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Ex-CEMOB, ex-ONBAH et BRAKINA : Les travailleurs licenciés dans la rue

Publié le vendredi 14 octobre 2005 à 09h24min

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Les salariés compressés de l’ex-Compagnie d’exploitation des mines d’or du Burkina (CEMOB), de l’ex-Office national des barrages et des aménagements, hydro-agricoles (ONBAH), et ceux de la Brakina ont marché le 13 octobre dernier à Ouagadougou pour réclamer à l’Etat le règlement de leurs droits.

"Payez nos droits c’est lutter contre la pauvreté" ;"Payez les droits de nos parents. Nous ne mangeons plus à notre faim, nous ne partons plus à l’école" ; "Non à l’arbitraire et à l’injustice". Ce sont, entre autres, les slogans que l’on pouvait lire sur les pancartes ou entendre dans la matinée du 13 octobre 2005 à l’"Avenue Tibo Bernard Ouédraogo" de Ouagadougou, où des travailleurs licenciés des ex-ONBAH et CEMOB, et ceux de la Brakina, en partance pour le Premier ministère pour une remise de cahier de doléances relatives à leurs droits de compression, ont été stoppés par les agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS).

Cette attitude des forces de l’ordre a surpris les responsables des marcheurs qui avaient reçu une correspondance de la mairie de Ouagadougou marquant son accord pour leur marche de revendication et devant les conduire devant le Premier ministère. Dans cette correspondance, l’on pouvait lire : "Par la présente, je vous informe que je ne vois pas d’inconvénients à l’organisation de ladite marche".

Ainsi, les marcheurs avaient la latitude d’emprunter les voies concernées par l’itinéraire. Mais voilà qu’à l’avant-étape de leur trajet, ils se voient interdir l’accès de l’"Avenue Guillaume Ouédraogo" menant à leur destination finale. Comme explications, les responsable des policiers ont avancé le fait qu’il n’y avait personne pour les recevoir au Premier ministère.

Finalement, c’est sur l’"Avenue Tibo Bernard Ouédraogo" que les marcheurs(environ 300) ont, sous le regard dissuasif des CRS, délivré leur message à l’intention du Premier ministre. Il n’y avait, cependant, aucun représentant de celui-ci sur les lieux. Solange Compaoré, porte-parole des manifestants, a demandé au chef du gouvernement une réintégration des 16 travailleurs de la Brakina et le paiement diligent des droits de ceux de l’ex-ONBAH (405 personnes) et de la CEMOB (234 personnes).

Les travailleurs de ces dernières structures ne comprennent pas le retard pris dans le règlement de leurs indemnités, puisque les biens immobiliers et mobiliers de leurs anciennes sociétés ont été déjà vendus et les décisions de justice en leur faveur connues il y a bien longtemps.
Malgré ces difficultés, les salariés compressés font preuve d’optimisme et se disent déterminés à tout faire pour rentrer dans leurs droits. "Nous ne sommes pas des vandals.

Nous savons ce que nous voulons", a lancé un marcheur à l’endroit des hommes en tenue. Par ailleurs, il faut noter que les travailleurs revendicateurs n’étaient pas les seuls dans leur marche. Ils étaient en compagnie de leurs épouses ou époux et de leurs enfants , victimes de la situation des parents, car ne pouvant pas aller à l’école, ni manger à leur faim, faute de moyens.

Par Grégoire B. BAZIE


Les ex-travailleurs au Premier Ministre

Excellence,

Vous avez devant vous, en ce matin du jeudi 13 octobre 2005, les travailleurs licenciés de la CEMOB, de l’ONBAH et de la BRAKINA, accompagnés de leurs familles qui sont toujours dans l’attente du règlement de leurs droits.
En effet, depuis les liquidations de nos entreprises et le licenciement arbitraire de 16 travailleurs de la BRAKINA, nos outils de travail, par conséquent de subsistance, nous nous sommes retrouvés dans la rue au chômage avec son cortège de malheurs.

Nos enfants ne mangent plus à leur faim et ne vont plus à l’école ; nous ne pouvons plus nous soigner ; plusieurs d’entre nous sont décédés. Nos familles se disloquent sous nos yeux et la misère est devenue notre lot quotidien.

Pourquoi sommes nous ici ? Notre situation est devenue insupportable. L’Etat Burkinabè a été condamné à nous payer nos droits suite à des décisions de justice ayant acquis l’autorité de la chose jugée.

Nous avons exploité toutes les voies pour entrer en possession de nos droits, en vain. Les biens mobiliers et immobiliers de nos sociétés ayant été vendus dans les cas de la CEMOB et de l’ONBAH, nous ne comprenons pas le retard pris dans l’exécution des décisions de justice.
C’est pour cela que nous sommes venus solliciter votre intervention pour la prise de mesures urgentes et diligentes afin de nous désintéresser.

Par ailleurs, nous demandons la réintégration immédiate et sans condition des 16 travailleurs de la BRAKINA.
Excellence, Monsieur le Premier Ministre, en ce début d’année scolaire, vous pouvez toujours sauver ce qui peut l’être, si non vous serez aussi responsable de la décadence de nos familles.

En vous souhaitant bonne réception de la présente, veuillez agréer, Excellence, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre très haute considération.

Ont signé :

- CEMOB

Soungalo OUATTARA

- ONBAH

Mahamadi ZALLE

- BRAKINA

Simon-Pierre BAZIE

Le Pays

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