LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Pour qui roulent Emile Paré et Maxime Kaboré ?

Publié le jeudi 23 décembre 2010 à 01h23min

PARTAGER :                          

C’est le monde à l’envers ! Emile Paré, arrivé avant-dernier, qualifie les autres opposants qui l’ont dépassé de loin dans la course pour la présidentielle du 21 novembre, de « comédiens ». Lui, avec ses 0,85%, est un politicien sérieux ! Lui qui, on se souvient, faisait partie de ces politiciens qui ont bénéficié du soutien financier de Blaise Compaoré, en 2005, pour leur campagne électorale, se dit plus sérieux que Arba Diallo, maire de Dori, arrivé deuxième avec 8, 18% des suffrages et dont le parti compte deux députés et des centaines de conseillers municipaux ; il se dit plus sérieux aussi que Me Bénéwendé Sankara, chef de file de l’opposition, 3e avec 6,34% et dont le parti a cinq députés à l’Assemblée nationale et des conseillers municipaux.

Franchement, c’est cela le vrai visage de l’opposition burkinabè. Les plaisantins se croient plus sérieux que les autres. Comment lui, dont le parti n’a pas de conseillers municipaux, encore moins de député, a pu réunir les parrainages nécessaires pour sa candidature ? L’attitude du « chat noir du Nayala » est tout de même surprenante. Avec ce score à la limite ridicule, il aurait été mieux inspiré, pour une fois, de se taire. Et Blaise Compaoré a vraiment le dos large. Chaque politicien de la petite semaine veut faire de lui la cause de ses malheurs. D’où lui vient cette idée selon laquelle c’est Blaise Compaoré qui lui a donné ce score ? C’est tellement facile ! Mais on comprend, par la suite, que le « chat noir du Nayala » a une autre préoccupation. Il veut un gouvernement d’union nationale qui lui sera certainement ouvert. Et malgré tout cela, ce sont les autres qui sont, selon lui, des comédiens politiques.

Cette sortie médiatique du candidat Emile Paré est, pour le moins, surprenant et même révoltant. Il énonce des griefs très sérieux contre la « CENI qui s’est discréditée, en particulier son président, en mettant de côté les commissaires de l’opposition, un fichier électoral faux et illégal, des bourrages d’urnes, des falsifications de procès-verbaux, des détournements massifs de votes au profit de Blaise Compaoré ». Et Paf ! Curieusement, il reconnaît la légitimité du président issu d’une élection aussi chaotique et lui demande de former un gouvernement d’union nationale. C’est cela, être politicien sérieux au Burkina Faso, le « pays des Hommes intègres » ! Ceux qui estiment que le Burkina mérite mieux que cette « foire électorale », comme l’a écrit notre confrère l’Observateur Paalga, sont des plaisantins !

Cette position de Paré ressemble fort à celle du candidat « binguiste » (qui vit en Europe), Maxime Kaboré qui, dès le soir du 21 novembre, n’a pas été tendre avec les mêmes opposants en les traitant de comédiens, tout en se mettant au service de Blaise Compaoré au cas où celui-ci aurait besoin de ses services.

Il y a deux points communs à ces deux candidats. D’abord, sans avoir d’élus, ils ont réussi à obtenir les parrainages nécessaires pour leurs candidatures. Ensuite, avant même que les résultats définitifs ne soient proclamés et pendant que la Justice, à travers le Tribunal administratif, donne raison aux quatre candidats qui contestent la légalité du scrutin, eux sont déjà disposés à entrer dans un gouvernement d’ouverture. Mais avec tout ça, ils se prennent au sérieux.

De deux choses, l’une : soit Emile Paré et Maxime Kaboré prennent les Burkinabè pour des plaisantins, soit ce sont eux qui le sont, sans peut-être s’en rendre compte. Ce sont eux qui jouent la comédie dans un contexte très sérieux. La pagaille qui a entouré cette élection est tellement sérieuse qu’il est difficilement compréhensible que des hommes qui ont pour ambition de gouverner ce pays, ne se préoccupent même pas du drame qui se joue sous nos yeux et contribue à ridiculiser notre pays aux yeux des citoyens des pays de la sous-région. Comment le pays qui exporte son expertise dans la construction de la paix par l’instauration de processus démocratiques peut-il s’enorgueillir d’un tel désordre planifié.

Décidément, il n’est pas difficile d’être politicien au Burkina. Il suffit de ne croire en rien et de prendre les autres pour ce qu’ils ne sont pas. Avec de tels comportements, Emile Paré a raison de dire que le mal de la démocratie burkinabè, c’est l’opposition, y compris lui-même. Pauvre Burkina ! Que ne dirait-on pas en ton nom ? Que Dieu sauve le Burkina ! Nous, les hommes, avons failli, serait-on tenté de dire ! Mais que ceux qui sont animés de bonne foi et croient en la démocratie ne baissent pas les bras. Tôt ou tard, l’heure de la démocratie sonnera. Ceux qui se réjouissent de l’immobilisme ou qui voudraient en profiter peuvent continuer leur chemin. Mais, quelle que soit la longueur de la nuit, le jour viendra !

Boureima OUEDRAOGO

Le Reporter

PARTAGER :                              

Vos réactions (22)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique