Actualités :: Mauritanie : accusations épistolaires

La tension ne retombe pas entre Ouagadougou et Abidjan depuis que, fin septembre, Nouakchott a accusé le Burkina d’entraîner des opposants pour déstabiliser la Mauritanie et la Côte d’Ivoire. Dénonçant une « machination », Ouagadougou a riposté en accusant l’opposant burkinabé Hermann Yaméogo d’avoir distillé de « fausses informations » aux chefs d’Etat mauritanien et ivoirien.

L’affaire s’est corsée lorsque le 27 septembre, le président Gbagbo a convoqué l’ambassadeur du Burkina en Côte d’Ivoire pour lui remettre copie de la lettre qu’il a écrite à John Kufuor, le président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao), pour se plaindre du soutien accordé, selon lui, par Ouagadougou à ses adversaires. En guise de réponse, le Burkina vient de livrer cette lettre à la presse.

Le ministre de la Sécurité burkinabé, Djibril Bassolé, désigne l’opposant Hermann Yaméogo, le chef de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), comme la source malveillante de toutes les accusations portées contre son pays. Au tout début de la polémique, le ministre Bassolé avait affirmé que l’opposant burkinabé s’était rendu auprès du président Maouya Ould Taya, à Nouakchott, le 22 septembre dernier.

Désormais, il l’accuse en outre d’avoir alimenté l’épître de Laurent Gbagbo au président de la Cédeao. Il en veut pour preuve un présumé brouillon de la lettre accusatrice qui aurait été saisi sur le cousin d’Hermann Yaméogo, également conseiller de l’UNDD. Compagnons de voyage, les deux hommes ont été interpellés par la police à leur retour, le 28 septembre, maître Hermann Yaméogo subissant un interrogatoire de près de trois heures, les services de la sûreté de l’Etat retenant son cousin.

Diversion et bouc émissaire

« Le 22 septembre, j’étais à Conakry. Mon passeport le prouve. Et si je suis rentré par Air Mauritanie, c’est parce que c’était le seul vol où il y avait de la place d’Abidjan à Ouagadougou ce jour-là », affirmait Hermann Yaméogo le 30 septembre. Le lendemain le ministre de la Sécurité l’accusait d’une double connivence, avec les présidents mauritanien et ivoirien.

Face à ses dénégations, le pouvoir burkinabé a jugé utile de livrer à la presse des copies de la lettre de Gbagbo à Kufuor. Interrogé sur cette entorse aux bonnes mœurs diplomatiques, un membre du gouvernement burkinabé a vertement répondu : « on en a marre, cette fois on veut que les gens se rendent compte eux-mêmes du caractère fantaisiste de ces accusations ».

Celles-ci sont en tout cas lourdes et précises, le président Gbagbo accusant le Burkina de préparer des troupes étrangères pour attaquer la Côte d’Ivoire. La lettre dénonce au passage la livraison à Bobo-Dioulasso, à la frontière ivoirienne, d’armes et d’autres matériels militaires en provenance d’Europe de l’Est, mais aussi la présence d’anciens légionnaires français dans l’ex-zone rebelle du nord ivoirien, ou encore d’importants virements en provenance de l’étranger au profit de comptes ouverts dans des banques burkinabé pour des rebelles ivoiriens ou des putschistes mauritaniens.

« Tout cela n’est qu’une pure invention d’Hermann Yaméogo », soutient le ministre Bassolé en brandissant un papier qui aurait servi de brouillon à la missive présidentielle et que la police burkinabé aurait donc trouvé dans les poches du cousin de maître Yaméogo. « Ce brouillon a été faxé de Ouagadougou et nous avons même identifié le télé-centre [la cabine] d’où a été envoyé le fax », plaide Djibril Bassolé, invitant les journalistes à mener leur « propre enquête ».

« C’est de la diversion ! », réplique maître Yaméogo qui appelle les Nations unies à créer une commission d’enquête indépendante pour examiner le rôle du Burkina dans les crises ouest-africaines.

Pour sa part, l’opposant ne cache pas ses ambitions dans la présidentielle de 2005. Visiblement, la bataille électorale a déjà commencé. Quant à la joute régionale, concernant Abidjan, Ouagadougou suggère que le pouvoir ivoirien cherche un bouc émissaire, pour justifier les retards pris dans les réformes politiques demandées par le sommet d’Accra.

Alpha Barry
RFI (Article publié le 03/10/2004)

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