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Investissements pastoraux dans les Balés : Dialoguer pour réussir

Publié le jeudi 6 décembre 2018 à 18h00min

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Investissements pastoraux dans les Balés : Dialoguer pour réussir

Le dialogue et le consensus, les maitre-mots pour identifier des parcours et mettre en place des infrastructures pastorales durables pour faciliter la mobilité et l’accès aux ressources naturelles. Voici les conclusions de la 6ème édition de la rencontre citoyenne des Eleveurs et Agropasteurs qui s’est tenue du 24 au 25 novembre 2018 à Boromo dans la province des Balés.

C’est donc par un appel à l’action que les participants de la Rencontre citoyenne des Eleveurs et des agropasteurs (RECITAG) ont clos la 6ème édition de cet évènement qui s’est déroulée du 24 au 25 novembre à Boromo. Pasteurs, agropasteurs, services techniques, autorités coutumières et locales, OSC pastorales ont invité tous les acteurs à dialoguer pour sécuriser la mobilité des troupeaux, pour construire davantage d’infrastructures pastorales (forages pastoraux, parcs de vaccination, aires de pâtures, pistes à bétail), pour faciliter le commerce des animaux en délimitant des couloirs de passage, en construisant des marchés à bétails etc.

Selon Pierre Aimé Ouédraogo, expert foncier au Projet d’appui aux communes de l’Ouest en matière foncière (PACOF) « le Burkina Faso n’a pas d’autres choix que de travailler à ce que les ressources pastorales se développent au bénéfice de l’économie nationale et de l’amélioration des conditions de la population ». Pour lui, les données parlent pour l’élevage et le pastoralisme. Ce secteur contribue pour 18% à la formation du PIB et est le 3ème produit d’exportation du Burkina Faso.

Lors de la conférence inaugurale des RECITAG, il a expliqué que le Projet d’appui aux communes de l’Ouest en matière foncière (PACOF) a mené une série de concertations avec 40 communes dans la région. Des consensus ont été trouvés pour la mise en place de parcours pastoraux et d’infrastructures pastorales tels que pistes à bétail, couloirs de passages, aires de pâtures, forages pastoraux, marchés à bétail etc.

Ces investissements à réaliser sont d’autant plus cruciaux que la province des Balés est occupée à 80% par des forêts. Ce qui ne permet pas la mobilité des animaux pour rejoindre les ressources pastorales et les marchés. Hassan Barry, président du RECITAG a expliqué que l’association mène sur le terrain des concertations pour la prévention et gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs et avec les services de l’environnement.

Selon Yaya Sanogo, Haut-Commissaire de la province des Balés, ce dialogue a commencé à produire des fruits. Ces actions de concertation et de plaidoyer entre les pasteurs, les services de l’environnement ont permis de prévenir des conflits et d’améliorer accès des pasteurs aux ressources naturelles dans sa province. M. Barry explique que RECITAG a également adhéré à l’Alliance des OSC pastorales pour porter haut la voix des pasteurs.

En rappel l’Alliance des OSC pastorales a été mis en place dans le cadre du programme Voix pour le changement financé par le ministère néerlandais des affaires étrangères (DGIS) et mise en œuvre par le Service Néerlandais de Développement (SNV) et les organisations de la société civile dans 6 pays dont le Burkina Faso.

Au Burkina Faso ce programme comprend trois thématiques dont la thématique « résilience pastorale » opérationnalisée sous la houlette de la Plateforme d’Actions pour la Sécurisation Ménages Pastoraux et l’Association pour la Promotion de l’Elevage au Sahel et en Savane. Pour plus de force, de visibilité et légitimité, les deux OSC ont mobilisé autour d’elles 13 autres OSC pastorales.

Ce plaidoyer se fait au niveau national, régional et local. Il s’agit d’amener les autorités locales à élaborer et adopter des lois et règlementations qui prennent en compte les intérêts des pasteurs tout en tenant compte des questions de genre, de décentralisation et des changements climatiques.

Les OSC pastorales plaident donc ensemble pour l’augmentation des ressources allouées au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques afin qu’il puisse remplir convenablement sa mission. Actuellement ce budget est à 1% du budget global. A court terme, les OSC pastorales souhaitent que ce budget passe à 3%.

Quant aux collectivités territoriales, les OSC pastorales souhaitent qu’elles traitent mieux les questions sur le pastoralisme dans leurs documents de planification (PAI, PCD, PRD) et investissent conséquemment dans le secteur, a expliqué Hassan Barry. Sans des pistes à bétail, des couloirs de passage, des parcs de vaccination, des forages pastoraux en nombre et fonctionnelles, l’exercice du pastoralisme est difficile et est source de conflits.

Pour Pierre Aimé Ouédraogo le PACOF a réussi à obtenir des consensus avec plusieurs communautés pour la délimitation d’espaces de pâtures, de couloirs de passage, de forages pastoraux, etc. dans l’Ouest du Burkina. Il s’agit maintenant pour les communes concernées de prendre des arrêtés, de prévoir des financements conséquents pour leur réalisation. Ce qui relève d’un autre combat. Reste à traduire tout cela en acte !

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