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Pouvoirs locaux : Le retour en force du Tuk-guili

Publié le lundi 4 mars 2013 à 22h00min

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Pouvoirs locaux : Le retour en force du Tuk-guili

Les nouveaux conseils municipaux sont quasiment tous installés, exception faite de quelques communes concernées par les élections complémentaires du 17 février dernier. Tour à tour, les maires élus se font installer dans leurs fonctions, donnant ainsi le top départ de leur mandat. Cependant, le constat frappant est celui du retour en force du tuk-guili. Si le parti au pouvoir a été bousculé lors des consultations législatives, pour les municipales le Congrès pour la démocratie et le Progrès a dicté sa loi à la faune politique burkinabè.

Il est ainsi le grand vainqueur et la quasi-totalité des présidents de conseils municipaux répond de lui. Pour ce qui est des conseils régionaux, il règne également en naaba incontesté. L’opposition n’est pas exempte de critiques dans sa débâcle à ces consultations. Elle a joué le jeu du pouvoir, en refusant d’aller en rangs serrés au scrutin. Faut-il s’en réjouir ou plutôt éprouver de l’inquiétude, c’est-à-dire exprimer une peur face à la percée de la pensée unique ? Le débat est difficile à trancher de façon péremptoire, car, à l’évidence, le CDP, en dépit des accusations (parfois fondées) de fraude électorale, a réussi à convaincre les électeurs soit par ses propositions solides de programmes, soit par la carrure de ses candidats. C’est dire que cette mainmise du CDP ne résulte pas du seul fait de la tricherie.

Il y a, quelque part, un certain attachement des populations au parti au pouvoir. On constate que seules quelques cités échappent au CDP. A titre d’exemple, il s’agit de Dédougou dans la province du Mouhoun, de Dori dans le Sahel. Au moment où nous mettons sous presse, le cas de Ouahigouya n’était pas encore clairement tranché, même si l’ADF/RDA y revendique la victoire et donc le contrôle de la mairie.

Ces victoires sont d’abord celles de personnalités fortes comme Arba Hama Diallo, avec qui le parti majoritaire n’a d’autre choix que de plier l’échine car, qu’il pleuve ou qu’il neige à Dori, dans la région du Sahel, il sera élu maire quelle que soit la couleur politique du parti qui le présente. Or, la démocratie burkinabè aurait gagné en crédibilité si chacune des forces politiques en présence avait réussi à s’exprimer en contrôlant quelques mairies tant dans les communes rurales qu’urbaines. L’omniprésence d’un seul parti biaise l’application des principes de la démocratie à la base.
En effet, le fait que pratiquement toutes les mairies soient de la même coloration politique ne permet pas aux populations de faire la différence entre le pouvoir central, exercé par les représentants de l’Etat, et les pouvoirs locaux, incarnés par leurs conseillers municipaux. En principe, avec l’exercice du pouvoir local, le choix de développement de chacune des communes devrait être tributaire de la vision politique de son maire. Et, à l’évidence, le CDP, l’UNIR/MS, le PDS/Metba, l’ADF/RDA, l’UPC ou encore l’UPR ne devraient pas pratiquer la même politique de gestion de la cité.

La nature des taxes à imposer aux citoyens, la gestion des politiques éducative ou sanitaire devraient faire la différence entre les communes. Or, rien de tout cela n’est perceptible, prouvant ainsi que la démocratie locale au Faso est encore et toujours à la remorque des subventions de l’Etat. Tout se passe comme si les maires avaient été élus juste pour plaire à la communauté internationale ou pour être à la mode. C’est aussi une des raisons du peu d’engouement des citoyens pour ces élections locales. Elles sont convaincues que leur quotidien se décide ailleurs que dans les conseils municipaux.

Alors, aux nouveaux conseillers de redonner à la démocratie à la base toutes ses lettres de noblesse en osant innover et en n’attendant pas tout de l’Etat.

Adam Igor

Journal du Jeudi

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