Actualités :: Boycott des élections : parfois spectaculaire, toujours inefficace

L’année 2005 est très décisive pour la classe politique burkinabè. Deux scrutins (et éventuellement trois si les communes rurales sont concernées) sont inscrits dans l’agenda des événements majeurs nationaux, à savoir la présidentielle et les municpales.

Les enjeux sont multiples et multiformes, ce qui justifie sans doute les passes d’armes auxquelles l’on assiste, bien avant l’heure.

L’élection présidentielle, on le sait, pourrait faire l’objet, pour la première fois, d’une bataille sérieuse. Alors qu’en 1991 et 1998, le président en place a eu un boulevard pour se faire réélire, du fait du boycott des poids lourds de l’opposition, 2005 pourrait, quant à elle être plus disputée ; en tout cas si la tendance actuelle à une participation massive se confirme.

Quatorze ans après le premier boycott, l’opposition est-elle revenue à de meilleurs sentiments ? Les conditions d’un scrutin à sa convenance sont-elles enfin réunies ? Toujours est-il que cette année, elle semble vouloir mettre en application l’article 13 de la Constitution, qui stipule que les partis et formations politiques "concourent à l’animation de la vie politique, à l’information et à l’éducation du peuple ainsi qu’à l’expression du suffrage".
Boycotter un scrutin devrait donc être la dernière chose à faire.

Mais au Burkina, comme dans bon nombre de jeunes démocraties africaines, la politique de la chaise vide était devenue une arme contre les farces électorales. A défaut de pouvoir faire évoluer dans le bon sens le processus démocratique, l’opposition a préféré se mettre volontairement hors-jeu. C’est une forme de lutte qui peut se comprendre. Elle traduit l’impuissance face à la force et, parfois, à l’arbitraire. Mais elle peut avoir un effet boomerang.

En prenant le parti de la désertion, toute formation politique court le risque de se marginaliser. Elle perd l’habitude et donc la maîtrise d’une opération électorale, s’éloigne de son électorat le temps de la campagne et, en dernier ressort, trompe ses militants pour qui le vote est un moyen d’expression démocratique. Le boycott peut aussi être perçu comme la peur d’affronter le verdict des urnes, qui permet de mesurer la vraie popularité d’un leader ou d’un parti politique.

Pendant longtemps, l’opposition n’a pas tout à fait intégré la donne selon laquelle l’animation de la vie politique et les dividendes que l’on peut en tirer, dépendent d’abord d’une présence permanente sur la scène. Heureusement, elle n’a pas déserté toutes les élections, ayant pris part aux municipales et aux législatives.

Toute parcelle de terrain abandonnée à l’adversaire est difficile à récupérer. C’est une règle valable dans les armées comme en politique. Il est établi qu’un boycott, sous nos cieux, n’enlève rien à la légalité et à la légitimité du président élu, ni à son plaisir de gouverner. C’est plus une politique de marketing à usage extérieur qu’un moyen de pression efficace.

Au Burkina, on peut observer que ce ne sont pas les boycotts qui ont entraîné les profondes réformes politiques et institutionnelles de ces dernières années, mais bien les événements tragiques de Sapouy. En réalité, une radioscopie de la politique de boycott révélerait un effet négligeable sur l’évolution du processus démocratique. Autrement dit, les boycotteurs se sont fragilisés tout en renforçant leur adversaire, avec ceci de dommageable à la démocratie que leur action n’a pas boosté le processus électoral.

Maintenant que le boycott ne semble plus à l’ordre du jour, à quoi doivent s’attendre les partis de l’opposition ? Car c’est bien la première fois, depuis l’avènement de la IVe République, qu’ils s’essaient à une candidature à la présidentielle. Un apprentissage, en quelque sorte, qui a révélé déjà ses difficultés, avec quelques querelles internes qui ont fait jour.

On note déjà que face à la mouvance présidentielle, l’opposition se présente en rangs dispersés, avec trois grands pôles, selon l’ONG NDI : l’ADF/RDA et ses alliés, l’Opposition burkinabè unie et Alternance 2005. Mais si le principe de primaires au sein de certains partis est acquis, comme les choses semblent se présenter, on est en droit d’espérer des candidatures consensuelles et sérieuses. Ce que la première démocratie, les Etats-Unis, applique si bien, pourrait tout aussi faire ses preuves au Burkina. C’est au sein des partis que tout homme politique doit exercer ses convictions démocratiques. Les primaires sont de ce fait un exercice de démocratie interne, prélude à toute ambition à l’échelle nationale.

Pour l’élection présidentielle, une première phase de sélection à l’intérieur des partis permettra sans doute de proposer aux électeurs une possibilité de choix bien plus intéressante. La sélection des candidats est une des meilleures façons d’offrir une bonne cuvée au choix des Burkinabè. Encore faut-il que la classe politique fasse preuve de maturité et de responsabilité pour se départir des conflits idéologiques, d’intérêts ou de personnes qui l’ont toujours minée.

Le Pays

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