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Rentrée scolaire : Les soucis des parents, la joie des commerçants

Publié le samedi 8 octobre 2005 à 08h33min

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Fini les vacances ! Le lundi 3 octobre, écoliers, élèves et enseignants ont repris le chemin de l’école. A cet effet l’activité commerciale est fortement dominée par la vente et l’achat de kits scolaires. Les marchés et autres articles de la rue sont inondés par ces articles scolaires.

Nous nous sommes intéressé à cette ambiance mi-figure, mi-raison, c’est selon, pour mieux cerner ces périodes d’angoisses, d’incertitudes pour les parents d’élèves et de bonnes affaires pour les commerçants.

Adieu les vacances, bonjour la rentrée. Les élèves et enseignants ont repris le chemin de l’école le lundi 03 octobre 2005. La rentrée des classes ne laisse personne indifférent. C’est une période d’angoisses et d’incertitudes chez les parents d’élèves alors que les commerçants de kits scolaires vivent une idylle. "Les affaires marchent, je peux, enfin, faire une recette de 100 000 F par jour", affirme Innocent Bonkoungou, vendeur de fournitures scolaires sur l’Avenue de l’Hôtel de ville.

Angoisse des parents d’élèves

Un dicton dit : "qui veut aller loin, ménage sa monture". Les parents d’élèves ne se le rappellent qu’à la veille de chaque rentrée scolaire. "J’ignore si c’est parce que la rentrée est là, mais le prix des fournitures sont vraiment chers. J’ai des enfants à scolariser. Vous voyez, j’ai déjà dépensé 10 000 F. La rentrée, c’est plus que de l’angoisse, mais l’avenir des enfants passe par là. Voilà, on met le paquet. On dépense beaucoup", soutient Mme Ouédraogo. Et de poursuivre : "Si je fais le point actuellement, je suis déjà à 300 000 F CFA rien que pour cette rentrée".

Mme Ouédraogo que nous avons rencontrée sur l’Avenue Urbain-Yaméogo, fait partie des nombreux parents d’élèves qui défilaient devant les articles et fournitures scolaires indispensables à la bonne reprise des études de leur progéniture. Mme Irène Da entre soupir et sourire, nous confie : "c’est pas facile. On essaye de faire de notre mieux. Je paie tous : les livres, cahiers, stylos, sacs. Pour le moment je suis à environ 100 000 F de dépenses. Alors qu’il en reste presque la moitié", affirme-t-elle.

De bonnes affaires en perspective

A l’approche de la rentrée scolaire, les jeunes Ouagalais ne manquent pas d’imagination pour se faire des sous. Ils se transforment en vendeurs occasionnels de fournitures. Une activité porteuse qui constitue pour eux, un gagne-pain. Des sacs, des cahiers, bics, protège-cahiers disposés avec habileté, afin d’attirer la clientèle ont pris d’assaut les rues de la capitale dans la perspective de la rentrée des classes 2005-2006. Mahamadou, 21 ans, cherche l’argent. Sa survie en dépend beaucoup. "On peut faire 2 jours sans encaisser le moindre sous, mais il y a des jours où on ne se plaint pas", affirme-t-il.

Le jeune homme vêtu d’un tee-shirt et d’un jean n’a pas de point fixe de vente. Il va partout avec sa charrette de fournitures indique-t-il de la main.

Salif Ouédraogo, lui, est vendeur de gourdes et de chaussures. Une gourde coûte cinq mille (5 000) francs CFA. "Dans la journée, je peux en écouler 4 à 5. Sur le prix d’une gourde, je gagne un bénéfice de 250 F CFA. Mes clients sont les parents d’élèves. Mes chaussures, je les écoule souvent 3 000 ou 4 000 francs. Le marché est promoteur. Je paie mes articles à Burkina pas cher". A peine avons-nous fini d’échanger avec Salif Zonogo, que nous sommes interpellé par Adama Kaboré, vendeur de sacs. "Moi aussi, je veux parler", nous dit-il le sourire aux lèvres. Il entame aussitôt : "C’est à cause de la rentrée que je me ballade pour vendre les produits que vous voyez. Il nous montre un lot de sacs d’écolier. Un sac coûte 2 000 à 3 000 F CFA. Ce n’est pas cher. Je vends en moyenne, 4 sacs par jour. Mes économies sur un sac tournent autour de 1 000 F CFA. Mais, il y a des jours aussi où je n’écoule pas un seul article. C’est comme cela le marché". Moi, je paie mes articles au yaar du secteur n° 10, Mogho naaba yaaré.

Une casquette à la tête, le jeune Adama Kaboré semble fier de mener une telle activité. Un parterre de slips, jeans étalés à côté de ses sacs. Les articles appartiennent à ses camarades qui partagent sa joie. Dans cette foule compacte où s’élève par intermittence des éclats de rires, les uns s’interpellent, saluant un parent, les autres discutent longuement devant les étalages. Ici, les prix se discutent, contrairement dans les boutiques. Nous sommes soucieux des difficultés que rencontrent les parents à la veille de la rentrée des classes.

Un client ayant acquis l’anonymat reconnaît la cherté des articles dans les boutiques. "A DIACFA, tout comme à AFRICATEX, les prix sont imposés. Les prix des fournitures au niveau de ces étalages comparés à ceux de ces boutiques m’ont permis de savoir que pour les mêmes articles de même qualité, les prix sont très élèvés dans les boutiques suscités".

Parapluie sur la tête, Inoussa Bonkoungou, vendeur de fournitures, bics, ardoises, gourdes, nous confie. "Ça ne marche pas cette année comme l’année dernière". Derrière son étalage on aperçoit des photos de stars de foot comme Didier Drogba, Rooney qui sont exposées entre vendeurs et clients.

De bonnes affaires. Et l’après-rentrée

Les échanges se font avec parfois accroc. "Allez-y, depuis hier, je n’ai rien vendu. Je suis à la recherche de clients lâche le jeune Inoussa. Mais les échanges avec l’équipe de reportage, donner le sourire à ce jeune commerçant. "Vous savez, l’année dernière je faisais des recettes journalières de plus de cent mille (100 000) francs.

Mais cette année, j’ai des difficultés à faire une recette de cinquante mille (50 000) francs par jour", s’indigne le jeune commerçant. Et de poursuivre "Après la rentrée, je vais changer de métier. Je vais me reconvertir dans la vente d’objets qui font la mode". Mais pour beaucoup de jeunes Ouagalais qui s’adonnent à cette activité, c’est l’incertitude après la reprise des classes. Certains attendront les fêtes de fin d’année pour se lancer dans la vente des jeux de lumière. Pour d’autres, c’est le chômage pur et simple comme ils le disent eux-mêmes.

Une partie de ces commerçants comme ceux exerçant sur l’Avenue Urbain-Yaméogo, voudrait bien rester sur ces lieux et changer seulement de produits. Mais ils avancent qu’ils seront déguerpis par la mairie après la rentrée. Car ils disent avoir négocié avec les boutiquiers de tissus situés sur la rue pour s’installer le temps de la rentrée. Comme nous nous apprêtions à quitter l’étalage du jeune Bonkoungou, un groupe de jeunes nous demande si nous étions passé voir le Naaba du cahier.

Surpris, nous avons répondu par la négative et avons émis le vœu de nous entretenir avec lui. C’est un homme, la quarantaine bien sonnée, légèrement élancé que nous avons aperçu à peine à 10 mètres de nous, souriant et feignant de jouer le rôle de naaba dans ce monde impitoyable des affaires. "Oui, c’est moi le naaba du cahier, tous les jeunes que vous apercevez ici, m’ont trouvé déjà en ces lieux en train de vendre les fournitures scolaires.

Et puis s’il y a un problème, ici, c’est à moi qu’on s’adresse d’abord. Même quand la police vient à ces lieux, c’est moi leur premier interlocuteur", se réjouit le naaba du cahier. Pour lui, la principale difficulté que rencontre les commerçants de fournitures scolaires sur la rue Urbain-Yaméogo est l’insécurité. "Les gens ne nous font toujours pas confiance, surtout avec les délinquants qui tournent autour de nous. Il ne se passe pas un jour que certains de nos clients ne soient victimes de vol de portables, d’argent. Même nous aussi nous en sommes victimes" explique-t-il.

Comme les autres naabas, le naaba du cahier est beaucoup sollicité et très respecté des vendeurs de fournitures de la rue qui abrite son royaume. Le naaba du cahier doit agrandir son royaume pour permettre une plus grande stabilité de ses "sujets" en arrachant un accord avec le maire de la commune de Ouagadougou qui permettrait à ceux-ci de se sédentariser définitivement sur l’Avenue Urbain-Yaméogo et de mener en toute légalité, leurs activités commerciales.

Joël ZOUNDI (Stagiaire)
Sidwaya

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