Ghana#Burkina Faso : 2-1 : La CAN s’éloigne davantage
Les Etalons rêvaient encore de conquêtes et de grandes batailles continentales. Les voici désormais entraînés dans de sordides combats de tranchées. Ils peuvent bien exhiber leurs galons de demi-finaliste en 98 et leur participation, cinq fois d’affilée, à la CAN, témoignage de leur lustre passé, tout ceci ne les préserve pas d’un présent angoissant.
L’équipe nationale bukinabè a beau voleter dans l’arrière-cour depuis le début de ces éliminatoires, on a longtemps pensé qu’elle s’envolera de cette gadoue. Parce que c’était les Etalons et que ca ne pouvait pas arriver. Dimanche dernier, la défaite face aux Black Stars (2-1) les a ramenés sur terre. Et pour toujours dans cette compétition ?
Pour ceux qui rêvaient d’une bonne pression, l’adresse du dimanche étaient le Kumasi Sports Stadium. Jamais les Black Stars n’ont autant tremblé à domicile face aux Etalons que ce jour-là. Mais comme souvent, le Ghana l’a emporté, et comme souvent, ce fut dans les ultimes minutes du match. Rappelons-nous de la CAN 2002 au Mali. Touré ouvrait le score sur un superbe coup-franc et les Etalons perdaient face aux Black Stars au coup de sifflet final.
Pour cette rencontre des éliminatoires de la CAN et du Mondial 2006, le scénario était identique ou presque car ici, le buteur est Dagano. Mais à quand s’arrêtera cette berezina ?
Telle est la question que l’on doit se poser. Parce que dimanche dernier, les Etalons ne méritaient pas de perdre au Baba Yara Sports Stadium ou Kumasi Sport Stadium. C’est selon. Tout au plus, ils pouvaient regagner Ouagadougou avec le point du match nul. Mais deux erreurs défensives ont suffi au bonheur des Ghanéens.
D’entrée de jeu, la tactique mise en place par Bernard Simondi perturbait énormément les Black Stars.
L’entraîneur national du Burkina choisit de densifier son secteur médian par trois récupérateurs (Rouamba, Bêbê et Kéré) pour endiguer l’activité de Stephen Appiah, l’homme qui tire les ficelles du jeu, côté ghanéen. Il lui affecte même un chien de garde en la personne de Florent Rouamba. Le jeune unioniste, joueur de devoir, vigilant et appliqué aura donc été l’auteur d’une prestation tout à fait remarquable. Car Appiah, on ne le vit pas jusqu’à cette fameuse 65e mn.
Le métronome muselé, les Ghanéens monopolisaient la plupart du temps le ballon, sans être dangereux devant Soulama. La maladresse et le peu de génie de leurs attaquants permettaient à la défense burkinabè de récupérer à chaque fois. Les Black Stars étaient abonnés à proposer un ersatz de football à leur public. Cette impuissance allait instiller le doute dans les esprits des supporters locaux. Et Dagano ira même plonger l’enceinte du Kumasi Sports Stadium dans l’affliction complète en exploitant judicieusement une longue balle de Bêbê Kambou (29e mn). Les Etalons déroulaient car on ne peut pas dire que les Ghanéens aient franchement mis en difficulté le bloc burkinabè durant toute la première période. La match aurait pu se jouer une éternité sans que rien n’y fit.
Le penalty d’Appiah
A la seconde période, les poulains de Simondi restaient sur le même dispositif. Les Black Stars rodaient aux abords de la surface de Soulama sans être dangereux pour celui-ci. Pour les Ghanéens qui s’étaient pourtant employés à ne pas faire traîner l’affaire, leurs offensives auront bien trop été désordonnées pour faire mouche. Ils manquaient surtout d’inspiration et d’imagination. Mais des intermédiaires viendront leur faciliter la tâche. Sur un ballon sans danger apparent, un déficit de communication entre Bra Ouattara et Abdoulaye Soulama cause un penalty bête. Les Burkinabè auraient pu s’éviter pareille frayeur car les Black Stars ont longtemps paru inoffensifs.
La première période avait même été plutôt paisible pour la défense des Etalons, rarement mise à l’épreuve, pour ne pas dire jamais. Stephen Appiah chargé d’exécuter la sentence ne tremble pas et marque (65e mn). A ce moment précis de la rencontre, les mouches changent d’âne et le match change d’âme. Les Etalons commencent à souffrir. On observe alors trop de maladresses, de ballons perdus et des coups-francs concédés pour être arrivés en retard sur le ballon. C’est à peine si on ne dit pas que cette égalisation arrive comme une punition. Et pour ne pas arranger les affaires burkinabè, "Bouffe-tout", patron de la défense, souffrant des adducteurs sort (79e). Il est remplacé par Ibrahim Gnanou qui fêtait son premier cap chez les A. L’axe central de la défense burkinabè était devenu donc juvénile puisque Bra Ouattara honorait lui aussi sa première sélection en tant que joueur de champ avec les seniors. Rapidement, le manque d’expérience se fit sentir. Une absence dans l’axe permit à Mathew Amoah de donner l’avantage aux Black Stars (82e mn). Le sort des Etalons était alors scellé.
Les Ghanéens ont concassé les Burkinabè dans les 25 dernières minutes qui ressemblaient davantage à une séance d’équarrissage en plein air qu’à un duel entre deux des prétendus favoris du groupe. Le match du dimanche a une nouvelle fois mis en lumière la nécessité urgente de trouver un ou plusieurs chefs de meute, un homme capable d’aboyer et de mobiliser les troupes lorsque les conditions de jeu changent. En témoigne, l’égalisation ghanéenne qui loin de resserrer les rangs, a provoqué un repli et un accès de frilosité dans le jeu burkinabè.
Ce n’est pas le talent qui manque aux Etalons, c’est de créer une équipe animée d’âme de groupe, c’est de ressusciter une dynamique de club comme elle existait du temps de Troussier en 1988 ou de Rabier en 2003. Peut-être avec les vacances des pros, cela se fera-t-il. Mais ce ne sera pas déjà tard ?
Béranger ILBOUDO,
Envoyé spécial à Kumasi (Ghana)
Sidwaya