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Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

Publié le mercredi 9 novembre 2011 à 00h41min

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Né au lendemain des inondations du 1er septembre 2009, l’association YAAM Solidarité entend apporter sa contribution à la réhabilitation des habitats précaires. Le projet pilote de réhabilitation de maisons dans le quartier Pissy a effectivement démarré dans la première semaine du mois de novembre 2011. 20 jeunes issus des familles bénéficiaires suivent actuellement une formation en maçonnerie à base de matériaux locaux (terre, sable, bouge de vache, herbes, pailles).

Seydou Kaboré est menuisier de formation, mais également maçon. Il a bénéficié de cette formation et ne tarit pas d’éloges. « On a appris que si on mélange certains trucs à la terre, on peut la rendre imperméable, solide, par exemple, en ajoutant la bouse de vache et l’herbe. On nous a appris à faire la fondation en ciment ou en briques pleines ou avec des cailloux sauvages. Elever à un certain niveau, couvrir avec un sachet plastique avant de commencer la construction en banco. Comme ça les termites ne peuvent pas attaquer. C’est une technique qu’on vient d’apprendre ». Ses collègues embouchent la même trompette. Ils sont cinq maçons et 15 jeunes issus de 20 familles à suivre cette formation sur la construction à l’aide de matériaux locaux. Les 20 familles ont été sélectionnées à l’issue d’une étude sociologique menée sur les critères de vulnérabilité des habitats de Pissy.

La formation est assurée par un expert architecte-constructeur, Martin Pointé, de CARACOL, une entreprise spécialisée dans la construction en terre de Grenoble en France. « L’idée de ce projet, c’est de former une vingtaine de personnes, maçons et habitants pour qu’ils participent ensuite à la rénovation ou à la construction neuve en banco », nous dit-il. L’utilisation de ces matériaux locaux permet de construire à moindre frais.
« Avec 1000 euro, on peut construire une maison de 10 tôles tout en formant un jeune sur la construction », c’est la conviction de l’association YAAM Solidarité. Cela, grâce à une démarche participative et active qui permet de responsabiliser les jeunes en les impliquant. C’est aussi une solidarité entre des familles qui partagent les mêmes préoccupations. « Ce projet permettra chaque année d’impliquer les architectes locaux dans des actions de solidarité en direction des classes les plus pauvres, de former cinq formateurs, 20 jeunes issus de 20 familles », affirme le président de l’association, Soayouba Tiemtoré, architecte et ingénieur en aménagement du territoire.

En plus le confort y est. « Par rapport à une maison construite en bloc ciment, ces constructions permettent de réguler la température pour qu’il fasse moins chaud », précise le formateur. Ainsi donc, depuis le 31 octobre dernier, ce sont cinq maçons et une quinzaine de jeunes qui se familiarisent avec cette technique de construction. A leur tour, ils transmettront ce savoir-faire à d’autres personnes qui seront sélectionnés par YAAM Solidarité.
Créé pour encourager la solidarité entre familles, les missions de YAAM Solidarité se déclinent en quatre axes : l’accompagnement technique et matériel des familles, la valorisation des matériaux locaux et de l’auto-construction par l’entraide, la formation sur les techniques de construction avec les matériaux locaux et enfin l’expérimentation des composantes de la terre et de l’adaptabilité de certains matériaux et des techniques de construction innovante.

Ainsi donc, en collaboration avec ses partenaires CRATerre et CARACOL, cette jeune association entend « Développer une architecture solidaire et humaniste » au profit des familles ayant peu de moyens.
« Maintenant les gens sont obligés de crépir leurs maisons chaque année, alors qu’avant on pouvait attendre deux ou trois ans. Comment peut-on faire pour les aider », se demande Hama Arba Diallo, le maire de Dori, venu s’inspirer de ce que fait cette association. « On pense que c’est mieux d’aider les populations qui ont des moyens modestes à venir s’inspirer de ce que les gens font ici, avec un minimum de ciment avec des briques comprimées en banco, ça peut être pour eux la solution », pense-t-il.
YAAM Solidarité est une filiale de l’agence YAAM International (www.yaam.fr). YAAM signifie en mooré transmission du savoir.

En Anglais, c’est un sigle qui signifie Young African Architecture for Metropolitain. C’est une structure technique qui travaille sur la recherche, les matériaux et la construction en terre essentiellement. Au sein de la structure, on a des architectes, des ingénieurs, des sociologues et des journalistes avec qui on travaille.

Réhabiliter les maisons en leur donnant un peu plus de confort, aller à la recherche de l’expérience et du savoir. « C’est une opportunité pour nous d’aller vers les populations démunis et de nous obliger à trouver des solutions adaptées et économiquement moins chères », souligne le président Soayouba Tiemtoré. Mais, comment intervenir dans des situations de précarité pour trouver des solutions adaptées ? Voilà la raison de la collaboration avec CRATERRE ET CARACOL de Grenoble.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 novembre 2011 à 03:28 En réponse à : Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

    Mon oeil et avec ça,on se dit pays émergent alors qu’il faut tjrs compter sur les autres.Je mets ma dignité dans la poche et je dis merci beaucoup beaucoup à l’association YAAM Solidarité.Pauvre Burkina,j’ai honte

  • Le 9 novembre 2011 à 07:16 En réponse à : Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

    Très bonne affaire, mais on gagnerais plus en confort et en sécurité si on réadoptait les briques rouges, vous voyez ce que je veux dire, les briques cuites. j’ai visité la Tunisie où les gens font des merveilles avec ces briques. En plus, elles sont écolo et bcp bcp moins chères.
    Informer moi, qu’en est-il de leur fabrication au Faso ? ralentie ou stopée ?

  • Le 9 novembre 2011 à 11:47 En réponse à : Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

    Bonjour,
    Une petite inquiètude : En appliquant un film plastisque entre la fondation en ciment, beton ou autre, QUELLE adhérence la construction en banco a avec cette fondation quand on sait que le plastique elimine la moindre prise entre les deux éléments.

    • Le 13 novembre 2011 à 13:37 En réponse à : Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

      Pas besoin de cette adhérence qui reste faible et sans importance. On exploite dans ce cas le poids propre du bâtiment qui est une charge verticale assez lourde.
      Le film en plastique est très important surtout pour ce type de construction. Il protège du phénomène des remontées capillaires. C’est l’eau du sol qui remonte des fondations aux murs de la maison. Si on n’évite pas cette remontée, c’est comme un géant aux pieds d’argile.
      J’ai travaillé sur les construction en terre.

  • Le 9 novembre 2011 à 12:34 En réponse à : Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

    Oh mentalité néo-coloniale, quand tu nous tiens ! Oh conscience dominée, effritée même ! Il est temps d’arrêter de marcher sur le ventre !
    Yaam solidarité ! Habitat solidaire ! Habitat humanitaire, habitat d’aide et de techniques apportées par le Blanc ! De jeunes blancs très généreux et sans doute venus encadrer dans l’enfer social tropical, la mise en œuvre de techniques de construction locale propres à nos sociétés hier comme aujourd’hui. Mais de cela la mémoire des élites est vide. La photo de l’article parle d’elle même, plus que le texte. Elle montre la scène de l’infantilisation néo-coloniale de nous même aux yeux du monde sur le net. C’est incroyable ! De jeunes européens sont là sur un chantier à faire retour à l’Afrique de ses propres techniques et connaissances de construction millénaires. Ce qui pose la question de savoir où sont les ingénieurs et techniciens nègres ? Les architectes nègres ? les sociologues nègres ?
    Dans ce processus d’ONGisation de notre re-colonisation, On devine aisément que ces derniers au propre et au figuré, n’aiment pas les chantiers, le côtoiement de paysans et petits métiers du bâtiments traditionnel. Ils préfèrent rester couchés dans leurs bureaux climatisés que de s’activer sur un chantier où montent des effluves de bouse de vaches, de paille et d’herbe pourries. C’est cela la modernité et/ou mentalité post et néo-coloniale. C’est cela l’humiliation et l’auto-humiliation de nous mêmes, de cette Afrique qui en demande et en attend toujours plus des autres. C’est honteux et il temps d’arrêter de marcher sur le ventre. La patrie ou la mort, nous vaincrons !

  • Le 13 novembre 2011 à 06:00, par N’maway En réponse à : Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

    Dans tout ce que vous avez mentionne comme technique, il n’y a rien de nouveau. J’ai grandi au village et mes parents et tous les jeunes en general, savent que le melange de bouge de vache/paille et la terre rend le mur impermeable. On n’a pas besoin que quelqu’un vienne de l’europe pour vous le dire. En plus je doute de l’adhesion du mur sur le plastic. Quelle est l’explication scientifique a donner en mettant ce plastique entre la fondation et le mur ? Dans le village de Dano et environnant, les maisons Dagara sont faites de melange de paille, bouge de vache et de terre. Si c’est tout ce que vous avez a montrer, arretez de gaspiller les sous. C’est ridicule ca a mon avis.

  • Le 13 novembre 2011 à 12:58, par Le fils de l’Autre En réponse à : Habitat confortable à moindre frais : YAAM Solidarité milite pour l’usage des matériaux locaux

    C’est certes une bonne initiative mais cela demontre à suffisance que nous ne valorisons pas notre expertise nationale. Relisez ce que l’un des formés a dit : il vient de se rendre compte qu’en melangeat la bouse d’animaux et l’herbe à la terre, cela donne donne un produit résistant. Cette pratique est courante dans tout les zones suivantes(Pô, Léo, Réo, Sapouy, Dédougou, Boromo, Gaoua, Nouna, j’en passe). En remplacement de l’herbe on utilise le résidu du mil ou du sorgho.
    Le Burkina Faso gagnerait à mieux valoriser son expertise nationale

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