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Burkina : Marches-meetings et grève générale à partir du 7 mars 2020 contre l’extension de l’IUTS

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Publié le mercredi 26 février 2020 à 23h30min

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Burkina : Marches-meetings et grève générale à partir du 7 mars 2020 contre l’extension de l’IUTS

Une semaine après la décision du gouvernement d’étendre l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) aux indemnités et primes des agents du public, plusieurs dizaines d’organisations syndicales ont sonné la mobilisation (assemblée générale) ce mercredi, 26 février à la Bourse du travail de Ouagadougou pour examiner la question et décider d’une conduite à tenir.

La Bourse du travail a débordé de monde en cet après-midi. Assis ou debout, les participants à cette assemblée générale sont répartis avec un seul mot d’ordre clair : maintenir le cap de la lutte jusqu’à satisfaction. C’est-à-dire la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités ; tant pour les agents du public, du privé que du para-public.

Pour cela, l’assemblée générale a décidé que dès demain, jeudi, 27 février 2020, chaque structure syndicale engage à son niveau, une action sectorielle. Puis d’une marche-meeting le 7 mars 2020 sur l’ensemble du territoire national, suivie du 16 au 20 mars d’une grève générale qui sera également marquée par une marche-meeting. Le mardi, 3 mars 2020, une conférence de presse se tiendra pour faire le point des actions menées et annoncer la suite.

Les arguments pour « démonter » les raisons avancées par le gouvernement pour étendre cet impôt n’ont pas fait défaut chez les responsables syndicaux qui se sont succédé au micro. Ceux-ci ont, et entre autres, rappelé que la décision d’application de l’IUTS aux primes et indemnités est simplement politique, car ayant été prise lors d’une session, en septembre 2019, du bureau politique national du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir) et qu’en plus, son application est en violation du Code général des impôts.

La mobilisation a été forte à la bourse du travail de Ouagadougou

« Quand ils vont finir avec l’IUTS, ils vont s’attaquer à nos acquis individuels »

A ces travailleurs qui pourraient penser que la coupure en insignifiante, des intervenants avertissent : « Si on se laisse laper, ils vont nous avaler. Ce qu’ils sont en train de faire, c’est du suicide programmé ; quand ils vont finir avec l’IUTS, ils vont s’attaquer à nos acquis individuels. (…). Ils ont tenté de nous diviser, ils n’ont pas pu, donc ils sont en train de vouloir nous mettre dans le même sac pour pouvoir nous taper ».

Pour ces leaders syndicaux, le pouvoir MPP est passé champion dans l’art de la division : division des travailleurs, division de communautés, etc. L’heure est grave et cela, grâce à l’inconséquence du pouvoir MPP, fustigent-ils. Ce que le secrétaire général de la CGT-B, Bassolma Bazié a qualifié de « gouvernance par embuscades, par suicide ». Il souligne que la derrière parution du journal d’investigation, Courrier confidentiel, vient démontrer l’état de délabrement du pays et la nécessité de faire un nettoyage profond.

Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B)

Contre l’argument de mobilisation des ressources sur lequel se focalise le gouvernement pour étendre l’application de l’IUTS, les syndicats proposent des secteurs ‘’bien porteurs’’. Ils suggèrent entre autres, l’impôt sur les bâtiments (qui échappent à l’imposition parce qu’étant propriétés des dignitaires et mis en location à l’administration publique) et autres célibatériums, les restes à recouvrer (plus de 500 milliards) auprès de grandes entreprises, le secteur minier, etc. « Ils sont actionnaires dans les secteurs des banques, des assurances, des mines », dénonce l’assemblée générale. Plusieurs autres éléments de mauvaise gouvernance ont été énumérés au cours de cette mobilisation.

Une plateforme revendicative dressée par les syndicats

« Je félicite l’ensemble des camarades et des structures qui ont déjà commencé un certain nombre d’actions et j’invite ceux qui n’ont pas encore commencé, de les commencer dès demain matin. Dès demain matin (jeudi, 27 février 2020, ndlr), toutes les structures sont invitées à faire des ‘’frappes stratégiques », a lancé Bassolma Bazié, se réservant d’entrer dans les détails de ce qu’implique l’expression « frappes stratégiques » et invitant les travailleurs à faire confiance à leurs leaders syndicaux dans la stratégie engagée.

Au cours de la rencontre, les organisations syndicales (voir liste au bas de l’article) ont présenté une plateforme revendicative articulée en cinq points :

 l’arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie : Suppression de IUTS sur les primes et indemnités des travailleurs du privé, du public et du parapublic, le remboursement des coupures opérées sur la base de la loi de finances gestion 2020 ; Relèvement de l’abattement forfaitaire pour frais et charges professionnels à 50% ; Apurement sans délai des retards d’avancement, de reclassement, de titularisation et correction indemnitaire avec incidence financière ;

 l’arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales (respect de la liberté de manifestation sur la voie publique ; respect de la liberté syndicale notamment des conventions 87 et 98 à savoir le droit d’organisation, de grève et levée de toutes les sanctions prises à l’encontre de travailleurs pour raison syndicale ; finalisation de la révision du Code du Travail dans le respect des dispositions des conventions de l’OIT et des avis pertinents du BIT ;
opérationnalisation du check off ; suppression des nouvelles dispositions du code pénal révisé portant atteinte aux droits fondamentaux du peuple (liberté d’expression, droit à l’information, à l’insurrection, ...) ;

Les leaders syndicaux ont invité les travailleurs à maintenir la détermination dans la lutte qui est engagée (photo illustration)

 l’arrêt du pillage des ressources nationales (accompagnement conséquent de la justice pour faire la lumière sur les crimes économiques révélés entre autres par les enquêtes parlementaires, les rapports de l’ASCE/LC, de la Cour des Comptes et du REN-LAC et la sanction de leurs auteurs ; dénonciation de la convention révisée du Rail avec Bolloré en vue de privilégier les intérêts de l’Etat et des populations ; élaboration d’un fichier unique informatisé du foncier pour une saine gestion du foncier ; recouvrement sans délai des sommes dues au trésor public par les contribuables indélicats et les hauts dignitaires ; Relecture du code minier en vue de prendre en compte les intérêts du pays, recouvrement du fonds de développement local et arrêt des exonérations injustes accordées aux sociétés notamment aux sociétés minières) ;

 garantie du droit à la sécurité des populations (accompagnement conséquent de la justice pour l’établissement de la vérité et le jugement des différents cas de crimes de sang notamment les dossiers de l’insurrection populaire, de l’assassinat des responsables de l’ODJ dans le Yagha et l’exécution des mandats d’arrêt émis par la justice ; mise en œuvre effective de l’article 2 de la constitution du 2 juin 1991 disposant que "la protection de la vie, la sûreté et l’intégrité physique sont garantis" ; Prise en charge adéquate des familles des victimes du terrorisme, des déplacés internes et adoption de mesures en vue de leur retour dans leurs localités d’origine) ;

 le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des travailleurs.

OL
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Organisations syndicales membres de la plateforme, à la date du 26 février 2020, et ayant pris part à l’assemblée générale :

Le COLLECTIF SYNDICAL CGT-B : > CGT-B (F-SYNTER SYNATRAG SYNTSHA -STPB - SNAID SYNTH SYNTEX SYNTETH SYNTRAGMIH FNBPB SYNAS Coordination/CNSS Coordination/SONABEL - Coordination/FSR-B) SYNATEB - SYNTAS - SYNATEL - SYNAFI - SYNAMICA - SYNASEB - SYNACIT -SYNAPTIC - SYNATIC - SATB - SYNAPAGER - Comités CGT- B/ONEA
L’INTERSYNDICAL DES MAGISTRATS : (SAMAB-SMB-SMB).

LA COORDINATION DES SYNDICATS DU MINEFID :(SATB-SNAID-SYNATRAD SYNTPC-SYNAFI-SYNASDB-COMITE CGT-B/ENAREF).

AUTRES SYNDICATS AUTONOMES : SYNAGSP-APN - SYNACSAB-SYNADES - SYNAFEL SYNDROME - SYNATRACT- SYNTEF SYNAFEL SYNAJEFP - SGB - SYNA - SAMAE- SYNAMUB - SYNAGRH - SYNETI - SYNAGIS - SYNIACCB - SYNAPDH-SYNTRAPOST

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