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Dossier Thomas Sankara : Les résultats de l’autopsie doivent être confirmés par des tests ADN

Publié le mercredi 14 octobre 2015 à 05h58min

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Dossier Thomas Sankara : Les résultats de l’autopsie doivent être confirmés par  des tests ADN

Les résultats de l’autopsie des restes du corps de Thomas Sankara ont été présentés aux parents des victimes et des avocats ce mardi 13 octobre 2015. Selon les avocats, il y a des éléments qui portent à croire qu’effectivement les restes trouvés dans les tombes sont ceux des personnes qui ont été assassinées le 15 octobre 1987. Mais il faut attendre confirmation des tests ADN.

« Il y a beaucoup d’éléments qui concourent à dire que le corps trouvé dans la tombe est celui de Thomas Sankara. Mais il faut attendre encore les résultats des tests ADN pour certifier ». Ce sont les premiers mots de Me Bénéwendé Sankara, l’un des avocats de la famille Sankara, après près de quatre heures de rencontre avec les juges militaires. Les résultats de deux rapports leurs ont été présentés, en présence d’autres avocats. Il s’agit du rapport d’autopsie et le rapport d’expertise balistique. Ce qui a manqué, c’est le rapport portant test ADN pour la simple raison que « les résultats ne sont pas encore prêts ».
Mais selon Me Sankara ces deux rapports permettent déjà de faire des conclusions sous réserves des tests ADN. Pour lui on peut déjà conclure que ces assassinats perpétrés le 15 octobre 1987 sont d’origine criminelle. « Les balistiques ont prouvés qu’il s’agissait principalement d’armes à feu. On a trouvé des projectiles qui ont prouvé que c’était effectivement des balles qui ont été tirées et qui ont fait des orifices sur les restes qui ont été expertisés », soutient Me Sankara.

Des vêtements de victimes reconnus par les parents

Dans certaines tombes les parents des victimes qui étaient présents ont pu reconnaitre les vêtements que les parents assassinés portaient le jour de l’assassinat c’est-à-dire le 15 octobre 1987. Selon Me Ambroise Farama, en ce qui concerne Thomas Sankara, « la famille reconnaît que ce jour-là, il était habillé en survêtement rouge. Et le vêtement retrouvé dans cette tombe est effectivement de couleur rouge ».
Il en est de même pour d’autres victimes du 15 octobre 1987. « Pour Der Somé sa fille affirme que ce jour-là, c’est elle-même qui a proposé à son papa de porter tel survêtement. Et elle a effectivement identifié le survêtement. La marque, la couleur et tout », a ajouté Me Ambroise Farama. A ce stade on ne peut pas être totalement sûr qu’il s’agit bien de leurs corps. Selon lui, c’est l’expertise ADN qui viendra « le confirmer de façon définitive, mais il y a des éléments probants qui portent à croire que c’est bien les tombes des personnes assassinées le 15 octobre 1987 ».

Les impacts de balles.

Sur le supposé corps de Thomas Sankara, les expertises ont permis de trouver plusieurs impacts de balles. Selon Me Benewendé Sankara il y a eu des impacts de balles à plusieurs niveaux du corps : la poitrine, des jambes et même les bras. « On peut dire qu’il a été purement et simplement criblé de balles. Chez les autres on a retrouvé un ou deux impacts de balles mais en ce qui concerne Thomas Sankara il y en avait près d’une dizaine à plusieurs niveaux et même en bas des aisselles, ce qui montre qu’il avait levé les bras. Si c’est bien lui », a précisé Me Ambroise Farama.
Plusieurs types d’armes ont été identifiés grâces à l’expertise balistique. Ce sont par exemple les G3, les Kalachnikov. Selon Me Sankar, « il y a même des pistolets automatiques, peut-être même des grenades utilisées. En tous cas il y a des armes de types relevant de l’armée ».

Des inculpés

Plusieurs personnes sont inculpées dans ce dossier. Il s’agit pour la plupart des militaires. « Je pense qu’il y a 8 ou 9 inculpés », a confié Me Sankara. « Pour le moment ce que j’ai relevé ce sont des militaires de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) pour la plupart comme Nabonswendé Ouédraogo, le médecin est aussi inculpé pour faux en écriture publique. J’en oublie mais ce n’est que le début », a expliqué Me Sankara
Il y en a qui sont déjà déférés, d’autres ne le sont pas. A la question de savoir si le général Gilbert Diendéré en fait partie, Me Sankara répond : « Je n’ai pas souvenance de cela pour le moment. Le dossier est très volumineux, prochainement on aura plus de détails ». Certains des inculpés et leurs avocats étaient présents aussi pour prendre connaissance des éléments du dossier
La suite attendue dans ce dossier, c’est d’abord le rapport sur les tests ADN. A partir de là le juge pourra, peut-être continuer les convocations ou les inculpations.
Ces résultats sont une lueur d’espoir pour les familles des victimes du 15 octobre 1987. Selon leurs avocats, ils voient « déjà se profiler à l’horizon une instruction sereine où les droits de la défense sont garantis ». Ce qu’ils souhaitent, c’est que le juge ait cette sérénité jusqu’au bout pour faire son travail et qu’on puisse aboutir à la manifestation de la vérité.

Judicaël Gaël Lompo
Lefaso.net

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