Burkina : Des militants prônent le changement de Bala Alassane Sakandé à la tête du MPP
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La posture du président de l’ex-parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Bala Alassane Sakandé, lors du coup d’Etat du 24 janvier 2022 est toujours mal digérée par des militants du parti. Déjà touché par des bisbilles internes, le MPP connaît des fractures depuis ce coup qui a porté un arrêt à son pouvoir (novembre 2015- janvier 2022). En témoigne ce mémorandum d’un groupe de militants de la diaspora qui estiment que pour n’avoir rien fait pour résister au coup d’Etat du MPSR, Bala Alassane Sakandé doit tirer les « conséquences immédiates, et déposer sa démission pure et simple ».
Ces militants, visiblement remontés, reprochent au président Bala Alassane Sakandé, et dans une moindre mesure, à la direction du parti d’avoir, été passifs face au coup d’Etat, pensent qu’il faut poser le bon « diagnostic et apporter des solutions idoines ». C’est pourquoi appellent-ils à faire de la prochaine réunion du Bureau politique national (BPN, le samedi16 juillet 2022, selon eux), celle de la décantation. Dans leur analyse, ces militants soulèvent trois grands faits majeurs qui ont, de leur avis, contribué à saper les idéaux et les équilibres du parti.
« La tragique disparition d’un de nos pères-fondateurs, le camarade président, Feu Dr Salif Diallo, le 19 août 2017, et bien entendu, l’épineuse équation de sa succession au sein de l’hémicycle. Il est à noter ici, que la nouvelle Assemblée nationale qu’il avait promise au peuple burkinabè au lendemain de son élection au perchoir, n’a toujours pas vu le jour. Hélas, s’exclame-t-on ! Ensuite, le IIe Congrès extraordinaire en septembre 2021, à l’issue duquel, le camarade président, Simon Compaoré a été ‘’sorti’’, pour le citer. Il est à noter ici, que dix mois plus tôt, il avait magistralement et victorieusement conduit la campagne du camarade candidat, Roch Marc Christian Kaboré. Enfin, le coup d’état du MPSR, le 24 janvier 2022, remettant en cause non seulement toutes les batailles démocratiques remportées jusqu’ici par notre parti MPP, mais aussi les principes fondamentaux de l’Etat de droit. Les évènements récents liés au retour au bercail de Blaise Compaoré l’attestent. Il est à noter ici, que ce coup d’Etat n’a observé aucune résistance en face de la part de la direction actuelle du parti, son président ayant pris la poudre d’escampette, ainsi que certains autres camarades cadres. Ce coup d’Etat est passé comme une lettre à la poste, s’exclama le citoyen lambda ! », présentent les signataires, avec à leur tête, Gilbert Zemba, se présentant comme membre du BPN.
Selon eux, la session du BPN à venir doit donc courageusement affronter ce qu’ils qualifient d’incontournables questions essentielles et apporter les solutions idoines. Pour ces mécontents, la première question essentielle est le changement de la direction actuelle du parti.
« Il s’agira aussi de dire pourquoi avons-nous perdu le pouvoir, car c’est après la dernière session du BPN tenue le 13 novembre, que cela fut. Un véritable coup de massue sur les ambitions de notre parti, et même sur son équilibre, largement remis en péril ces derniers mois. (…). Nous revenons ici sur ce fait majeur cité plus haut, qui, pour nous, est une question à élucider lors de cette tenue du BPN, car la manière dont le parti a vécu et géré la situation du 24 janvier 2022 et des jours suivants est totalement inadmissible. Il est évident qu’une véritable cacophonie s’est installée dans cette gestion lamentable, à tel point que les responsabilités doivent être situées et les enseignements tirés. Qui l’aurait cru ? Que le putsch ait pu s’imposer sans la moindre résistance est forcément révélateur de la mauvaise santé et de la mal-gouvernance du parti. D’emblée, où était le président du parti ? A-t-il préféré, comme il l’a souligné de ses propres mots, sa mise en sécurité durable pendant huit jours par rapport à la survie du système, et du parti ? Puisqu’à l’écouter, il se serait mis à la disposition de sa garde pour ‘’sauver son nez ’’ en se passant de toutes communications. Bravo lui disons-nous ! C’est l’exemple à suivre d’un vrai leader ! », chargent les contestataires avant d’inviter le président du parti, Bala Alassane Sakandé, à tirer les « conséquences immédiates, et déposer sa démission pure et simple ».
Au-delà de M. Sakandé, le groupe de militants invite des membres du Bureau exécutif national, sans les citer, à faire leur auto-critique . « Le siège national du parti a été drastiquement dépeuplé les jours suivants le putsch, pire, que certains d’entre eux de cette même direction aient tenté de prendre la poudre d’escampette (suivez notre regard !). (…). Du côté de la direction de notre parti, le langage est totalement incohérent sur le présent, et l’avenir. Nous, militants, avons besoin de plus de visibilité, de plus de cohésion et d’unité. Nous estimons que le président actuel du parti est venu comme par ‘’effraction’’ et par ‘’parachutage’’ et qu’il n’a ni l’expérience politique ni la carrure de véritable rassembleur qu’exige un tel poste, à la tête du parti du soleil levant, grand parti de notre pays, comportant en son sein des « militants historiques », et de très nombreux intellectuels ayant exercés de hautes responsabilités sur le plan national, comme international. Personnage très clivant, il a véritablement du mal à se passer de son égo et de son style pour viser l’intérêt de tous. Pour nous, il n’est pas allé à l’école du Trio R-S-S (Roch-Salif-Simon, sa gouvernance le confirme), car si les pères-fondateurs avaient eu le même comportement, notre parti, le MPP n’aurait certainement pas vu le jour, et le funeste projet de modification de l’article 37, serait entériné », s’insurgent ces militants de l’ex-parti au pouvoir.
C’est dire donc que le MPP risque de faire l’actualité dans les jours à venir, après celle de la démission de Mossé Abdoulaye et compagnie.
O.L
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