Actualités :: Burkina : Pas nécessaire de limiter les partis politiques, il faut (...)

Face aux étudiants ce mardi 17 janvier 2023, le président de la transition, chef d’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a abordé plusieurs préoccupations relatives à la vie nationale. « Il y a une réforme générale des partis politiques qui est en cours. Si nous ne le faisons pas maintenant, personne ne le fera après », a-t-il réitéré, après l’annonce dans son message de fin d’année.

Le garant des institutions nationales renvoie donc sur la place du débat, la question du nombre de partis politiques au Burkina. Faut-il limiter ou pas, le nombre de partis politiques ? Une équation qui ne date pas du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir, elle se pose depuis quelques années.

« J’ai vu sur le terrain, le nombre de partis politiques qui ont fait campagne. Ils ne dépassaient pas la trentaine, sur les 80. En faisant ça, on gaspille du papier, et on met en difficulté nos populations dans le choix des candidats. Ces partis gagnent du financement. Donc c’est trop facile pour quelqu’un de ne rien faire et à la veille de l’élection on se porte candidat en sachant qu’on aura quelques subsides. (…). Ayons le courage de crever l’abcès et de poser le problème. Je sais que c’est sensible, mais je me jette à l’eau : je propose que le gouvernement puisse avoir un œil sur la question. Il faut travailler à la limitation des partis politiques, des candidatures fallacieuses aux élections législatives, municipales et présidentielles », plaidait, le 4 février 2021, le Président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, à l’occasion de la Déclaration de Politique générale du Premier ministre Christophe Dabiré.

Une perception qui résulte de la crise de confiance entre le politique et le citoyen. Situation encore pourrie, sciemment ou par ignorance, par des propos qui tendent à faire croire que tout parti politique qui se crée au Burkina bénéficie systématiquement de financement public. Et cette crise de confiance n’est pas une réalité seulement au Burkina, elle l’est, même dans les pays à longue tradition démocratique qui servent de modèles à de jeunes démocraties comme le Burkina.

Il faut simplement travailler à remonter la pente pour gagner la confiance des citoyens. A-t-on besoin de verser, pour cela, dans des réformes qui limitent le nombre de partis politiques ? La Constitution de la IVe République (en cours) et les textes de lois qui régissent la vie politique nationale, disposent de toute la matière nécessaire pour parvenir à la régulation escomptée.

Les instruments juridiques nationaux encadrent bien déjà les partis politiques : de la création à la dissolution en passant par le fonctionnement (siège, tenue régulière des instances, représentativité, missions assignées, etc.). Et les missions des partis politiques sont clairement définies ; l’article 13 de la constitution précise que ‘’ les partis et formations politiques… concourent à l’information et à l’éducation du peuple’’.

Les lois exigent également que leur création tienne compte du souci de cohésion et d’unité nationales : « Toutefois, ne sont pas autorisés les partis ou formations politiques tribalistes, régionalistes, confessionnels ou racistes » (complète l’article sus-cité).

D’ailleurs, ils sont nombreux, ces partis politiques, dont la durée de vie n’a pas dépassé le cérémonial de lancement. C’est dire que la régulation se fait aussi, et même, naturellement.

Par contre, et plus que l’idée de la limitation, des aspects de la vie politique méritent d’être réellement approfondis. C’est le cas du nomadisme politique. Il faut faire en sorte qu’un candidat ne trahisse pas ses électeurs, en optant pour une direction opposée à celle qui a permis d’avoir la confiance des électeurs (pour être élu). Le paysage des organisations de la société civile mérite également d’être affiné pour éviter la confusion de genres et le désordre dans la vie publique, nuisible à l’intérêt général. Dans le même esprit, il faut aménager les dispositions pour frapper d’indignité politique, temporaire ou définitive, certains individus, coupables de comportements graves.

Mais, quelle que soit l’issue de ce débat sur la limitation ou pas de partis politiques, l’attente générale ne sera comblée qu’à la condition que les textes soient effectivement appliqués. Ce qui se vit aujourd’hui avec les partis politiques n’est que la conséquence du rapport que les Burkinabè ont, eux-mêmes, avec leurs propres lois (pour diverses raisons). Un rapport qui se traduit dans bien des cas par un laxisme des institutions nationales et dépositaires à faire appliquer la loi. Et cette inconséquence dans l’application des textes se vit dans tous les domaines (agriculture, logements, foncier, …. la gouvernance elle-même.) Seulement, la politique a ceci de particulier qu’elle est plus dynamique et suscite plus de passions en ces temps qui courent.

Il faut donc souhaiter que soient pleinement appliquées les lois qui existent, après, l’on pourrait tirer les conséquences et réajuster, s’il le faut. C’est une question de responsabilité et non de réformes sans fin. Sans ce sens de responsabilité dans les rapports avec les lois que le pays s’est, lui-même, doté, aucune réforme ne va répondre aux attentes réelles des Burkinabè. Car, les partis politiques ne valent que les hommes qui les dirigent et les animent. A deux, trois ou à mille, les partis et formations politiques seront toujours à l’image des hommes et de la capacité des institutions à se faire respecter.

Lire Burkina : La limitation du nombre de partis politiques, une arme à double tranchant

Oumar L. Ouédraogo
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