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Journée internationale du refus de la pauvreté : Des actes concrets à Fada N’Gourma

Publié le jeudi 20 octobre 2005 à 06h48min

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Le 17 octobre 2005, a été commémorée à Fada N’Gourma à l’Est du Burkina Faso, la Journée internationale du refus de la pauvreté. Le thème retenu à cet effet était : « Atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement : renforcer les capacités des plus pauvres ».

La journée internationale de lutte contre la pauvreté ou encore du refus de la misère a été commémorée, cette année 2005, au Burkina Faso par des actes concrets.

La ville de Fada N’Gourma (cité de Yandabili) qui a abrité la commémoration, a vu ses orphelins et autres enfants vulnérables dotés de fournitures scolaires par le ministère en charge de l’Action sociale. Elle a également connu le lancement du programme national Plates-formes multifonctionnelles pour la lutte contre la pauvreté (PN-PTF/LCP). Mais avant, Mme le ministre Mariam Lamizana de l’Action sociale et de la Solidarité nationale a tenu à rappeler les contours de la notion de pauvreté, le sens et la portée de la journée.

Elle a insisté sur le caractère complexe et multidimensionnel de la pauvreté, impliquant les concept de croissance, de bien-être, d’équité, d’exclusion, de précarité, de privation,... La pauvreté pour Mme Lamizana est économique, socioculturelle et relationnelle. Et le phénomène, a-t-elle regretté, prend de l’ampleur en dépit des progrès techniques et scientifiques réalisés dans le monde. C’est ce constat amer, à son avis, qui est à la base de l’institutionnalisation depuis le 22 décembre 1992 d’une journée mondiale de la lutte contre la pauvreté.

L’objectif de cette journée est d’attirer l’attention sur la situation des populations vivant dans la précarité. La manière, poursuit Mariam Lamizana, reste la sensibilisation et la promotion d’un développement à visage humain, le développement d’une culture de la solidarité envers les plus pauvres et la promotion de la participation de toutes les couches sociales au processus de développement.

Des éléments qui selon elle, sont traduits dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) au plan national. Et cela, dans l’optique d’atteindre d’ici à 2015, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Il s’agit entre autres, de réduire l’extrême pauvreté et la faim, d’assurer l’éducation primaire pour tous, de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, de réduire la mortalité infantile, d’améliorer la santé maternelle.

L’OMD, mission impossible

Toutefois, a rappelé le représentant-résident du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), M Georg Charpentier, le constat fait au sommet du millénaire de septembre dernier montre que beaucoup de pays n’attendront pas les OMD. Pour inverser la tendance, a-t-il estimé, il faut « accélérer le rythme de développement en renforçant les capacités nationales de mise en œuvre des stratégies... » C’est là l’importance du thème retenu cette année pour célébrer la journée internationale de la lutte contre la pauvreté :»Atteindre les OMD : renforcer les capacités des plus pauvres ». Le salut, selon M Charpentier, pourrait venir des plates-formes multifonctionnelles.

La plate-forme multifonctionnelle est en fait un moteur diesel qui peut faire fonctionner différents équipements, permettant de fournir des services énergétiques tels que la mouture de céréales, le broyage du karité, le décorticage du riz, la charge de batterie, la soudure, etc. Elle peut par ailleurs, produire de l’électricité nécessaire au fonctionnement d’un réseau d’eau et d’éclairage.

Avec toutes ces potentialité, la plate-forme permet d’économiser de l’énergie humaine et de gagner du temps. Ainsi, la femme rurale qui, habituellement, est sous l’emprise des travaux champêtres et domestiques, pourra consacrer son temps et son énergie à sa famille et à d’autres activités génératrices de revenus.

Des réinvestissements qui pourront permettre de lutter efficacement contre la pauvreté en milieu rural où vit la majorité des pauvres du Burkina Faso, est convaincu Georg Charpentier.

L’ »engin » de lutte contre la pauvreté a fait ses preuves au Burkina Faso depuis 2000 dans le cadre d’un projet-pilote à l’Est du pays. Le village de « Gomoré » non loin de la commune de Fada, a bénéficié des premières heures de la Plate-forme multifonctionnelle (PTF). Les ministres de l’Action sociale, de l’Economie et du Développement ainsi que le représentant du PNUD, ont pu constater les résultats de la plate-forme.

Les femmes engagées contre la pauvreté

Les femmes du groupement Pamali soutenues par l’Association Tin Tua, affirment f aire des recettes annuelles de 679 301 FCFA avec la PTF. Ces recettes leur permettent également de faire du petit commerce et de pouvoir déposer des cautions auprès des banques pour des crédits. Sans oublier le temps dont disposent ces femmes pour les séances d’alphabétisation.

Au vu de ces résultats probants parmi tant d’autres, le gouvernement burkinabè a jugé de la nécessité d’initier un Programme national Plates-formes multifonctionnelles pour la lutte contre la pauvreté (PN.PTF/LCP).

L’ambition de ce programme lancé à l’occasion à Gomoré, est de mettre progressivement en place au niveau des villages, 400 entreprises PTF dont 40% (165 PTF) au moins avec des réseaux de distribution d’eau ou d’électricité. Gérées par les femmes, ces entreprises devront créer au moins 4 000 emplois et desservir au moins 500 000 habitants. Quatre zones sont concernées par ce programme de cinq ans (2004-2008). Il s’agit des régions du Centre-Est, de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Ouest et du Nord (en plus de celle de l’Est qui a abrité la phase pilote).

L’ONG Tin Tua (pour l’Est), le consortium constitué de l’Association pour le développement intégré du Sahel (ADIS) et l’Association des Mains unies du Sahel (AMUS) pour le Centre-Ouest, la Fédération nationale des Groupements Naam (FNGN pour le Nord) et l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (OCADES) pour le Boucle du Mouhoun) vont accompagner la mise en œuvre du programme. L’enveloppe mobilisée, pour ce faire, est évaluée à 5,7 milliards de FCFA dont 3,4 milliards de FCFA sont déjà acquis selon le ministre de l’Economie et du Développement Seydou Bouda. Et cela avec l’appui du PNUD, des coopérations luxembourgeoise et japonaise, la Fondation Sahel, l’Agence française pour la gestion de l’énergie,...

Alassane KARAMA
Sidwaya

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