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Les grossesses en milieu scolaire : Une douleur silencieuse qui provoque beaucoup d’amertume selon l’A.E.E.M.B

Publié le vendredi 9 mars 2018 à 00h38min

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Les grossesses en milieu scolaire : Une douleur silencieuse qui provoque beaucoup d’amertume selon l’A.E.E.M.B

Les grossesses en milieu scolaire font chaque année des victimes. Les acteurs éducatifs de même que les parents s’inquiètent du phénomène devenu courant. Focus sur un mal silencieux qui provoque beaucoup d’amertume et plombe la réussite scolaire des filles, toute chose qui ne peut être qu’un handicap quant à la participation de la femme à la gouvernance.

Etat des lieux des grossesses en milieu scolaire.

Le phénomène connu depuis longtemps dans les établissements primaires et secondaires prend de plus en plus des proportions inquiétantes dans le monde en général et particulièrement au Burkina Faso. Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), il survient chaque année 80 millions de grossesses en milieu scolaire dans les pays en voie de développement. Le Burkina enregistre chaque année un nombre important de grossesses précoces signalées de toutes parts. Et selon une étude commanditée par le Fond des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation, près de 1016 cas ont été enregistré dans sept(07) régions du pays au cours de l’année scolaire 2011-2012.

Selon le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) à travers la direction de la promotion de l’Education inclusive des filles et du genre il ressort qu’au cours de l’année scolaire 2013-2014 une situation de 2 295 cas de grossesses en milieu scolaire dont 481 filles mères reparties sur l’ensemble du territoire national. Le phénomène se pose avec acuité dans certaines régions telles que le Sud-ouest avec 578 cas, les Cascades avec 334 cas, le Plateau Central avec 242 et le Nord avec 227. Au cours de l’année scolaire 2014-2015, dans les établissements de la région du Centre-Ouest plus de 400 cas de grossesses non désirées ont été recensées, dont près de 70% post primaire, et 40% en classe de 3e.

Au cours de cette même année, 70 cas ont été enregistrés dans les établissements scolaires de la Boucle du Mouhoun, 40 cas dans les Hauts-Bassins (6 cas au primaire, dont 5au CM2 et 1 cas au CM1). Pour l’année scolaire 2015-2016, les services techniques du MENA ont enregistré respectivement dans les établissements de la région du Sahel et du Centre-Ouest, 94 cas dont 76 au post-primaire, 18 au secondaire et 382 cas dont 78% au post-primaire et 40% en 3eme. Selon la direction régionale des droits humains des Cascades, 126 cas de grossesse en milieu scolaire ont été enregistrés dans la commune de Niangologo en cette année scolaire 2017-2018. Les principaux auteurs de ces grossesses sont en première place les élèves eux-mêmes. En deuxième place les jeunes du secteur informel, en troisième place, viennent les commerçants et les enseignants et la dernière place est occupée par les autres fonctionnaires et orpailleurs. Ainsi quelles pourraient être les causes probables de cette situation très inquiétante ?

Les causes des grossesses en milieu scolaires.

Les raisons qui justifient le taux de plus en plus croissant des grossesses en milieu scolaire sont multiples et multiformes. Entre autre on peut citer :
Les facteurs socioculturels : sur le plan culturel on peut citer les mariages précoces et ou forcés, la mise en cause de la responsabilité des parents (par exemple leur négligence dans le suivi des filles, leurs faibles capacités à parler de la sexualité et de la crainte de Dieu à leurs enfants) au plan social, notons que les adolescent(e)s acquièrent leur maturité physique, émotionnelle et psychologique dans un monde en pleine transformation. Cette cible reçoit des messages contradictoires sur la santé sexuelle et reproductive, ce qui fait affaiblir sa capacité à faire des choix judicieux. A cela, il faut ajouter d’autres éléments tels que la dépravation des mœurs, la gêne des filles à recourir aux services de santé maternelle et infantile ; le harcèlement /chantage sexuel entre partenaires et la crise de l’adolescence.

Les facteurs économiques : la pauvreté et la misère avec leurs corollaires que sont l’ignorance, la drogue, l’effet de mode le mimétisme, l’influence de la mauvaise compagnie, la prostitution, l’alcoolisme, le développement des activités minières, la marginalisation etc. peuvent aussi conduire à des comportements de dérives se soldant souvent par des grossesses précoces.

Les facteurs scolaires : l’absence de module d’enseignement sur la sexualité tout en mettant l’accent sur les dangers graves d’une sexualité précoce. Absence de sensibilisation sérieuse sur les fléaux tel que les grossesses précoces au contraire lors de ces activités les élèves sont sensibilisés aux méthodes contraceptives avec des partages de préservatifs à tout hasard. Un tel acte au lieu de résoudre le problème complique en réalité et conduit à une vie sexuelle animale ouvrant ainsi la porte à d’autres tristesses telles que les IST. En plus il faut ajouter la suppression des internats dans le public, le harcèlement du personnel enseignant et administratif en échange avec des notes pour passer en classe supérieur, l’insuffisance de la formation du personnel éducatif à la déontologie, les mauvais habillements des filles malgré la tenue scolaire, le personnel enseignant de plus en plus jeune.
Il y’a aussi le manque de confiance en soi des filles, l’insuffisance des centres d’accueil pour jeunes filles, l’insuffisance de l’offre éducation éducative. Au vu des causes suscitées les conséquences des grossesses en milieu scolaires également ne seront pas à négliger.

Les conséquences des grossesses en milieu scolaires.

Les conséquences des grossesses non désirées et précoces sont nombreuses. Il s’agit entre autres :
Au niveau de la scolarité : l’absentéisme qui aboutit à la déperdition et ou à l’échec scolaire.
Au niveau social et économique : Les conséquences sociales et économique des grossesses non désirées en milieu scolaire sont aussi nombreuses : abandon scolaire, retard dans le cursus scolaire, exclusion de la famille, l’abandon d’enfant, l’infanticide, les conflits familiaux, la marginalisation, l’augmentation des charges familiales, la prostitution, surtout les filles abandonnées et laisser à elles-mêmes, le choc psychologique, la perte de la dignité ou l’honneur, le rejet entrainant une dépression nerveuse, le bannissement, l’exclusion sociale, la perte de soutien financier, le handicap dans l’avenir, la pauvreté.

Au niveau sanitaire : Les grossesses non désirées sont sources d’avortements clandestins, généralement pratiqués dans de très mauvaises conditions de sécurité, et qui ont des conséquences importantes sur la santé de ces filles telle que la stérilité. Ces avortements volontaires et clandestins pouvant même conduire à la mort et l’exposition aux IST et au VIH/SIDA. Les taux de prévalence moyens du VIH chez les jeunes de 15-19ans est de 0,2%et chez les jeunes de 20-24ans il est de 0,8%.Il peut y avoir des troubles de maladie obstétricaux tels que la fistule obstétricale. Des troubles psychiques peuvent intervenir à la suite du mauvais regard que l’entourage pourrait avoir sur la fille. Mieux vaut prévenir que guérir avons l’habitude de dire. Ainsi avec toutes ces conséquences liés aux grossesses en milieu scolaire il serait important de proposer des solutions afin d’éduquer nos jeunes à une gestion responsable de leur sexualité.

Quelques solutions pour éviter les grossesses précoces en milieu scolaire.

D’abord il faut que l’Etat puisse prendre ce problème à bras le corps car au-delà que ça soit un problème social, il est un problème général qui détruit la jeune fille créant ainsi beaucoup d’enfants de la rue et des prostituées. C’est pourquoi il doit y avoir un cadre d’information fiable et accessible en lien avec la sexualité avant l’amorce de l’adolescence qui commence généralement entre 10 et 11 ans pour la fille et 12 et 13 ans pour le garçon. Il faut initier des cours d’éducations sexuelle au moins à partir de la classe de CM2. Dans les séances de sensibilisations l’accent devrait être mis sur les conséquences et non sur l’utilisation des méthodes contraceptives.

Nous sommes tous unanime que les effets nuisibles des méthodes contraceptives sont nombreux et encourager ces jeunes filles à bas-âge à une telle pratique c’est vraiment leur réservé un risque sanitaire à long terme et surtout leur encourager à un vagabondage sexuel vu qu’elles peuvent plus tomber enceinte tout devient permis. IL doit y avoir aussi des centres de réinsertions pour certains cas surtout celles victimes de viol ou tout autre cause semblable. Des sanctions doivent être prévues pour celui qui enceintera une mineur et de même pour la mineur qui tombera enceinte si cela n’est pas par cas de viol ou autre situation de force. Il est impératif de réduire la promiscuité à l’école en cherchant des moyens pour mettre une distance entre filles et garçons. Revoir la déontologie pour mieux former les enseignants sur leur collaboration avec les filles à l’école. L’Etat doit construire des internats dans au moins chaque province pour maintenir les élèves un tant soit peu.

Ensuite il faut que les parents puissent pleinement jouer leur rôle. Dans cette histoire de grossesse en milieu scolaire les responsabilités sont partagées mais les parents sont les plus coupables que tous car l’éducation de base relève de leur ressort. Ils sont nombreux ces parents qui regardent leurs filles sortir presque nues sans rien dire ou au contraire apprécient. Aucune décence dans l’habillement des filles et cela au nez et à la barbe de maman et papa. Les parents doivent- ils continuer à faire de la sexualité un sujet tabou à la maison ? Il est temps que les mentalités et les comportements changent au bonheur de tous. Il est mieux de commencer à parler de la sexualité avec les enfants à temps afin de les éviter la sexualité précoce et ses conséquences. Il serait aussi mieux d’insister sur les aspects religieux afin que les filles puissent aussi avoir la crainte d’Allah, et même si elles sont tentées cette crainte de Dieu pourra les aider à ne pas tomber dans la tentation. Les parents doivent comprendre aussi qu’ils doivent s’occuper financièrement de leurs enfants jusqu’à ce qu’ils puissent être capable de travailler et d’avoir eux-mêmes l’argent.

Malheureusement beaucoup de parents abandonnent les enfants à un moment donné de se débrouiller eux-mêmes. Ainsi comment une fille pourra se débrouiller si ce n’est que courir derrière les garçons pour en avoir. Quelqu’un disait en s’adressant à un parent ceci : « Si tu refuses de faire un effort pour donner à ta fille ce qu’elle demande, quelqu’un d’autre le fera dehors mais pas dans les même conditions que toi ». En plus ils doivent éviter de donner des portables aux enfants à bas-âge ou encore vérifier souvent les contenus des films et autres qui s’y trouvent, de même contrôler les émissions télé suivis par les enfants. Les géniteurs doivent interdire les enfants de fréquenter les maquis ou de fréquenter les lieux où la perversité est trop élevée. Eviter de conseiller les méthodes contraceptives aux enfants pour les éviter les grossesses car elles engendrent d’énorme conséquences mieux que les grossesses. En dehors de l’école on doit permanemment contrôler les sorties et les habillements des enfants surtout les filles qui sont plus vulnérables. Que les parents comprennent que l’enfant passe la plus grande partie de son temps en famille et non à l’école.

Laisser l’éducation de l’enfant uniquement à l’école ce n’est ni moins ni plus qu’une démission. Pourtant l’islam a accordé une place de choix à l’éducation familiale. De ce fait le Prophète (SAW) nous dit ceci : d’après Abdallah Ibn Omar (qu’Allah les agrée, le Prophète (SAW) a dit : « Chacun d’entre vous est un berger et chacun d’entre vous sera interrogé concernant son troupeau. Le dirigeant est un berger, l’homme est un berger pour les gens de sa famille, la femme est une bergère pour les gens de la maison de son mari et ses enfants. Ainsi chacun d’entre vous est un berger et chacun d’entre vous sera interrogé concernant son troupeau. » Rapporté par Boukhari et Mouslim. Les parents doivent éviter de bannir ou exclure la fille en cas de grossesse car cela n’est aucunement une solution au problème arrivé. Même si les parents sont les véritables fautifs il faut aussi reconnaitre que les filles sont souvent très difficiles à maitriser. Elles ont tous les moyens pour faire ce qu’elles veulent car elles sont attirées par une vie d’aisance, vivre au-delà de leur moyen avec des portables bien sophistiqués, des tablettes, des ordinateurs, des motos, des habillements de qualité, des coiffures françaises, des diners dans des restaurants de renommés….

Avec un tel comportement et la modestie des moyens que possèdent les parents forcements que ces services seront demandés à ceux qui ont les moyens en contreparties d’autres choses et le résultat final ne peut que donner des situations malheureuses de grossesse précoce et des maladies. Enfin l’école aussi a une grande responsabilité dans ce fléau de grossesses en milieu scolaire. L’école en tant que creuset d’apprentissage du savoir, du savoir vivre et du savoir être doit introduire des modules en lien avec l’éducation sexuelle. De nos jours certains sont contents d’aller à l’école car c’est un lieu de rencontre entre camarade et qui se termine par des copains copines bonjour une vie sexuelle à l’insu des parents. Aujourd’hui la tenue scolaire perd aussi sa valeur car il y’a moins de rigueur en ce qui concerne le modèle. Ainsi les filles adaptent à leur modèle et on a que les mêmes couleurs sinon aucune valeur de tenue encore. Les encadreurs quant à eux doivent faire l’effort afin de permettre aux filles d’étudier et réussir. Certains enseignants profitent de l’état de vulnérabilité des filles pour abuser d’elles.

C’est un crime et un mauvais exemple de la part d’un éducateur. Les responsables scolaires doivent éviter aussi d’exclure une fille victime de grossesse en milieu scolaire. Une fois le problème arrivé il faut vite contacter les parents et envisager les conduites à tenir. Si elle est exclue elle peut voir cela comme une humiliation et un suicide peut intervenir et cela constitue un malheur de plus. Puisse Dieu, Le Tout Puissant, Le Grand Educateur nous accompagner pour l’éducation familiale de nos enfants afin de garantir une jeunesse digne et responsable pour un avenir radieux. Amen !

Pour l’A.E.E.M.B. Cheick Tidiane DRABO

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