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Journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida : Un préservatif féminin sur le marché burkinabè

Publié le mardi 2 décembre 2003 à 10h01min

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La Journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida a été célébrée hier, lundi 1er décembre 2003. Au Burkina, c’est la ville de Tenkodogo dans la province du Boulgou qui a abrité l’évènement. Le sport était au rendez-vous car la manifestation a démarré par une course cycliste.

"Stigmatisation et discrimination". C’est sous ce thème que la Journée mondiale de lutte contre le Sida a été célébrée. Ce thème trouve tout son sens quand on sait que sous nos tropiques les personnes infectées sont souvent victimes de rejet par leur entourage. Et le représentant des personnes vivant avec le VIH, Moumouni Gouem de témoigner de façon pathétique, qu’être séropositif est lourd de conséquences. "Nous voulons briser cet isolement ... Nous allons donner un visage humain à la maladie ...", a-t-il martelé.

Il s’est par ailleurs surtout réjoui que cette journée leur ait été consacrée. Le secrétaire permanent du Conseil national de lutte contre le Sida et les Infections sexuellement transmissibles, Joseph André Tiendrébéogo l’a qualifiée d’importance capitale. Importante d’abord pour les communautés et les personnes infectées en raison sans doute du thème de la journée. Elle l’est ensuite pour les structures de coordination et de mise en œuvre des actions de lutte contre le Sida, car elle est l’occasion de jeter un regard sur les actions menées afin de mieux organiser celles à venir.

"... Nous voici à Tenkodogo pour faire notre introspection par rapport aux actions que chacun a pu poser à tous les niveaux de la lutte pour freiner la propagation de l’épidémie du VIH/Sida", soulignera-t-il.

La population du Boulgou a su, selon lui, répondre aux attentes pour faire de cette journée, une réussite en matière de mobilisation, car la mobilisation sociale est le gage du succès de la lutte. Sans cette mobilisation sociale, le combat contre la pandémie qui tue chaque jour les populations, notamment celles des pays pauvres serait vain. L’ONUSIDA estime à la fin de cette année 2003 que c’est entre 34 à 46 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH/Sida dans le monde (PVVIH) avec une moyenne de 40 millions dont 95 % vivent dans les pays en développement et plus de la moitié d’entre elles sont des femmes.

L’épidémie au Burkina

Au cours de cette même année, ce sont entre 4, 2 et 5,8 millions d’adultes et d’enfants qui ont été infectés dont 3 à 3,4 millions en Afrique subsaharienne.

Au Burkina, l’épidémie s’est généralisée avec un taux de prévalence estimé à 6,5 % et ce sont près de 600 000 personnes qui vivent avec le virus. Le nombre de nouveaux cas est passé de 19 540 en juin 2002 à 20 446 au premier semestre de l’année en cours soit 906 cas notifiés.

Des chiffres qui ne représentent qu’une partie visible de l’iceberg. L’estimation la plus exhaustive donne près de 60 000 personnes qui auraient besoin du traitement antirétroviral alors qu’à cette date l’offre de soins ne représente qu’environ 1500 personnes, soit moins de 3 %. Un tableau peu reluisant selon le SP/CNLS-IST. Mais en dépit de cela, des actions de lutte engagées en 2001 avec l’appui des partenaires ont enregistré cette année des résultats non négligeables. La décentralisation de la lutte a été poursuivie avec l’implication des ministères. Ainsi 18 ministères ont bénéficié de financement pour la mise en œuvre de leur plan d’action.

Plus de 75 % des provinces et des départements ont mis en place leur comité de lutte et 60 % au niveau des villages. L’expérience-pilote de Gaoua a été étendue à 12 autres provinces qui ont bénéficié de financements cette année au titre des formations, l’élaboration et la mise en œuvre de micro-projets dans 3265 villages. Les 32 autres provinces viennent de signer des accords de financements pour mener des activités de lutte à partir de 2004. A tout cela, il faut ajouter la création de cinq nouveaux sites en plus des cinq autres existants pour la surveillance de l’épidémie. Ces sites se répartissent dans dix régions sanitaires.

Trois régions restent encore non couvertes mais elles le seront dès 2004 (le Centre-Ouest, le Centre-Sud, le Plateau central). Pour le ministre de la Santé, Alain Yoda qui a présidé la manifestation, la faiblesse du pouvoir d’achat des populations fait que des personnes séropositives sont confrontées au manque de moyens pour faire face au coût élevé du traitement. C’est une situation qui préoccupe le gouvernement qui a opté pour une plus grande accessibilité au traitement. Ainsi, l’année 2003 aura été celle de la recherche des voies et moyens pour étendre le traitement en dehors des sites de concentration que sont, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

"S’il est judicieux de trouver les traitements pour les malades...nous ne devons pas baisser les bras en matière de prévention au regard de la progression de l’infection à VIH qui demeure, hélas encore, préoccupante surtout chez les femmes," a dit Alain Yoda. L’usage du préservatif reste un très bon moyen de protection contre le Sida, les IST et les grossesses non désirées, selon lui. Au cours donc de cette cérémonie, le ministre a procédé au lancement d’un préservatif féminin.

"Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour nous permettre d’annoncer son lancement. Il sera vendu à 100 F CFA l’unité et disponible pour compter de ce jour dans 10 régions sanitaires de notre pays", a affirmé le ministre. Un centre de dépistage volontaire et anonyme a été inauguré à la fin de la cérémonie.

Etienne NASSA
Sidwaya

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