Actualités :: Situation nationale : Le paradoxe burkinabè

Il n’est pas un exercice facile de lire et de comprendre le Burkinabè. Il est si ondoyant et quelquefois même si versatile qu’on peut conclure avec justesse qu’il reste une perpétuelle contradiction.

Pourquoi ce constat à la limite psychanalistique sur l’homme du Faso ? La raison est la polémique inattendue et incompréhensible qui a lieu sur le remplacement au ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation de Rakiswiligri Mathieu Ouédraogo.

Une bonne âme, qui certainement aime à se pencher sur la vie de son prochain en situation difficile écrivait, il y a peu dans un quotidien de la place que le limogeage du ministre sus-nommé "avait quelque chose de louche (sic)".

En outre, se tablant sur l’opportunité du moment où intervient le réaménagement ministériel, il soutient que celui-ci ne sied pas. Raison invoquée la proximité de la présidentielle, à l’issue de laquelle, le gouvernement va immanquablement démissionner. Outre que le cycle gouvernemental obéit aux vacances de ses membres et à leur reprise d’activité, une élection n’a jamais signifié l’arrêt de la marche de l’Etat. C’est du reste, ce qui justifie la période relativement courte accordée à la campagne des candidats ou des partis.

Election ou pas, les institutions continuent à "tourner" et les ministres ont repris leurs activités, cela est visible et palpable avec un exemple parlant "les journées économiques du Burkina Faso" en Malaisie.

Mais notre propos se situe sur un tout autre aspect. Cette manie d’appeler une chose de tous ses vœux et lorsqu’elle se réalise ou a tout le moins, connaît un début de mise en œuvre, on se met à hurler avec les loups.

Le Burkinabè a réclamé et continue de réclamer la mise à mort de la mal gouvernance et la tête des responsables-auteurs ou supposés auteurs de malversations dans la gestion et mieux de mauvaise gestion tout court. D’où vient alors qu’une fuite en avant soit la réponse au retrait du ministre, quand même affaibli et partant dans l’incapacité de conduire sereinement les destinées de son département avec les rumeurs récurrentes d’indélicatesses dans la gestion financière d’un projet aussi capital que le PDDEB.

Vouloir d’une chose et son contraire ou bien persister à s’asseoir entre deux chaises n’est-ce pas là une position inconfortable. Certes, la démocratie veut que chacun puisse avancer ses idées et s’exprimer librement. Mais lorsqu’elle se transforme en polémique stérile, en déclinaison des états d’âme et plus grave en un refus forcené d’être responsable de ses actes, de les assumer et affronter comme l’exige la représentation, il y a lieu de plaindre cette démocratie.

La vraie question est de savoir si on peut changer sans agir. Quelqu’un d’autre dira que faire des omelettes exige au préalable de casser les œufs. Dans une société où notre rapport à l’argent devient l’alpha et l’oméga, la nécessité d’opérer une chirurgie est aujourd’hui inéluctable. Car ne semble-t-il pas en effet, que tout ce qui est dans le débat d’idées actuel tourne autour de cette seule et même espèce sonnante et trébuchante ?

Il n’y a qu’à tout simplement se référer à la littérature actuelle et aux paroles usitées dans chaque forum, qu’il soit organisé par la télévision ou la radio. Tout nous ramène à cette nouvelle "nomenclature verbale" faisant état de corruption, de nouveaux riches, de biens matériels, d’argent sale et que sais-je encore.

Alors, grande est l’incompréhension, voire un énorme tourment lorsque des intellos bon teint prennent la plume pour dire que désormais, il existe de la fumée sans feu. Si on croyait avoir tout entendu, force est d’avouer qu’on était à mille lieues du compte.

Peut-être tout simplement que cette affaire va vraiment ramener les choses à leur juste valeur, en enseignant à chacun que tout ce qui brille n’est point or. Si les rumeurs qui ont cours à propos des ministres objet de cette controverse ne sont que rumeurs, acceptons que alors tous autant que nous sommes, nageons en plein fantasme. Or, personne n’a rêvé, le débat sur l’argent fait rage. Donc, il y a un problème réel, sinon psychologique.

Objectivement le retrait du ministre Ouédraogo est d’abord une bonne chose pour lui ne serait-ce que pour couper court aux rumeurs. Libre du devoir de réserve que lui conférait sa mission, il a comme on le dit justement latitude pour prouver sa bonne foi. Ailleurs certains auront exigé qu’il démissionne pour se mettre au service de l’enquête et se défendre conséquemment.

Ici, on pense qu’il y a anguille sous roche.

Souleymane KONE

L’Hebdo

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