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Ouagadougou en saison hivernale : pendent la pluie, pas de boulot

Publié le samedi 20 août 2005 à 12h48min

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Le mois d’août est réputé pluvieux au Burkina. A Ouagadougou, les pluies se succèdent, les flaques d’eau aussi. La saison hivernale est bien installée et avec elle, vient la boue et les affaires en prennent un coup sérieux. Sidwaya Plus est allé découvrir cette situation dans les quartiers périphériques de la capitale du pays des Hommes intègres.

Selon les services météorologiques, 20,3 mm d’eau ont été recueillies, mercredi 17 août dernier. Ce jour-là, les Ouagalais se sont réveillés sous la pluie. Une matinée pluvieuse donc. Jusqu’à 11 heures, une fine pluie s’abattait toujours sur le sol de la capitale burkinabè. Un temps glacial règne sur le ciel, confirmant l’adage selon lequel "après la pluie vient le beau temps".

Sur l’avenue de la Nation, la circulation est clairsemée. Beau temps oblige, la pluie ayant retenu bon nombre de Ouagalais à domicile. Seuls quelques usagers de la route font la navette. Quelques taxis avec à bord des clients circulent sous la fine pluie. Pour nombre d’entre eux, c’est une journée de perdue pour les affaires. Les uns vêtus d’imperméable, d’autres de manteau ou portant sur la tête un parapluie, d’autres vêtus seulement de chemise affrontent la pluie à leur façon.

Les gouttes de pluie et le temps glacial semblent avoir raison de la volonté de nombre de Ouagalais de vaquer à leurs occupations. Pour Ibrahim Traoré, soudeur de son état, lorsqu’il pleut le matin, son travail est "gâté". "Je préfère rester chez moi attendre que l’orage passe. Je ne porte pas de parapluie. En ce moment, mon activité fonctionne au ralenti à cause de la pluie", dit-il. Et d’ajouter, qu’on ne peut rien faire en ce moment (NDLR : il gouttait mercredi17 août dans la matinée). Selon lui, les fortes pluies causent à son activité de soudure des pertes énormes.

Combien ? Ibrahim Traoré n’ira pas plus loin, se refusant de dévoiler le montant de ce manque à gagner. Soit ! Et c’est donc la journée qui est perdue. Larba, vendeurs de bois à la rue Zom-koom au secteur 12 Dapoya va emboucher la même trompette que Ibrahim Traoré. Tout en avouant que sa maison s’est écroulée le dimanche 14 août dernier, il affirme : "quand il peut, on ne vend pas le bois.

L’activité s’arrête et doit reprendre après". Le Jean replié, les mains dans les poches, le jeune homme âgé de la vingtaine rigole, cause avec ses camarades comme pour oublier ses problèmes. Derrière eux, c’est la boue et des flaques d’eau qui règnent sur la route. Après la pluie, Ouagadougou ressemble à une cité aux mille visages. D’un côté, sur les grandes avenues où il existe un système d’évacuation rapide des eaux, la circulation est plus aisée, avec en toile de fond une bonne piste circulable. "Moi quand il y a la pluie, j’évite au maximum d’emprunter les rues non bitumées, à cause de la boue et des flaques" a confié un passant au Rond-Point des Nations-unies.

A l’opposé, dans les zones d’habitations traditionnelles, c’est la boue, les eaux stagnantes, les caniveaux mal assainis qui côtoient les riverains. Lorsqu’il pleut, Ouagadougou de la périphérie a les "pieds" dans la boue et dans l’eau, les rues sont humides. Sur les voies bitumées, des flaques d’eau gênent la circulation.

Dans les quartiers, la situation est encore plus "dramatique". Des rues impraticables du fait de la boue, des eaux sales par-ci, par-là, des caniveaux presque bouchés débordant d’eau, c’est ce qui retient l’attention à Dapoya et à Larlé.
Les riverains, faute de ne pouvoir rien contre l’invasion des eaux de la pluie, observent cette situation. "L’eau nous dérange, mais on n’y peut rien. Pire, elle est sale et cela peut causer des maladies" s’est indigné un riverain de la rue Zom-Kom.

Une rue boueuse où se frayer un chemin relève du parcours du combattant.

A l’origine, l’absence de canalisation

"Quand il pleut, c’est comme ça chez nous. Regardez, la cour voisine est envahie par l’eau de pluie" déclare Eric, gérant du kiosque de la gare que nous avons trouvé les pieds dans l’eau. D’ailleurs, celui-ci continuait de servir ses clients. Sous leurs pieds, une eau rougeâtre stagne. Plus loin, c’est un télécentre bordé de boue.
La rue est boueuse et les riverains ne savent plus à quel saint se vouer. Et l’hygiène dans tout cela ? "Ce n’est pas joli de marcher dans la boue. Il faut une canalisation pour faire partir cette eau. La pluie m’a surpris alors que je partais à Sankar-yaaré. La saison, si elle se poursuit sur cette lancée, augure de bonnes récoltes" dit un client du kiosque de la gare, Oumar Barro. En pareille situation, difficile de se frayer un passage, tant la circulation devient corsée non pas à cause de l’affluence mais du fait de l’impraticabilité de la voie. Il faut être, pourrait-on dire, sportif au point pour enjamber les flaques d’eau. "La boue nous gêne énormément. Mais que voulez-vous, on n’y peut rien" semblent se résigner Eric et ses clients.

N’avez-vous pas peur pour la santé des clients et pire d’être déguerpis par les services compétents ? A ces mots, l’adolescent arrêté les pieds dans l’eau explique ceci : "Ils ne nous ont jamais rendu visite. D’ailleurs j’ai en projet de refaire le kiosque le mois prochain". C’est bien sûr, le bien-être des clients qui est mis en branle. Et à quel prix ? En ces temps d’épidémie de choléra, il ne serait pas exagéré que les services compétents prennent ces cas à bras-le-corps. Santé publique oblige ! Car si on n’y prend garde, cela pourrait avoir des répercussions fâcheuses sur la santé des populations. Et ce sont donc les riverains qui sont exposés à tous les dangers : paludisme, diarrhée, choléra, etc.

A la rue Niandé-Ouédraogo sise à Larlé, c’est le même scénario : les hommes côtoient les eaux sales. Pis, des étals du marché sont exposés à même le sol alors que les eaux de pluies coulent à proximité. "C’est le manque de caniveaux qui fait que l’eau circule au milieu de la route" se plaint Sayouba Nikièma, vendeur de fer. Pour lui, quand il pleut, il est obligé de sortir pour travailler. Fousséni Barro, routier, pour sa part, renchérit en ces termes : "quand il pleut, il est difficile de circuler à Larlé. Il y a des rues impraticables" précise-t-il. Cela entache l’activité de transport de marchandise qu’exerce Fousséni Barro. Ouagadougou, à bien des égards, manque cruellement de canalisation dans les secteurs d’habitation. Une situation qui cause des pertes dans les affaires des riverains en saison pluvieuse. Après la pluie, au lieu du beau temps qui devrait suivre, c’est plutôt la boue et les angoisses.

S. Nadoun COULIBALY (Coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
Sidwaya

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