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Marché de fruits et légumes de Bobo-Dioulasso : L’infrastructure de 500 millions de F CFA cherche occupants et clients

Publié le jeudi 12 janvier 2012 à 01h02min

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Depuis début décembre 2011, le marché de fruits et légumes de Bobo-Dioulasso a ouvert ses portes. Un mois après, notre équipe y a fait un tour le mardi 10 janvier 2012, pour constater le degré d’occupation et l’affluence des clients. Les quelques occupants de cette infrastructure de 500 000 000 de F CFA (quasi-vide), appellent au déménagement des vendeuses du marché « Léguéma logo ».

A sa descente du véhicule, notre équipe a été accostée par une vendeuse d’oranges en des termes sans équivoques : « C’est vous qui posez les questions ? Est-ce qu’on a besoin de poser des questions ? Regardez ! Nous sommes là depuis décembre, mais après les fêtes de fin d’année, on n’a même pas acheté une seule de mes oranges. Ils nous ont obligé à rentrer dans le marché et voilà qu’on a perdu tous nos clients », a-t-elle dit. Ces propos de la vendeuse témoignent non seulement de l’état d’esprit des occupants du marché de fruits et légumes, mais aussi et surtout, le manque d’affluence de la clientèle. Dans les faits, le nouveau marché de fruits de Bobo-Dioulasso, situé dans le quartier Accart-Ville, n’est occupé que de deux côtés, notamment l’entrée Est et l’angle Nord-Ouest, avec une ambiance morose chez les occupants. Ces derniers devisent entre eux, sous les hangars, en attendant l’arrivée incertaine de clients.

Les rares occupantes se plaignent sur tous les plans. Elles rappellent que le marché a été construit pour déloger les vendeuses du marché « Léguéma logo » (situé derrière le Stade Wobi), qui refusent jusqu’à présent de déménager. Toutes celles qui vendaient leurs fruits aux abords du nouveau marché ont bien voulu l’intégrer, mais disent récolter les pots cassés. Vendeuse de patates, d’oranges et de mangues selon les périodes, Sali Ouattara raconte qu’elle était aux abords du marché où elle ne payait rien comme taxe. « Maintenant, on a payé 300 ?000 F CFA pour un hangar de 10m2, et pourtant les choses ne marchent plus », déplore-t-elle. C’est aussi le cas du jeune Abdoul Aziz Traoré, élève en cours du soir et vendeur d’oranges depuis 5 ans qui exprime son mécontentement.

« Je prends les oranges à Orodara et je venais les vendre à la porte du marché. Tout allait bien jusqu’à ce qu’on nous demande d’intégrer le marché », a-t-il expliqué, précisant qu’il a payé son hangar à 200 ?000 F CFA. Dès lors, a poursuivi Abdoul Aziz Traoré, « nos clients ne nous retrouvent plus et si ces derniers arrivent et ne voient pas de marchandises aux alentours du marché, ils rebroussent chemin, car ils ne savent pas que nous sommes installés à l’intérieur du marché ». Même son de cloche chez Maïmouna Ouattara, vendeuse d’oranges et de fruits divers, qui trouve que « les affaires ne marchent plus. Tous nos clients nous ont fui et on se débrouille ».

Elle précise que les clients préfèrent aller acheter les patates à Lafiabougou (secteur n°19) et les fruits et légumes au marché « Léguéma logo ». Comme elle, Abdoul Aziz Traoré lance un appel aux autorités communales pour que celles-ci leur facilitent la tâche, en faisant passer l’information sur le fonctionnement effectif du nouveau marché de fruits et légumes. Ils pensent également que la commune de Bobo-Dioulasso doit œuvrer à convaincre les femmes de « Léguéma logo » à abandonner l’ancien marché au profit du nouveau, construit à cet effet. Pour le moment, « Léguéma logo » bat son plein comme d’habitude, dans le désordre, obstruant la voie aux usagers de l’avenue du gouverneur Binger. Les accrochages et accidents de la circulation y sont légion, constituant une source d’insécurité routière. Mais rien à faire, la situation perdure, malgré les appels des autorités communales à libérer les lieux. Et les femmes leur tiennent tête par un refus catégorique. Le temps passe, et les 500 millions de F CFA décaissés pour la construction du nouveau marché de fruits et légumes, inauguré en décembre 2010 à l’occasion du Cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso, rapportent bien peu, au regard des investissements.

Le gazon central qui fait office de décoration du marché meurt, faute d’eau, et l’appel des nouveaux occupants demeure : « Il faut délocaliser les femmes de Léguéma logo », coûte que coûte.

Hélène KADIO (Stagiaire)

Sidwaya

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