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‘’France-Afrique’’ : Et si c’était KAGAME qui avait raison

Publié le jeudi 5 décembre 2013 à 23h25min

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                        ‘’France-Afrique’’ : Et si c’était KAGAME qui avait raison

A l’invitation du Président français François HOLLANDE les chefs d’Etat africains se réunissent à L’Elysée du 6 au 7 décembre 2013 pour un « sommet Afrique-France ». Avant cela, ce sont des dirigeants d’entreprise du continent qui ont été conviés à une autre rencontre par le ministère de l’Economie et des finances français. De quoi susciter le désintérêt du Président rwandais qui de toute évidence n’a pas souhaité être associé à l’événement.

Paul KAGAME, on ne le sait que trop, est partisan d’un nouveau type de rapports avec le reste du monde ; en particulier avec les pays occidentaux ; une relation décomplexée et débarrassée de toute forme d’assujettissement.

Et en la matière on ne peut pas dire que la méthode KAGAME ne marche pas ; en tout cas au niveau économique le pays affiche des indicateurs positifs ; apparaissant ainsi comme un modèle de bonne gestion ; en outre le niveau d’instruction est en hausse et le pays fait figure de modèle en matière de bonnes pratiques dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, de la santé et de la protection de l’environnement ; près de deux décennies après le génocide de 1994, « Rwanda is back ».

Ce qui, à dire vrai, est loin d’être le cas de la majorité des autres pays du continent ; en cela, l’on peut dire que le format de la rencontre France-Afrique avec un continent tout entier qui va à la rencontre d’un pays, paraît assez curieux aussi bien dans la forme que dans le fond. Elle n’est porteuse d’aucune perspective durable si ce n’est pour la France. Celle-ci à dire vrai a tout le loisir de s’en tirer à très bon compte.

En effet, malgré la crise en Europe les entreprises françaises implantées sur le continent peuvent difficilement se plaindre ; bien au contraire elles consolident leurs acquis en dépit de la concurrence chinoise ; c’est le cas en côte d’ivoire ou le marché de la reconstruction a été entièrement repris ; certes la part de marché global selon les chiffres serait passée de 10 à 5% en une décennie (ce qui reste à vérifier) sur l’ensemble du continent ; mais pourtant les secteurs hautement stratégiques demeurent sous contrôle.

De la France Afrique à l’Eurafrique

Dans ces conditions un rééquilibrage des relations dans une approche euroafricaine s’impose plus que jamais si l’on veut effectivement sortir du cercle vicieux de la dépendance ; malheureusement trop de chapelles politiques cohabitent et fragilisent de fait une approche cohérente ; à l’heure où les blocs régionaux se forment et se consolident, l’Afrique ne parvient pas à se donner les moyens d’un développement sérieux ;

Le culte des egos surdimensionnés, une balkanisation maintenue et entretenue à dessein, l’absence d’une diplomatie continentale, des résultats économiques variables d’un pays à un autre … Bref l’Afrique ne peut, n’a pas encore fait sa mue ; surtout avec des dirigeants peu acquis aux vertus de la démocratie et qui n’hésitent pas à jouer de leur personne pour maintenir la survivance de méthodes que l’on croyait dépassées. La preuve, c’est que pendant que la CEDEAO tente de trouver une issue à la question des accords de partenariat économiques, certains pays ont déjà conclu des accords séparés avec Bruxelles.

Mais que l’on ne s’y trompe pas, aucun pays du continent ne parviendra à se tirer d’affaire tout seul. N’en déplaise à ceux qui pensent que le panafricanisme n’est plus d’actualité. Ils ont tort et la rencontre, ou plutôt le triste ballet de chefs d’Etat africains à l’Elysée est là pour le leur rappeler…

Juvénal SOME

Lefaso.net

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