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Programme d’emploi des jeunes pour l’éducation nationale : Retour au chômage pour plus de 680 enseignants

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Publié le mardi 26 mai 2020 à 23h30min

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Programme d’emploi des jeunes pour l’éducation nationale : Retour au chômage pour plus de 680 enseignants

Le bureau de la coordination des enseignants issus du Programme d’emploi des jeunes pour l’éducation nationale (PEJEN) a rencontré la presse, ce 26 mai 2020 à Ouagadougou. Il continue de crier à l’exploitation de l’Etat, après avoir servi trois ans dans l’espoir d’intégrer la Fonction publique. Après les piètres résultats du test de recrutement qui a renvoyé des centaines d’entre eux dans les rangs du chômage, les enseignants issus du PEJEN ne veulent qu’une chose, retourner dans les salles de classe pour continuer à enseigner.

C’est une idée du gouvernement qui était censée lutter contre le chômage des jeunes. Mais trois ans après sa mise en œuvre, l’on peut dire que les anciens chômeurs sont revenus à leur situation d’avant. Le chômage continue.

Recruter 4 200 professeurs dans le cadre du Programme emplois-jeunes pour l’éducation nationale (PEJEN). C’est ce que le gouvernement a fait lors des années scolaires 2016-2017, 2017-2018 et 2018-2019. Trois promotions ont absorbé des milliers de jeunes pour non seulement la résolution du chômage, mais aussi pour combler le déficit d’enseignants dans les classes au post-primaire et au secondaire. Les bénéficiaires, qui avaient un niveau minimal de DEUG 2 ou de licence, ont bénéficié d’une formation de six mois.

Les bénéficiaires ont pensé qu’après ces trois ans de contrat, l’intégration allait être automatique ; ou du moins, que toutes les procédures allaient favoriser cette intégration. Selon le secrétaire général de cette coordination nationale des professeurs du PEJEN, Assane Zoromé, le 17 mai 2016, le ministre en charge de l’Eduction nationale d’alors, Jean-Martin Coulibaly, disait que « la contractualisation est une précaution visant à assoir une politique saine. Il faut se rassurer de la volonté des intéressés d’exercer le métier d’enseignant avant d’entreprendre des mesures d’intégration à la Fonction publique pour éviter les procédures longues de désintégration pour ceux qui [se] désisteront éventuellement ».

Les désormais anciens enseignants disent alors s’être sacrifiés dans l’espoir que leur ténacité serait couronnée par l’entrée définitive dans la fonction d’enseignant. Mais c’était sans compter avec les autres étapes qui devraient suivre.

Un test qui met beaucoup sur le banc de touche

Finalement, le gouvernement décidera d’organiser un concours direct spécifique de recrutement d’enseignants parmi les bénéficiaires du programme. Les épreuves se sont déroulées le 27 octobre 2019. « De façon générale, les candidats n’ont pas été évalués sur les contenus enseignés durant les trois années en classe. Partant de ces faits, la majorité des candidats n’avait aucune chance d’obtenir la note minimale de 07/20 exigée par le concours », regrette Assane Zoromé. En tout cas, les résultats n’ont pas été fameux.

Ainsi, en Maths/SVT, seulement neuf admis ont été enregistrés sur 272 candidats, soit 263 ajournés. En Maths/PC, ce n’est pas mieux : 11 admis sur 252 candidats, soit 241 ajournés. En revanche, en Français/Histoire-Géographie, 496 professeurs ont été retenus sur 582 candidats, soit 86 ajournés. En Français/Anglais, 295 admis ont été enregistrés sur 377 candidats, soit 82 ajournés. Enfin, en Technique, ce sont 28 qui ont réussi aux épreuves sur 37 candidats, soit sept ajournés. En tout, 839 professeurs ont été retenus après les épreuves, contre 660 ajournés et 21 dossiers rejetés.

« En fin de compte, nous avons 681 professeurs ayant servi trois ans dans l’enseignement, laissés pour compte. Pour justifier ce taux d’échec, les autorités font savoir, à travers les médias, que les professeurs du PEJEN n’ont pas de niveau », a poursuivi le secrétaire général, principal animateur de la conférence de presse. Lui et ses camarades ont « la conviction que le programme ressemble plus à une exploitation sans scrupule des jeunes de la part de l’Etat ».

Les conférenciers soutiennent donc que les professeurs recrutés dans le cadre de ce programme doivent être tous intégrés dans un emploi régulier. Pour ce faire, ils entendent poursuivre le dialogue avec les autorités pour avoir satisfaction.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.
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