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Faits divers : Jeune et voleur !

Publié le lundi 24 octobre 2005 à 08h03min

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N’oublions pas de sitôt ce visage poupon, qui leur adressait toujours des sourires. C’était cet enfant qui ne refusait jamais de faire des commissions. Hélas, l’apparence souvent trompe, dit-on. Ainsi, Boukaré s’est vu délester plus de deux cent mille francs de sa caisse. Le coupable n’était autre que Ousmane.

Gomnoaga est un gardien de nuit. Il n’est pas question de leur parler de planification familiale car il n’en a cure. Pour lui, c’est le multipliez vous et remplissez la terre qui prime. Les enfants, il en possède une cohorte et tant pis pour ceux qui n’arriveront pas à tirer leur épingle du jeu. Parmi ces enfants justement, il y a Ousmane, un génie. Toujours parmi les cinq premiers depuis qu’il fréquente les bancs, son père est content de lui car à chaque fin d’année scolaire il reçoit des prix, ce qui en fait sa fierté. Mais voilà, Ousmane n’aime pas rester à la maison. Dès qu’il dépose son sac, il prend le large et court en direction du marché.

Il y va fréquemment et rend de petits services ce qui lui faisait gagner en retour des piècettes. Ainsi aux recréations, il était courtisé car pouvant s’offrir toutes sortes de friandises que les autres quémandaient. En plus, Ousmane mangeait rarement à la maison. Tant que le marché restait ouvert, il avait sa dîme. Son père lui avait entre temps confectionné une caisse afin qu’il vende des bonbons, cigarettes, biscuits et autres.

Karim le boutiquier était un self made man. Il a quitté son village natal depuis vingt ans à la recherche des sous. D’abord vendeur d’eau, de friperies, de chaussures, il est aujourd’hui dans l’import export grâce à son courage et à son flair. Il fait du gros comme du détail. Il n’était pas difficile et c’est ainsi qu’il remarque le petit Ousmane que tout le monde commissionnait et se prit à ce jeu. Comme il était large, Ousmane passait la plupart de ses temps libres dans sa boutique. Karim considéra le petit Ousmane comme son enfant.

Il arrivait parfois que Ousmane serve des clients. A douze ans, Karim avait la main leste. Le coffre était toujours ouvert. Dans ses va et vient multiples, Ousmane profitait d’un moment d’inattention de Karim pour piquer un billet. Un jour Karim était en grande discussion avec des parents venus du village à la porte. Alors, Ousmane plongea sa main dans le coffre, saisit plusieurs billets qu’il dissimula dans son slip. Le soir venu, il alla remettre vingt cinq mille francs à son père de les garder pour lui. Son père savait que le capital de la caisse n’atteignait pas cette somme. Il le lui demanda. Il repondit qu’il avait gagné cette somme en jouant à la tombola minute. Or, Ousmane avait une tante qui vendait des condiments au marché. Cette tante avait deviné en Ousmane un délinquant et disait aux commerçants de faire attention avec ce petit qui était un « suitama ». Chose qui ne plut pas à Ousmane. Ousmane venait d’obtenir son CEP et son entrée en 6e. Il se mit à se confectionner un trousseau en soutirant l’argent du coffre de Karim.

Un dicton nous enseigne, que si l’âne veut vous faire tomber, vous ne verrez pas ses oreilles. Ce jour arriva et ce fut comme si le ciel était tombé sur la tête de Ousmane. Il restait une semaine pour la rentrée. Quand Ousmane était venu le matin du marché, il s’était rendu directement dans la boutique de Karim. A un moment où Karim discutait avec un client, il fit main basse sur le coffre et fourra les billets dans son slip. Entre temps, sa tante vint voir Karim, car une des ses épouses avait commandé du gombo sec. Quand la tante vit Ousmane à côté, elle leva la main pour le gifler. En voulant se protéger avec ses mains, le pull over de Ousmane s’étira et la tante vit un billet mal fourré. Il esquive le coup et prit la fuite. Très vite Karim fut informé et en moins de deux, Ousmane fut ramené. Quand on fit descendre la culotte et le slip, les billets de banque s’éparpillèrent sur le sol. La tête altière, la tante demanda à tous ceux qui étaient là, qu’est-ce qu’elle avait dit par rapport à ce garçon. Ils ne l’ont pas cru et voilà les faits.

La nouvelle fit le tour du marché et la police du marché vint cueillir Ousmane. Difficile pour Karim de savoir combien il avait perdu car il ne tenait pas une comptabilité. Appelé, le père parla des vingt cinq mille qu’il gardait par dévers lui car selon le chenapan, c’était des gains provenant de la tombola minute. Pour notre part, nous estimons que les vendeurs doivent faire attention à tous ces enfants qui rôdent à côté de leurs étalages, même leur progéniture car de nos jours, ce que les enfants savent demander c’est de l’argent et ne s’en privent pas s’ils en trouvent à leur portée. Karim fït relâcher Ousmane car ne se constituant pas partie civile. La vieille tante n’était pas de cet avis car selon elle, que peut manger le lion si ce n’est de la viande ?

Le père était d’avis qu’il soit châtié, car un voleur demeure un voleur et menaçait de le bannir. Comme il est intelligent et bosseur, nous espérons que Ousmane va se ressaisir et s’insérer dans la société car comme on le dit, c’est encore un bois frais, qui peut être redressé.

RAKISSE
Sidwaya

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