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Lutte contre la contrefaçon : Yamaha va-t-il mettre le turbo ?

Publié le mercredi 28 juillet 2010 à 00h34min

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Pour se rendre dans la petite bourgade d’Iwata, il faut d’abord emprunter le Shinkanzen (TGV japonais) de Tokyo à Hamamatsu, puis une locomotive ordinaire avant de sauter dans un taxi pour se rendre au siège de Yamaha. “C’est une petite ville ; j’espère qu’on trouvera un taxi à la gare”, laisse échapper, un peu perplexe, Aya Mochizuki, notre guide-interprête. Inquiétude vite levée ce jeudi 15 juillet 2010.

Même modeste, il y a, comme partout au Japon, toutes les commodités possibles. Le calme rassérénant de la nature en sus. Rien à voir avec le gigantisme étouffant de Tokyo. A Yamaha, on savait bien sûr que parmi le petit groupe de trois journalistes africains en visite au Japon, il y avait un Burkinabè et on semblait l’attendre de pied ferme.

Car la société a un problème avec la “Patrie des hommes intègres” : la contrefaçon. Une délégation de l’entreprise, dont Hideki Ueguchi de la division Afrique occidentale et centrale du département Overseas Market Development Operation (OMDO), rentrait d’ailleurs tout juste de Ouaga où l’épineux dossier a de nouveau été posé.

Certes, le fléau existe également ailleurs sur le continent mais à entendre les responsables de l’entreprise, le Burkina (pays des deux-roues s’il en est) serait un cas à part et ils s’arrachent les cheveux pour trouver remède au mal. Si avant la différence entre les vrais produits Yamaha et les pâles copies étaient nettes, depuis février 2008, ils seraient de plus en plus ressemblants.

Branle-bas de combat à Iwata où la maison Yamaha, conseillé par Me Benoît Sawadogo et un avocat français, a engagé une procédure judiciaire au Burkina et entrepris d’autres démarches auprès du ministère burkinabè du Commerce, celui des Affaires étrangères et même au niveau du Premier ministère à qui le P.-D.G. aurait écrit officiellement. En vain.

Ils n’osent pas le dire mais, en ce matin ensoleillé de juillet, même s’il n’y a jamais un mot plus haut que l’autre, on lit une sorte de dépit chez nos interlocuteurs qui ne sont pas loin de penser qu’il n’y a pas une véritable volonté d’éradiquer le mal. Pour Hideki Ueguchi, “ça pose non seulement un problème de propriété intellectuelle, et donc d’éthique commerciale, mais aussi de sécurité pour les usagers sans compter les pertes financières”.

Le Trésor perdrait même dans cette affaire car si les motos Yamaha sont taxées à la douane comme il se doit à 20%, les produits contrefaits, déclarés comme pièces détachées, ne le sont qu’à 5%. Faites la différence ! En attendant donc que, quelque part, quelqu’un se bouge, (à supposer qu’on y ait vraiment intérêt), Yamaha essaie de résoudre en interne l’épineuse question. Avant de mettre le turbo en saisissant, un jour qui sait, les organisations internationales compétentes telles l’OMC ou l’OAPI ?

O.I.

L’Observateur Paalga

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