Actualités :: Campagne pré-électorale : "Le Burkina perd le nord"

Bagassi Koura, journaliste indépendant s’étonne du comportement de certains Burkinabè face au bilan du régime Compaoré qu’il juge désastreux.

" Nous n’avons pas de pétrole mais nous avons Blaise Compaoré", " Nous avons remarqué que le Burkina Faso est le seul pays où la nourriture coûte moins cher, un plat de riz peut s’acheter à 50 F CFA ou 75 F CFA"... N’importe quoi !

Ces derniers temps en voyant de gens raconter des inepties de toutes sortes à la télévision et dans la presse, on ne peut pas être fier de notre pays, pauvre parmi les plus pauvres, où le chômage et la corruption ont atteint maintenant des niveaux inquiétants au grand mépris d’un régime plus préocupé par le clientélisme et l’enrichissement illicite à l’outrance que la recherche d’une voie juste d’épanouissement social.

Alors que la pauvreté et la misère augmentent de façon exponentielle, nos compatriotes s’amusent tristement et dangereusement à faire croire que nous sommes les plus à l’aise au monde. " Voter pour Blaise Compaoré". C’est maintenant devenu hymne.

Des chômeurs , des débrouillards, des étudiants FONERisés, des gérants de parkings, bref des gens de toutes origines qui tirent le diable par la queue et qu’on pensait qu’à la faveur de ces élections, allaient se liguer pour demander des comptes, se sont curieusement mobilisés dans une ferveur incompréhensible pour "soutenir" Blaise Compaoré. Oubliant l’ extrême misère dans laquelle se trouve la majorité d’entre nous ils se convainquent que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Même " des commerçants du secteur informel" se montrent fiers de demeurer dans l’informel et préfèrent mobiliser leurs énergies pour appeler à voter Blaise Compaoré plutôt que d’exiger de ce dernier de les sortir de l’état de précarité où ils se trouvent.

Ce qui est choquant au Burkina ce n’est pas l’état de délabrement socio-économique. Loin de là. C’est surtout l’attitude d’indifférence totale des gens à tous les niveaux : de l’universitaire silencieux aux petites gens se complaisant dans un éternel et suicidaire " ça va aller". Quant aux députés, vaut mieux les laisser tranquilles rouler dans de grosses cylindrées.

Des études récentes ont montré que le pouvoir d’achat des Burkinabè est très bas et qu’ en dix ans, les prix des produits de base ont connu une hausse vertigineuse. N’allez pas croire que l’exemple assez éloquent de nos frères, mais "ça va aller". Rien n’explique non plus que malgré la montée et la persistance du grand banditisme depuis des années, les Burkinabè qui ont vu plusieurs dizaines de leurs frères y laisser la peau, applaudissent ce gouvernement ou restent dans l’indifférence totale face à l’inefficacité d’un régime qui semble avoir d’autres chats à fouetter.

A cette allure, il faut croire que c’est facile d’être dirigeant au Burkina que partout ailleurs dans le monde. Dans ce pays au moins, on n’a pas, en fin de mandat, obligation de bilan. D’ailleurs personne ne vous demande de rendre des comptes. Que vous ayez dompté la justice avec " des juges acquis"", que vous ayez totalement échoué à combattre l’insécurité, que vous n’ayez aucune politique de développement sérieuse en dehors d’un improbable programme de " lutte contre la pauvreté", etc.

La récente distribution de vivres à " des prix sociaux" par le gouvernement est la preuve qu’en 18 ans de pouvoir, Blaise Compaoré n’a rien construit de solide même épargner les Burkinabè des préoccupations élémentaires.
Oui n’en déplaise aux Tontons, aux Tanties et autres ABC, on ne peut pas être fier d’un régime qui en 18 ans , a laissé des hôpitaux délabrés, une jeunesse déseouvrée, une université moribonde, un arrière-pays plongé dans la misère et surtout un pays où la corruption est la règle.

On peut se voiler la face, ignorer notre misère et continuer à faire croire que nous avons le meilleur régime au monde mais cela ne fera qu’aggraver nos souffrances.
Il paraît que Blaise Compaoré est même le seul Burkinabè à même de diriger son pays, comme Mobutu en son temps. Eyadéma aussi était irremplaçable, paraît-il. Eh bien, si c’est ce régime Compaoré (...) qui est irremplaçable, tant pis pour tous.

Kgermain@voila.fr
Bagassi Koura, Journaliste indépendant.

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