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Diaspora : Le MPP France contribue au programme de son candidat à la présidentielle

Publié le samedi 20 juin 2015 à 12h54min

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Diaspora :   Le MPP France contribue au programme de son candidat à la présidentielle

Pour Amidou Ouédraogo, coordinateur de la commission de réflexion du MPP France chargée de proposer une contribution au programme du candidat, « Les Burkinabè de l’étranger doivent être aussi force de propositions »

Ingénieur de formation et spécialisé en stratégie et entrepreneuriat/Management administratif et financier, Amidou Ouédraogo travaille actuellement en qualité de Business Analyst & Strategy Manager au sein d’une multinationale spécialisée dans l’ingénierie et le management de grands projets dans le domaine de l’énergie pétrolière, gazière et des énergies renouvelables. Parallèlement, il poursuit une formation d’« Exécutive Doctorate of Business Administration » dans une grande école de commerce Britannique.

A 36 ans, il dispose d’une solide expérience professionnelle d’une douzaine d’années en Afrique (Burkina Faso, Mali, Tchad, Mauritanie, Sénégal, Nigéria), notamment dans la conduite de projets de développement (constructions civiles, infrastructures), eau, énergie, assainissement, éducation, santé, environnement , etc.,) et en France, et a un passé remarquable dans le militantisme associatif.

Dans la perspective de l’élection présidentielle du 11 octobre, c’est à lui que la section MPP France a confié, en tant que personne ressource, la mission de coordonner la commission de réflexion chargée de proposer une contribution au programme du candidat.

Pour Lefaso.net, il explique la philosophie de la démarche du MPP France, la méthode de travail adoptée et s’exprime sur la non participation des Burkinabè de l’étranger aux prochaines élections.

Qu’est-ce qui a motivé la section MPP France à vouloir contribuer au programme du candidat à l’élection présidentielle ?

Comme tout parti politique qui aspire à diriger l’Etat, le MPP travaille depuis quelques mois, et de manière très active, sur un certain nombre de projets dont le programme du candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Compte tenu de l’importance que revêt ce programme, non seulement pour le parti, mais également pour le Burkina Faso, le MPP a souhaité élargir son panel de travail afin de recueillir un maximum d’idées et de contributions provenant de ses structures aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’est dans le but d’accompagner cette excellente initiative du parti que la section France a jugé nécessaire de proposer sa modeste contribution à ce programme. C’est donc un réel plaisir pour nous de participer à ce travail qui nous tient tous à cœur.

Le contexte post-insurrectionnel a t-il été un motif supplémentaire dans votre implication à la rédaction du programme ?

La réponse est oui ! Car de toute évidence, la construction de l’État dans un environnement post-insurrection populaire exige la prise d’excellentes mesures importantes et urgentes en vue de rétablir l’Etat de droit et pour impulser un développement économique, social et culturel du Burkina. Ce travail immense devra nécessairement se faire de manière efficiente grâce aux concours de tous les acteurs au développement et aux contributions de tous les Burkinabé, y compris celles et ceux de l’étranger, longtemps mis à l’écart des systèmes de gouvernance dans leur pays d’origine.

Nous avons apporté une contribution au programme du candidat du MPP parce que nous pensons que les Burkinabé de l’étranger doivent être aussi une force de propositions et qu’ils doivent jouer un rôle majeur dans le processus de développement et de construction de la nation.

Concrètement, comment avez-vous procédé pour la rédaction de votre contribution ?

Nous avons commencé nos travaux de réflexion depuis janvier 2015 autour de deux principaux axes définis par la commission de réflexion. Un premier axe qui traite des « Thématiques spécifiques à la Diaspora » et un second axe qui constitue une boite d’idées assez innovatrices visant à enrichir des thématiques de base du parti. Nous avons mis l’accent sur le premier axe qui permet d’apporter une réelle valeur ajoutée au programme du candidat, tout en mettant en exergue les transversalités existantes avec le second axe, également très important.

Quant à l’organisation pratique, il a été mis en place une commission de réflexion composée de dix (10) membres pour conduire à bien les travaux de réflexion. Cette commission a travaillé activement sur les différents sujets pendant plus de quatre (4) mois et dans un environnement confidentiel. Pour plus d’efficacité dans notre approche, nous avons privilégié le travail collectif tout en intégrant les contributions diverses provenant des différentes sous-sections de France. Le texte final, qui constitue un document de travail pour les différentes commissions de réflexions du parti au Burkina Faso, a été transmis au Secrétariat général du parti début mai 2015.

C’est l’occasion pour moi de remercier sincèrement toute la commission de réflexion, les membres, sympathisants et personnes ressources du parti qui ont apporté leurs contributions à la fois riches et diverses à ce travail.

Quelles sont les grandes lignes du texte auquel vous êtes parvenu ? La réflexion est-elle achevée et si oui, êtes-vous certain que vos propositions seront prises en compte dans le programme du candidat ?

Pour des raisons de confidentialité (puisque le programme du parti n’est pas encore communiqué aux Burkinabé), permettez-moi de me limiter uniquement à quelques aspects et fondements de notre raisonnement. Dans notre approche, nous avons, dans un premier temps fait deux constats majeurs : Le premier est que malgré leur forte représentativité (environ 10 millions, c’est-à-dire plus de 35% des Burkinabè au monde), les Burkinabè de l’étranger ne sont véritablement pas pris en compte dans le mode de gouvernance et dans les processus de développement social, politique, économique, culturel et de prise de décisions de leur pays.

Le second constat, c’est qu’avec sa contribution de 2.5% du Produit intérieur brut, la diaspora ne doit pas être considérée seulement comme une source de financement, mais comme un acteur majeur dans le développement social, politique, économique, culturel et la protection sociale au Burkina Faso.

Ces deux constats seulement nous permettent de dire qu’il est indispensable de promouvoir la participation de la diaspora au développement du Burkina Faso, et cela passe nécessairement par des réformes importantes et profondes à mettre en œuvre. Ce sont ses reformes-là qui ont fait l’objet d’une analyse plus approfondie et qui ont été budgétisées dans notre rapport final. Ce rapport est essentiellement destiné à la direction du parti.

Les burkinabè de l’étranger ne prendront pas part aux élections à venir. Ne pensez vous pas que votre contribution sera mise dans des tiroirs ?

Effectivement, les burkinabè de l’étranger ne pourront malheureusement pas prendre part aux prochaines élections présidentielles, municipales et législatives pour des raisons aujourd’hui connues de tous, et à mon humble avis bien justifiées. Et cette non-participation aux élections ne veut absolument pas dire que notre contribution ne sera pas prise en compte au niveau du parti. Au contraire, l’excellente initiative du parti visant à élargir son panel au niveau des commissions de réflexion montre bien que les différentes contributions des uns et des autres apporteront une réelle valeur ajoutée pour le programme.

Comme la plupart des structures qui ont apporté leur contribution au programme du candidat, la nôtre a également retenu l’attention des commissions de réflexion du parti et nous avons la conviction que les résultats de notre travail seront exploités et considérés dans leur travail de consolidation finale au moment du congrès extraordinaire du parti qui aura lieu début juillet 2015.
Nous restons à la disposition des différentes commissions de réflexion de notre parti pour apporter d’éventuels amendements, éclaircissements et approfondissements sur certaines réformes proposées si besoin.

Croyez-vous réellement que les Burkinabè de l’étranger pourront enfin voter en 2020 ?

La position du MPP France sur ce sujet est connue. Il est de toute évidence que le droit de vote est un droit civique fondamental, mais encore faut-il que les conditions préalables soient réunies pour l’exercice de ce droit fondamental. Par exemple, le recensement des Burkinabé de l’étranger, la mise en place des structures appropriées pour le vote, le déroulement pratique des élections, …etc., autant de conditions qui sont loin d’être remplies, autant de paramètres non maitrisés aujourd’hui qui peuvent impacter négativement la transparence et la crédibilité des élections. Et cela pourrait également avoir des conséquences néfastes que nous avons connues dans certains pays.

Si vous me permettez de prendre l’exemple de la France où nous vivons, nous ne connaissons même pas le nombre exact de Burkinabé. N’en parlons pas des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Italie, … qui comptent plus de compatriotes. De plus, les seuls lieux de vote sont les Ambassades et les Consulats généraux ; ce qui pose un sérieux problème en termes de logistique pour exercer ce droit fondamental.

Le MPP France estime qu’il faut que ces conditions minimales soient remplies au préalable et ce sera sans doute l’un des premiers chantiers du parti une fois arrivé au pouvoir en octobre 2015 afin que les Burkinabé de l’étranger puissent exercer leur droit de vote en 2020 au plus tard.

Votre contribution prend-elle en compte les seules préoccupations des Burkinabè de France ou englobe t-elle celles de la diaspora à travers le monde ?

En dehors de quelques spécificités, nos principales préoccupations sont les mêmes ou se recoupent pratiquement. Quand nous parlons de Promouvoir la participation de la Diaspora au développement du Burkina Faso par la mise en œuvre de réformes importantes et profondes, cela est bien sûr fondamental et valable pour tout Burkinabé de l’étranger quelque soit son pays d’accueil. Les Burkinabé de l’étranger, travaillant dans différents secteurs d’activités, constituent de véritables ressources humaines, intellectuelles, techniques, financières et matérielles nécessaires à l’essor du pays quelque soit leurs catégories socio-professionnelles.

A quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle, comment appréhendez-vous cette échéance ?

Tout d’abord, notre souhait est que la Transition se passe dans les conditions les meilleures possibles pour aboutir à des élections libres, démocratiques et transparentes le 11 octobre prochain ; et ce sera déjà une grande victoire pour le peuple tout entier, un exemple à suivre pour l’Afrique toute entière. Il faut donc encourager les organes de la Transition et les aider à atteindre les objectifs fixés.

Au soir du 11 octobre, nous ne pouvons que souhaiter la victoire au premier tour du MPP, ou à défaut, au second tour, ce qui permettra de mettre en application le programme du parti, à la fois ambitieux et réaliste pour le développement du Burkina Faso. Le MPP est doté d’une volonté politique forte et d’une capacité réelle d’insuffler une dynamique de développement économique, social et culturel visible dans les 100 premiers jours d’exercice du pouvoir. Tous les Burkinabè en seront témoins.

Interview réalisée par Joachim Vokouma
Lefaso.net

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