la domination économique et financière de la France qu’est la BCEAO a son siège à Dakar. La France fait tout pour que le Senagal n’échappe pas à son contrôle. Ce sera sa mort politique et économique en Afrique. Tout ce cirque consistant à embastillé le leader de l’opposition Ousmane Sonko est téléguidé par la France avec espoir de pouvoir préserver ses intérêts.
    Que tout le monde se rassure la situation au Sénégal va s’empirer, parce que les Sénégalais ne se laisseront pas faire pour rien au monde et la France avec ce petit vallet Macky Sall s’entêteront à ne pas lâcher le morceau. Le Sénégal va s’embraser plus que ça.
    Ne comptons pas sur l’UA ou la CEDEAO pour désamorcer la situation. C’est aux Sénégalais de compter sur eux mêmes pour gagner leur lutte à l’image des Burkinabè qui ont chasse le dictateur Blaise Compaoré.

  • Le 20 mars 2023 à 12:45, par Sacksida En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    Internaute nr 1, c’est triste pour la Justice Senegalaise qui devrait etre raisonnable et serieux dans le traitement diligents des Dossiers plus Credibles et Pas des "Affaires de Fesses" d’une Masseuse, l’on devrait dire une Menteuse que le Pouvoir politique de Macky Sall utiise a des fins de politique politicienne neocoloniale et pour ecarter un homme comme Ousmane Sonko de la competition Presidentielle..Avant lui des Personalites tels que Idrissa Seck et d’autres ont subit les .emes argutis juridico politicienne aux fins bien sur d’ecarter des adversaires politiques credibles. Je suis desole que le Senegal qui est un pays qui compte en Afrique sur plusieurs plans soit englue dans des moeurs imaginaires pour les besoins de la cause d’un President teleguide par le Neocolonialisme Occidental et Precisement Francais. Sonko et beaucoup d’autres Jeunes Cadres Leaders Politique est un ESPOIR pour la Jeunesse Senegalaise. Salut
    .

  • Le 10 avril 2023 à 19:43, par AHMED En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    BLAISE n’en revient pas après ses 27 ans au pouvoir. Il avait tout musulé . Pratiquement impossible de faire un coup d’état. Toute l’armée était en lui. MACKY SALL avec l’armée française au Sénégal rêve en couleur. Si BLAISE avait tous ses états il allait lui dire de faire attention. UNE INSURRECTION EST POSSIBLE. Le pouvoir appartient au peuple

  • Le 11 avril 2023 à 09:37, par Renault HÉLIE En réponse à : Sénégal : Macky Sall veut-il mettre fin à « l’exception sénégalaise » ?

    Les fascistes Burkinabè et Maliens, dont l’armée et l’administration ont totalement étouffé l’économie depuis 50 ans, crèvent de jalousie envers la RCI (le pays d’Afrique noire le plus riche si l’on exclut la RSA, les pays pétroliers et les archipels, voir site de la Banque Mondiale), ainsi que le Sénégal, le Congo-Brazza et le Cameroun. Donc, par pure jalousie, ils ne rêvent que d’une chose : saccager ces pays, à commencer par la Côte-d’Ivoire.
    Et pourtant, sans la possibilité d’émigrer en RCI, que serait le Burkina ?

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