Chaque matin, recevez gratuitement toute l'actualité du jour par mail. Inscrivez-vous à la newsletter
Chaque matin, recevez gratuitement toute l'actualité du jour par mail. Inscrivez-vous à la newsletter.
Le président français, Emmanuel Macron, entame ce 1er mars 2023 une tournée africaine qui le conduira au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et en République Démocratique du Congo. A la veille de ce périple, il a prononcé un discours fixant sa nouvelle vision des relations franco-africaines. Frédéric Lejeal, auteur de Le déclin franco-africain analyse cette nouvelle vision.
Lefaso.net : Quelles sont vos réactions à l’intervention d’Emmanuel Macron déclinant une nouvelle vision des relations franco-africaines ?
Frédéric Lejeal : C’est une tentative visant à définir un nouveau paradigme, une nouvelle approche quant au mode opératoire de la France au sud du Sahara au moment où le ressentiment à l’égard de ce pays et de sa politique grandit dans cette région. Cette intervention est une feuille de route des priorités à venir. Elle mêle le pragmatisme à la continuité. Mais malgré certains points intéressants, les lignes ne changent pas encore fondamentalement.
La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique. Elle ne va pas assez loin. Il est d’ailleurs singulier qu’Emmanuel Macron doive redéfinir une nouvelle approche, six ans après son arrivée au pouvoir tout en affichant une satisfaction de son bilan. Pendant la première demi-heure de son intervention, il est, en effet, dithyrambique sur les chantiers engagés, qu’il s’agisse du mémoriel, de la restitution d’œuvres d’art, de la défense de l’Etat de droit, du soutien aux entreprises ou de la réforme du franc CFA.
Or, lorsque l’on regarde ces chantiers de près, il est indispensable de relativiser. Dans les faits, le président français assume parfaitement sa proximité avec des régimes autocratiques rejetés localement comme au Tchad, le Togo, au Congo-Brazzaville ou au Gabon. Qu’il visite Libreville et Brazzaville quelques semaines après Yaoundé est d’ailleurs significatif. La réforme du franc CFA reste totalement inaboutie. La restitution des pièces reste, pour l’heure, parfaitement symbolique. Concernant le volet militaire, où Paris est également attendu, il est annoncé la réduction drastique des effectifs déployés localement, mais aucune fermeture de base prépositionnée. Juste un aménagement dans la vocation de ces enceintes et de leurs effectifs. Un vrai geste aurait été de fermer les bases ou, à tout le moins certaines, comme ce fut le cas en Centrafrique en 1998.
Concernant le franc CFA, objet de crispation des opinions africaines avec une charge symbolique très forte, la réforme entamée fin 2019 reste inachevée, ne serait-ce que parce qu’elle ne concerne que le franc ouest-africain. Paris passe son temps à nous expliquer que l’évolution de cette monnaie est à la seule discrétion des Etats membres de la Zone Franc et qu’il est de leur responsabilité de vouloir en sortir. Dans les statuts, c’est en partie vrai.
Reste que Paris, s’il voulait réellement larguer les amarres avec ses ex-colonies et repositiver son histoire, dispose de tous les moyens et relais afin d’amener les chefs d’Etat francophones à un tel scénario. Que la question de l’avenir du franc d’Afrique centrale n’ait pas été posée dans la foulée de cette réformette est assez symptomatique des forces d’inertie qui continuent d’alimenter cette politique. Au final, tout ceci ressemble à un jeu d’équilibriste d’une France poussée par un contexte hostile, mais cherchant par tous les moyens à s’aménager des portes de sortie honorables ou de maintenir une influence résiduelle.
Le chef de l’Etat français a-t-il pris la mesure des changements en œuvre chez les partenaires africains ?
C’est le côté positif de ce discours. Le ton est rentré et empreint d’une humilité assez inédite. Emmanuel Macron s’avère très lucide sur la situation. Son intervention est une introspection. Il reconnaît le poids du passé, de ses lourdeurs et la survivance de certaines logiques. Il a dénoncé de manière assez virulente le comportement des entreprises françaises en Afrique dont beaucoup, selon lui, se comportent comme si les économies de rente dominaient encore.
Il semble parfaitement conscient que la France doit prendre sa part à la compétition mondiale qui se joue sur ce continent, mais en changeant totalement de narratif. Il a fait profil-bas en voulant installer un soft-power plus respectueux des sociétés africaines et plus à l’écoute de leur demande. Des « partenariats » moins formels sont identifiables dans le domaine militaire. Les bases prépositionnées doivent se transformer dans une optique d’école ou d’académie militaire. Elles serviront de site pour des formations ou des exercices partagés dont l’objectif est de renforcer les armées locales.
Concernant la restitution d’œuvres d’art, une loi-cadre doit définir ce que la France peut retourner à la demande des Etats africains. Tout ceci participe de certaines avancées. A supposer qu’elles se traduisent réellement dans les faits sans se limiter à une opération de communication. Je trouve également parfaitement fidèle à la réalité, la description qu’a faite le président français de Wagner, en comparant cette société « de criminels » à « une assurance-vie pour putschistes ».
Que penser du timing de ce discours ?
Les Africains auraient souhaité qu’il soit prononcé en terre africaine, mais le volet franco-français étant dominant, il est compréhensible qu’il ait été dit à Paris. Il s’agit d’une mise en bouche de la tournée devant amener Emmanuel Macron à visiter quatre pays - Gabon, Angola, Congo-Brazzaville et République Démocratique du Congo - avec des enjeux environnementaux et géopolitiques considérables. L’existence de ce discours en amont doit permettre aux acteurs africains de réagir et d’approfondir toutes ces questions lors de ce périple.
Lefaso.net
Chaque matin, recevez gratuitement toute l'actualité du jour par mail. Inscrivez-vous à la newsletter
Vos commentaires
1. Le 1er mars à 13:40, par shalom En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
Très belle analyse de M. Lejeal. J’espère que Macron maintiendra le cap et que son successeur ne viendra pas remettre en cause ces "avancées" aussi minimes soient-elles.
2. Le 1er mars à 14:01, par Beonere En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
Ce discours est un non évènement pour les africains car les peuples africains n’attendent plus rien des marchands de rêves. Macron n’a pas été élu par les peuples africains, il ferait mieux de s’occuper des français. Il revient aux élus africains de travailler pour notre développement. Nous en avons marre des promesses sans cesse. Nous attendons donc le discours de nos présidents (même si certains sont considérés comme corrompus, mais corrompus par qui ?). La France aux Français, et l’Afrique aux Africains...
3. Le 1er mars à 19:59, par Mechtilde Guirma En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
Pendant la première demi-heure de son intervention, il est, en effet, dithyrambique sur les chantiers engagés, qu’il s’agisse du mémoriel, de la restitution d’œuvres d’art…
Hummm ! Vous ouvrez là une plaie saignante au Cœur du royaume Mossé !!! En effet je me pose toujours la question de savoir, où sont passés les effigies en bronze des rois Mossé depuis le 11ème siècle jusqu’à nos jours. Tous les livres d’histoires qui ont été écrits sur le pays mossi et les thèses de Doctorat des Seniors universitaires et éminents chercheurs, en ont développé l’extraordinaire question et l’existence de ces statuettes. Certains sont devenus chefs traditionnels et ont été soutenus et parrainés en la matière par des érudits, de la culture française et africaines, tels les professeurs Edmond Jouve et Guion. Peut-être pourrions-nous enfin espérer les retrouver car jusqu’à ce jour, il y a une omerta totale sur la question devenue tabou voire complétement oubliée. C’est à peine même si la jeunesse d’aujourd’hui en sait quelque chose.
Chers et Chères Voltaïques devenus burkinabé ou bè, ouvrons bien les oreilles et disposons nos cœurs à l’écoute de ce « Noé des temps modernes » que nous méprisons Hélas ! Mais, moi, je m’approprie de sa pensée que je paraphrase à mon tour en ces termes : « En vérité, en vérité, réclamons l’Aggiornamento, et rejetons ce Glasnost mal inspiré voire dévoyé ».
Le 2 mars à 12:54, par Le Goupil33 En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
Bonjour,
Vous avez parfaitement raison. Il est absolument scandaleux que le patrimoine culturel africain se trouve essentiellement dans des musées occidentaux. Je pense par exemple au Dieu Gou. Cela prendra du temps mais ces oeuvres, qui sont malgré tout répertoriées, et protégées, finiront par retourner dans le pays de ceux qui les ont réalisés, du moins pour les ouvres détenues/conservées dans les musées nationaux. Ce n’est pas tout à fait la même chose pour celles extraites par les trafiquants d’art et souvent conservées dans des salles privées ou des ports francs. Cinq d’entre eux sont spécialisés dans l’entreposage d’œuvres d’art. Le plus ancien, qui date de 1850, est celui de Genève, en Suisse. On y trouve de tout comme des momies égyptiennes. Ensuite ont été créés ceux de Singapour et de Monaco, en 2010 et 2013 respectivement. Les deux plus récents ont été inaugurés à l’été 2014 à Pékin et au Luxembourg. Un sixième doit ouvrir ses portes en 2017 à Shanghai. L’Irak est le dernier exemple du pillage effectué par ces trafiquants.
Le 2 mars à 19:25, par Mechtilde Guirma En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
Merci mon très cher Le Goupil33. Merci infiniment pour ces informations précieuses. Que Dieu vous bénisse en abondance.
4. Le 2 mars à 06:29, par TANGA En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
Cet affiornamento (mise à jour) n’est que une prise par derrière ; puisque son nom l’indique. Ils reviendrons vous dire qu’il s’agissait d’une mise à jour et que vous étiez d’accord. Là personne ne pourra dire mot. Alors, que la France se retire de nos affaires et point. Cela veut dire aussi qu’elle ramène nos objets d’arts. Si nous n’osons pas maintenant, ce sont nos enfants qui nous denigrerons demain par ce que nous u moins avons eu l’opportunité contrairement à nos grands parents qui étaient forcés.
Macron dans son discours a dit : ....ce n’est pas chez nous... ; Oui, ce n’est pas chez eux, donc ça ne les regarde pas ce qui nous vivons, ils n’ont pas intérêt à faire finir ce que nous vivons, et , quelque part cela veut dire on s’en fou. Quoi de plus clair ?
Osons réinventer notre avenir car personne ne le fera pour nous par ce que personne ne sait ce que nous désirons.
Mais nous en tant que Africains n’avons jamais critiquer les amitiés de la France, pourquoi elle critique les nôtres ? Justement par ce qu’elle se sent en mauvaise position et cherche lanbagare et ou la déclancher, chez nous ce n’est pas chez les français, donc les français peuvent provoquer tout ce que bon leur semble pour s’installer. Ce qui est sûr, la France fustigé nos forces armées mais aussi les forces partenaires à nous ; mais là, ce n’est pas nous que la France insulte c’est une autre armée d’un autre pays ; la xonséquence ne nous concernera pas, wait and see.
Que la France continue à Les insulter, l’histoire a montré que c’est la grande gueule qui apporte les problèmes.
Chers tous, si les français et autres ont luvré l’Ukraine , ce n’est pas nous que la France laissera tranquille facilement. N’est ce pas clair ? Nos pays n’e sont pas les leurs.
OSONS LUTTER ET SACHONS VAINCRE !
5. Le 2 mars à 08:48, par Raogo En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
@ Mechtilde Guirma
Princesse
"l’Aggiornamento ou Glasnost !"
Entre la peste et le choléra !!!! Choléra est mieux on soigne.
La peste longtemps nous en avons soufferts.
Le 2 mars à 19:58, par Mechtilde Guirma En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
Mon prince Raogo, ce que vous dites-là pourrait être vrai wê ! Mais alors si vous quittez les eaux du choléra dans lesquelles vous nagiez, pour aller carrément vous abriter dans l’anus où vous vous étoufferez sûrement et sans qu’on puisse vous y extirper à temps On fait comment ?
Bon trêve de polémique. Portez-vous bien et surtout ne m’oubliez pas. C’est l’essentiel.
6. Le 3 mars à 14:30, par Fretback En réponse à : France-Afrique : « La France n’accomplit pas encore l’aggiornamento nécessaire et attendu depuis 40 ans pour clarifier sa politique » Frédéric Lejeal, journaliste et spécialiste de l’Afrique
"le président français assume parfaitement sa proximité avec des régimes autocratiques rejetés localement comme au Tchad, le Togo, au Congo-Brazzaville ou au Gabon. Qu’il visite Libreville et Brazzaville quelques semaines après Yaoundé est d’ailleurs significatif." Parce que le brave homme devrait visiter quel pays respectable, dans cette région, hein, dites-moi ? Citez un seul pays qui pourrait avoir votre onction, et celle des ’étudiants’ locaux ? Vous avez 3 minutes, monsieur l’expert ! Même vos démocraties virtuelles (ou oniriques) sont bancales et vont comme au Sénégal dégénérer comme à chaque fois. Sao Tomé ? On en est où avec la tentative de coup d’état (guidé par quel Blanc, au fait ?) ? Cap-Vert ? On sort du pré-carré et les îles miséreuses finiront dans le coupe-gorge sinon dans l’exil, c’est déjà en marche... C’est quand même incroyable de demander un effort à un représentant de commerce qui fait son job pour les mastodontes économiques de son pays (quoi de moins normal dans ce monde d’intérêts ?) alors qu’il faudrait remettre les boeufs locaux avant la charrue tricolore ! Et ces quelques rares nassaras qui ressurgissent de leur placard après avoir fait une carrière et une rente avec le sankarisme, c’est quand même rigolo... Traoré, Kagamé, Goïta, le légionnaire et j’en passe et des plus folkloriques, et qui d’autre encore en héritiers de Thomas, dieux ! Le pauvre doit se retourner dans sa tombe (mes salutations à certainEs membres de sa famille, au passage).