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« Le commissaire vendait des cylindres des motos de patrouilles », confient des policiers radiés

LEFASO.NET | Tiga Cheick SAWADOGO

Publié le mardi 25 avril 2017 à 00h16min

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« Le commissaire vendait des cylindres des motos de patrouilles », confient des policiers radiés

Y a-t-il eu des règlements de compte dans la révocation de certains policiers en 2011 ? Affirmatif, répondent certains des 136 jugés indésirables dans les rangs de la police. Beaucoup avaient maille à partir avec leurs chefs et l’occasion de la mutinerie fut belle pour les remercier sans autre forme de procès. Ce 24 avril au ministère de la sécurité intérieure, alors qu’ils étaient en sit-in pour exiger leur réintégration, des anciens policiers ont donné quelques exemples.

En 2011, il n’y a pas eu de mutineries à Dori. Pourtant des policiers en service dans cette ville ont été révoqués suite aux tirs, dont Ouagadougou fut essentiellement l’épicentre. La cause de cette mesure à leur encontre serait simplement un règlement de compte.

Avant la mutinerie, deux agents de la police sont affectés pour une mission avec une équipe de L’Office national d’identification (ONI) dans les villages de Dori. « Chaque élément devrait percevoir 210 000 F CFA », précise Arnaud Francis Kinané, chargé à la communication des policiers révoqués. La mission finie, les policiers attendent en vain leurs frais. Après un mois d’attente, ils prennent contact avec l’ONI. On leur fait savoir que le chef a empoché le pactole, depuis un mois.

« Ils sont alors partis voir le chef qui leur a demandé d’où ils tenaient cette information qu’il a déjà émargé. Les agents ont dit qu’ils ont approché l’ONI. Il a tiré son tiroir, et enlevé 20000 f pour remettre à chacun des deux éléments qui ont refusé de prendre. Il a alors appelé un responsable de l’ONI pour lui faire comprendre qu’il veut le mettre en conflit avec ses agents ».

L’affaire est ainsi restée sans suite, jusqu’à ce que les deux policiers soient appelés pour une audition au ministère de la sécurité. « On leur a demandé ce qui s’est passé à Dori à l’occasion de la mutinerie. Ils ont dit qu’il n’y a rien eu à Dori et ils ne comprennent pas pourquoi on les appelle, parce qu’il n’y a pas eu de tirs à Dori. Il y a un commissaire qui leur a dit qu’ils ont la mémoire courte. C’est ainsi qu’on leur a rappelé le service payé, le problème qu’il y a entre eux et leur chef ».
Quand la liste des 136 policiers révoqués est publiée, les noms des deux policiers y figuraient. Depuis, ils crient injustice.

Autre exemple, dans la commune de Banh. Des éléments alors en service dans cette partie du territoire ont été radiés alors qu’il n’y a pas eu de mutineries. « Le commissaire vendait des cylindres des motos de patrouilles. Il a vendu la dotation (pneus, cylindre…) à un mécanicien. Des éléments qui étaient obligés de patrouiller avec leurs propres engins ont voulu lui parler, on a dit qu’ils ont voulu frapper leur chef et ils ont été radiés », a poursuivi le communicateur des révoqués.

Les exemples de ces règlements de compte sont légion, à en croire les protestataires du jour. Comme ces policiers qui étaient en service à l’aéroport de Bobo. « Le chef nous a prélevé 410 000. C’était L’officier de police Abdoul Aziz Naco, actuellement élève commissaire. Nous lui avons dit que nous ne sommes pas d’accord. Par la suite nous avons été radiés alors qu’il n’y a pas eu de tirs à l’aéroport de Bobo ».

Aussi les radiés nous ont présenté une copie d’un document du ministère des finances. Dans ledit document, il ressort que les salaires des anciens policiers ont été suspendus, suite à des lettres de démission qu’ils ont déposées entre 2009 et 2010. Est-ce qu’on peut radier des éléments pour mutinerie et on part mettre dans les documents qu’ils ont démissionné d’eux-mêmes ? s’est demandé Arnaud Francis Kinané.

Autre fait, après avoir manifesté bruyamment en 2011 et dans la recherche de solutions avec les autorités, les mutins avaient reçu chacun 100 000 F, pour calmer momentanément la situation. « La hiérarchie a aussi émargé. Pourquoi émargé ? Donc ce sont des mutins aussi, pourquoi alors on radie 136 personnes ? ». Question de radiés qui cherchent toujours intégration.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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