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AFFAIRE RIBERY ET BENZEMA : Des petits plaisirs qui coûtent chers

Publié le vendredi 23 juillet 2010 à 01h05min

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« On ne peut même plus s’amuser avec son argent ! » Bien des Africains ont dû s’exclamer ainsi, face aux déboires judiciaires des joueurs français Frank Ribéry et Karim Benzema. Avec les moeurs diluées des dirigeants, on considère ces comportements des footballeurs comme des facéties. Car en Afrique, c’est tout à fait autre chose.

Les peuples sont habitués à voir certains de leurs dirigeants entretenir des harems avec l’argent mal acquis. Or, ces joueurs ont fait fortune à la sueur de leur front. N’ont-ils pas le droit d’en jouir comme ils veulent ? Ce raisonnement, bien entendu, ne tient pas en Occident, notamment dans l’affaire impliquant les deux joueurs. Car, ils sont fortement suspectés d’avoir fait recours à un réseau de proxénétisme utilisant des filles mineures. Là, il s’agit bien d’un délit. Avoir des relations sexuelles avec une mineure prostituée est passible d’une peine de trois ans de prison et d’une amende de 45 000 euros.

C’est clair, en France, ce type d’affaire de mœurs est fortement reprimé. Fallait-il fermer les yeux pour ne pas entacher la réputation des mis en cause ou crever l’abcès d’un fléau entretenu par des gens censés être irréprochables ? La justice française a tranché. Selon le principe « nul n’est au-dessus de la loi », Ribéry et Benzema, fussent-ils des gloires du football, doivent s’expliquer.

Cette affaire, on le sait, a pris des proportions encore plus phénoménales en raison du leadership de Ribéry au sein de l’équipe de France et de la piètre prestation des Bleus en Afrique du Sud. Avant le Mondial, on a beaucoup craint que l’affaire de la prostituée n’entache la crédibilité d’une équipe nationale où doivent être défendues les valeurs de loyauté, de courage, de patriotisme et de vertu. Ne demande-t-on pas trop à ces joueurs, notamment ceux de la nouvelle génération, en voulant leur faire incarner toutes ces valeurs ? Les jeunes joueurs vivent avec leur temps, fait de contrats mirobolants et de patriotisme en berne. Toujours est-il que pour bon nombre de Français, porter le maillot tricolore est un tel honneur, qu’on n’a pas le droit de le salir par des écarts de conduite.

Il y a des puristes qui croient dur comme fer que le talent seul ne suffit pas pour faire partie du onze national ; la moralité y a aussi une place prépondérante. Le ministre des Sports, Roselyne Bachelot, et le futur président de la FFF (Fédération française de football), Fernand Duchaussoy, sont de ceux-là, qui estiment qu’un joueur mis en examen ne peut être appelé en sélection. Après le Mondial et la débâcle des Bleus, personne ne semble se plaindre du sort de Ribéry. Mais tant qu’ils n’ont pas été condamnés, lui et les autres bénéficient de la présomption d’innocence. C’est pourquoi ils ont sans doute toujours la confiance de leurs clubs. Il n’empêche que cette affaire laissera des séquelles en eux. Moralité : les petites gâteries que l’on s’offre sans réfléchir peuvent mener très loin. Elles peuvent briser une carrière, voire une vie.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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