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Situation nationale : « Ce qui nous guette est très dangereux ; c’est l’heure de vérité », Me Bénéwendé Stanislas Sankara

Publié le mardi 14 juillet 2015 à 00h27min

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Situation nationale : « Ce qui nous guette est très dangereux ; c’est l’heure de vérité », Me Bénéwendé Stanislas Sankara

En lieu et place de l’installation de sa direction nationale de campagne (qui était prévue pour ce mardi, 14 juillet), c’est plutôt sur l’actualité nationale que l’Union pour la Renaissance / Parti Sankariste (UNIR/PS) a jugé impératif de donner sa lecture à travers une conférence de presse tenue à son siège en fin de matinée, ce lundi, 13 juillet 2015. Un moment de diagnostic de la situation nationale au cours duquel, les responsables du parti ont appelé à un langage de vérité pour sauver le pays d’un enlisement.

« Aujourd’hui, le peuple burkinabè se rend compte que son insurrection est en train de lui échapper, il faut se ressaisir. Mais, dans le bon sens. Dans le sens d’abord de renforcer la paix, la cohésion sociale… ». C’est la perception de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’UNIR/PS, pour qui, la transition doit être sauvée avec, en sus, le respect de la date des élections. Il note qu’il est compréhensible qu’il y ait des difficultés dans le déroulement de la transition mais pas de nature à remettre en cause le processus. Sinon, ça devient une déstabilisation. C’est pourquoi, a-t-il expliqué que tout ayant été fait sur la base d’un consensus, il n’y a pas de raison que le RSP se mette à la place de tout le peuple, alors même qu’il n’est pas partie prenante, en tant qu’entité à part entière, en dehors des Forces de défense et de sécurité (FDS). Il s’insurge donc contre ce qu’il a appelé « confiscation de tout le débat démocratique » par le RSP dont il trouve la raison de ses agissements ailleurs. « Mais comme c’est le RSP, tout le monde dit dans ces conditions-là, il faut les laisser. Nous, nous disons à l’UNIR/PS, on ne va pas les laisser ». A en croire Me Sankara, depuis l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, le démantèlement du RSP a toujours été une forte revendication sociale. De son avis, le RSP est resté comme un boulet à la démocratie et un obstacle au processus de la transition. « Chaque fois, je pose la question de savoir comment un lieutenant –colonel a pu prendre le pouvoir devant des généraux et devant une Armée qui se voulait une armée de cohésion et d’unité nationales incarnées par un général qui est le chef d’Etat-major. Vous vous souviendrez également que la désignation du lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida a été présentée comme étant le fruit d’un consensus. Les politiques ont simplement pris acte, au nom de l’unité de l’armée, au nom de la cohésion sociale », a-t-il remonté. Revenant sur des faits antérieurs, dont la crise du 4 février, Me Sankara dit se convaincre que si ce régiment continue comme dans cet élan, même ceux qui seront élus le 11 octobre ne pourront pas gouverner, si le RSP n’est pas d’accord. « C’est cela la triste réalité », déplore-t-il avant de rappeler (s’appuyant sur la déclaration de l’Union africaine) au respect de l’autorité politique.
Il défie par ailleurs quiconque de montrer un seul haut fait du RSP, mis à part, selon lui, les crimes et assassinats. « Et je suivais quelqu’un qui disait pourquoi ne pas les (éléments du RSP) amener hors de Ouaga ; par exemple, en brousse… », a-t-il rapporté avant de répondre, « Essayez et vous verrez ! Peut-être que c’est le Président qui aurait dû se délocaliser et les laisser là-bas ».

La ‘’démobilisation’’ des hommes politiques

Pour le président de l’UNIR/PS, la réaction du RSP vient rappeler à l’ordre les hommes politiques qui, de son avis, avaient oublié qu’après l’insurrection, il y a tout un travail à faire. « C’est ce que l’UNIR/PS a toujours regretté et déploré. Nous avons déploré la fermeture systématique, sans concertations, du siège du CFOP-BF. Aujourd’hui, lorsque vous demandez à l’ex-opposition où est-ce que les partis tiennent leurs réunions, c’est compliquer. On migre d’hôtel en hôtel, dans des lieux souvent obscurs… Si ce n’est souvent dans des domiciles ou dans les bureaux d’autres personnes. Et si vous êtes contre la personne, vous avez des points de vue divergents et il vous demande de quitter son domicile ? », a-t-il relaté dans un ton hilarant, regrettant qu’on ait rabaissé « notre » démocratie jusqu’à un tel niveau. « C’est ridicule ! », s’indigne-t-il.
C’est pourquoi, estime-t-il que la sortie du RSP vient faire comprendre aux gens que le danger est ailleurs, ce n’est plus le RSP mais la restauration, « parce que les autres ont profité de cet instant pour mieux s’organiser et menacent de récupérer leur pouvoir. C’est cela qui nous amène, poursuit-il, à parler de collusion entre RSP et l’ex-majorité ».

Sur la mise en place de l’organe dirigeant, Me Sankara a indiqué que le Président Kafando qui a été désigné par un Collège avait le pouvoir (et conformément à la charte) de nommer un Premier ministre (militaire ou un civil). Tous les membres du gouvernement sont le fruit d’une consultation entre toutes les forces vives, précise-t-il et la nomination du Premier ministre a été acceptée par l’ex-CFOP-BF. « Au début, nous étions contre le fait de choisir un militaire pour qu’il soit un Premier ministre ; notre position était claire. Les militaires ont justifié leur position qui a été acceptée et c’est sur la base de cet accord que le Président de la transition a entériné… », a révélé le président de l’UNR/PS. « Je le dis haut et fort, et je sais de quoi je parle », a-t-il certifié. Il a aussi regretté qu’après l’installation des organes, les uns et les autres, après s’être assis dans leur fauteuil, ont oublié l’essentiel. « Des partis politiques qui pensent que le pouvoir est en train de pourrir et qu’il faut aller ramasser. C’est ça qui nous rattrape. Nous, nous avons proposé qu’il y ait une coordination de toutes ces forces-là. Aujourd’hui, peut-être qu’on allait faire l’économie d’un Collège de sages bis. On a passé tout le temps à tourner. On a même dit qu’on allait prendre un décret pour créer cette coordination. Si elle existait, c’est le cadre dans lequel tout ce débat pouvait se mener », a-t-il rappelé.

L’UNIR/PS ne démord pas dans sa dynamique de lutte

Pour l’UNIR/PS, il faut poursuivre la lutte. « Et s’il y a des OSC qui parlent le même langage que nous…., tant mieux ! Je rappelle qu’avant l’insurrection, nous, nous n’avons pas attendu les OSC pour lancer des mots d’ordre. Depuis 2013, nous avons dit désobéissance civile et il y en a qui nous ont insultés, y compris ceux que vous appelez aujourd’hui poids lourds-là. Chaque jour, ils nous demandent désobéissance civile-là, c’est quoi. On leur a dit que ce n’était pas encore arrivé et que quand l’heure va venir, ils vont y être sans savoir. Ils ont couru à 12 heures pour se mettre dans la désobéissance civile et ça a marché », retrace Me Sankara, soulignant que le peuple burkinabè est aujourd’hui fatigué des remises en cause et que son parti n’a de camp que celui du peuple. « Ce que le peuple veut, c’est de pouvoir choisir librement qui est capable de la diriger… ».
C’est pourquoi, estime-t-il que l’heure n’est pas à la langue de bois. « Il faut dire les choses de façon crue parce que, ce qui nous guette est très dangereux et c’est le moment, c’est l’heure de vérité et il faut qu’on se dise les vérités, au risque de s’enliser », a-t-il interpellé.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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