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Crise à l’Université Nazi-Boni : Le président Macaire Ouédraogo appelle les manifestants au dialogue

Publié le dimanche 6 mars 2022 à 21h30min

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Crise à l’Université Nazi-Boni : Le président Macaire Ouédraogo appelle les manifestants au dialogue

Depuis quelques temps déjà, l’université Nazi-Boni de Bobo-Dioulasso est secouée par une crise. Cette situation est née du fait de la dégradation des conditions de vie et d’études des étudiants sur le campus. Le jeudi 3 mars 2022, des étudiants ont battu le pavé pour exiger la démission du Pr Macaire Ouédraogo, à la tête de l’institution. Dans une interview que ce dernier nous a accordée, il déplore la situation et appelle les manifestants au dialogue.

Pour planter le décor, le Pr Macaire Ouédraogo a insisté sur le fait que l’Université Nazi-Boni (UNB) est une université qui est à la quête de l’excellence. Elle aspire ainsi à une gouvernance vertueuse et parfaite. Aux dires du président Macaire Ouédraogo, l’université a fait de la gouvernance participative et inclusive son cheval de bataille. Malgré tous les efforts, il reconnaît qu’il y a des insuffisances. C’est pourquoi, il trouve normal et légitime que les étudiants revendiquent de meilleures conditions de vie et d’études au sein de l’institution. Car, dit-il, nous sommes dans un Etat de droit et de démocratie.

Cependant, il a fait savoir que lorsque des individus veulent manifester leur mécontentement, ils doivent respecter la liberté des uns et des autres. « Donc, aller stopper les activités académiques et faire subir des sévices aux enseignants et étudiants qui veulent faire cours est inadmissible », a-t-il déploré, avant de donner sa version des faits sur la crise à l’UNB.

En effet, l’on se souvient de cette répression des 13 et 14 janvier derniers qui avait engendré la blessure de nombreux étudiants. Elle était consécutive à un affrontement doublé de courses-poursuites entre étudiants et forces de l’ordre, suite à la non-autorisation de la tenue d’une assemblée générale de la coalition des structures de syndicats et de délégués des étudiants. Selon le président Macaire Ouédraogo, cette assemblée générale s’inscrivait dans un cadre illégal, car la coalition d’associations n’avait pas de récépissé. Donc, autoriser cette rencontre serait aller à l’encontre des franchises universitaires.

Cette interdiction a conduit à un bras de fer ayant abouti aux événements des 13 et 14 janvier. Ce fut le début des violences, car ceux qui ne voulaient pas suivre les cours empêchaient les autres étudiants de le faire. « Les étudiants et les professeurs qui font les cours étaient chassés des salles de classe. Ils ont montré leur refus total de dialoguer. En tant que premier responsable de cette institution, j’ai le devoir d’empêcher l’atteinte à l’intégrité physique et morale des enseignants, des étudiants ainsi que des biens publics, et d’assurer la continuité des activités académiques au profit de ceux qui veulent poursuivre les cours », a-t-il indiqué.

A l’en croire, selon les franchises universitaires, le premier responsable de l’institution peut faire appel aux forces de l’ordre pour assurer la protection des personnes et des biens de ladite institution. D’où la présence de la sécurité sur le site de l’université. « Lorsque les franchises universitaires sont faites, il faut qu’on fasse en sorte de les respecter tous ensemble. Ces franchises autorisent que lorsqu’il y a des mouvements d’humeur, des actes de barbarie, il faut que le premier responsable puisse trouver des voies et moyens, à travers des forces de défense, pour assurer la sécurité de ceux-là qui veulent travailler ainsi que des biens et mobiliers de l’Etat. Et c’est ce qui a été fait avec les forces de défense, et ces étudiants se sont attaqués aux FDS. C’est ce qui a dégénéré et a causé l’incident du 13 janvier où il y a eu des poursuites, du gaz et des tirs à balle d’entraînement », a expliqué le Pr Ouédraogo.

Les manifestants auraient même séquestré un agent de police en civil et récupérer son arme. Et c’est ainsi que les forces de l’ordre sont intervenues pour sauver la vie de leur collègue.

De la satisfaction de la plateforme revendicative des étudiants

Selon le président, plusieurs points sont inscrits dans la plateforme revendicative des étudiants. Il s’agit de problèmes liés au FONER, au transport, à la restauration, au manque de salles de classe, etc. Sur la question du FONER et du transport, il a fait savoir que cela ne relève pas de lui directement. Tous ces problèmes sont dus au nombre d’étudiants qui va grandissant. « De 1 000 étudiants en 1995 ; aujourd’hui, l’UNB est à environ 50 000 étudiants. Et c’est difficile pour l’Etat de pouvoir gérer tout ça. C’est pourquoi il faut trouver des solutions palliatives. Malheureusement, il y a des étudiants qui sont inscrits dans les universités privées, et ils viennent s’inscrire dans le public juste pour perturber parce qu’ils veulent le FONER. Ils viennent composer pour avoir les cinq de moyenne juste pour garder leur FONER. Et cela augmente le nombre de copies à la correction », a-t-il dénoncé.

Par rapport à la capacité d’accueil de l’université, il estime que même si on transforme la ville de Bobo-Dioulasso en cité académique, on ne pourra pas être en phase avec le nombre d’étudiants actuellement. « Les effectifs augmentent de façon rapide et exponentielle. La numérisation de l’université nous a permis particulièrement de pouvoir être à jour par rapport aux autres universités. Et aujourd’hui, en matière de normalisation, l’UNB fait partie des universités qui ont normalisé toute leur année. Nous avons mis en place cette politique de décrochage pour permettre aux nouveaux étudiants qui viennent, de pouvoir rentrer et avoir un cycle normal ; et aux plus anciens, qu’on puisse avoir un traitement spécifique pour eux. Il y a des traitements spécifiques pour certaines promotions, afin de résoudre le problème. Et progressivement, nous allons finir avec les problèmes de retard et de recherche de normalisation », a laissé entendre Macaire Ouédraogo.

Sur la question du transport, le président a fait savoir que des pourparlers sont en cours avec le directeur régional de la SOTRACO pour trouver des solutions. Parmi les points revendiqués par les étudiants, il y a celui relatif à la levée des sanctions qui pèsent sur certains étudiants exclus de l’UNB. Par rapport à ce point, le Pr Ouédraogo est resté ferme sur la décision du conseil de discipline. « C’est une décision du conseil et je n’ai pas la possibilité de l’annuler », a-t-il dit.

A en croire le président de l’UNB, ces étudiants ont été sanctionnés suite à des actes de troubles sur le campus. Ces derniers devraient comparaître ainsi en conseil de discipline. Le jour du conseil restreint, les étudiants convoqués se sont présentés. Mais une fois installé, le conseil a été interrompu par un groupe d’étudiants qui ont fait irruption dans la salle, intimant les camarades de sortir. Les membres du conseil auraient constaté les faits, et l’ont suspendu. Un second conseil restreint a été reprogrammé quelques jours après. Les intéressés ont refusé de comparaître. C’est de ce conseil qu’est sorti l’acte d’exclusion motivé des quatre étudiants.

« Ces étudiants qui ont été expulsés pour cinq ans n’ont pas voulu écouter et ils se sont adonnés à des actes de vandalisme en attaquant des étudiants, en boycottant les conseils de discipline et en s’attaquant aux membres du conseil. Comme ils ne veulent pas assister aux conseils, le conseil n’a pas eu besoin de les écouter également et il a délibéré en leur donnant une expulsion de cinq ans de l’université Nazi-Boni seulement. Ils peuvent s’inscrire ailleurs, et ce verdict est sans appel », a indiqué le Pr Macaire Ouédraogo.

Selon lui, c’est parce qu’il y a eu cet acte d’expulsion, qu’une coalition d’étudiants et des délégués, sous le couvert syndical, a demandé également la démission du président de l’UNB. Face à cette crise, Macaire Ouédraogo appelle les manifestants au dialogue afin de trouver des solutions. Aussi, il a fait savoir que l’institution est résolument engagée avec les autorités du pays pour trouver des solutions aux préoccupations des étudiants. « S’il y a un président qui communique plus avec les étudiants, c’est bien moi. La promotion du dialogue social, c’est mon dada. C’est pourquoi je les invite au dialogue, car la violence n’a jamais résolu un problème », a-t-il conclu.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 mars 2022 à 16:20, par Sacksida En réponse à : Crise à l’Université Nazi-Boni : Le président Macaire Ouédraogo appelle les manifestants au dialogue

    Depuis 30 ans des crises reccurentes dans nos Universites sont dues a la mauvaise gouvernance et de gestion globale du Pays par des regimes corrompus et bien sur neocoloniaux plus preocupes par des interets loins des vrais preocupations du Peuple Burkinabe. Si les ressources publiques etaient gerees de facon equitable et selon des pretentions legitimes et droits de chaque couche de la population, le Burkina Faso ne serait pas dans ce merdier. Alors, dans le cadre de la Refondation, il faut revoir totalement les paradigmes et les fondamentaux consequent afin d’arriver a la Justice Sociale dans l’interet General du Peuple Burkinabe. Salut

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