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11e Journée nationale de lutte contre l’excision : Les hommes, désormais à l’avant-garde

Publié le jeudi 20 mai 2010 à 03h52min

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La 11e Journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision a été célébrée, le 18 mai 2010 à Bobo-Dioulasso, sous la présidence de l’épouse du chef de l’Etat, Chantal Compaoré, présidente d’honneur du Comité national de lutte contre la pratique de l’excision et marraine de ces journées. Mme Chantal Compaoré était représentée à cette occasion par Priscille Zongo, épouse du Premier ministre. Appel à l’éradication de cette pratique et remise d’attestations de reconnaissance ont été les temps forts de cette manifestation placée sous le thème : « Rôle des hommes et des garçons dans l’élimination des mutilations génitales féminines ».

Après Kaya en 2009, c’était au tour de Bobo-Dioulasso d’accueillir la 11e Journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision le 18 mai 2010. Un choix visiblement pas fortuit car depuis des années cette ville, à travers plusieurs associations et collectifs, avait déjà en gagé le combat contre ce fléau. En effet, depuis 2006, le collectif Djiguiya, un regroupement de 200 associations féminines, avait donné le ton.

En présence des centaines de témoins, des exciseuses touchées par l’action du collectif « Djiguiya » avaient solennellement remis leurs lames et rallié le groupe. D’où la joie de la présidente, Fatoumata Traoré née Sogoré qui, après avoir esquissé des pas de danse avait, au nom de ses camarades, renouvelé son engagement à lutter sans merci jusqu’à l’éradication totale de cette pratique.

Très sceptiques au début de la lutte, les chefs coutumiers et religieux, par la voix de leur représentant Salia Sanou, n’ont pas manqué de relever les méfaits de la pratique et l’absence de lien avec la religion et la tradition comme certains adeptes tentent de le faire croire. Justifiant le thème de cette 11e journée, Pascaline Tamini, ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, dira qu’il s’appuie sur l’environnement sociologique et culturel de la communauté burkinabè.

L’homme, selon elle, est au cœur de la prise de décision dans nos sociétés et pour le cas précis de l’excision, le refus des hommes est essentiel pour « l’atteinte de la tolérance zéro ». Pascaline Tamini a rappelé au passage l’intégration de ce groupe dans les stratégies du cadre global d’action défini en 2009 à Kaya.

Citant les « énormes » acquis engrangés pendant ces années de lutte, la ministre, tout en rendant hommage au président Blaise Compaoré et à son épouse, s’est félicitée de l’accompagnement du gouvernement à l’adoption de textes de loi en faveur de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant ainsi que l’allocation de 50 millions de F CFA du budget de l’Etat au profit de la lutte contre la pratique de l’excision.

« Ces acquis marquent un nouvel élan pour le Comité national de lutte contre la pratique de l’excision qui a vu ses capacités institutionnelles et organisationnelles améliorées, ainsi que le renforcement des compétences techniques des acteurs de terrain », a-t-elle soutenu, tout en faisant un clin d’œil à la grande mobilisation des femmes pour cette cause.

Mme Priscille Zongo, représentant la marraine Chantal Compaoré, a fait une mention spéciale sur cette commémoration qui, à ses yeux, doit symboliser un moment d’introspection, de plaidoyer et d’actions en faveur de la promotion et de la protection des droits fondamentaux de la femme et de la petite fille. Revenant sur le thème de la célébration et le pouvoir de décision de l’homme dans la société, elle dira « qu’il traduit la détermination des autorités d’engager les acteurs de premier plan que sont les hommes à la lutte synergique pour venir à bout du phénomène et sauver la vie de millions de fillettes exposées à cette pratique ignoble ».

Selon Priscille Zongo, une implication active de l’homme est indispensable dans l’éradication des mutilations génitales féminines, aussi vrai que « même si l’homme n’est pas auteur de cas d’excision, il se retrouve complice car la pratique se fait sous sa bénédiction ». Il y a aussi le fait que dans certaines localités, les garçons refusent d’épouser les filles non excisées, preuve que les préjugés restent ancrés dans les esprits. Une attitude qui, à en croire la représentante de Chantal Compaoré, est stigmatisante et constitue de ce fait une entrave à l’éradication de l’excision.

C’est pourquoi, a-t-elle insisté, « les hommes et les garçons qui jouent un rôle capital dans la pratique de l’excision, doivent aussi désormais jouer un rôle déterminant dans son élimination ». Ce d’autant plus que malgré les efforts de sensibilisation, la situation de l’excision au Burkina reste préoccupante.

Une femme sur deux est excisée et le taux de prévalence actuelle estimé à 49%, touches toutes les ethnies. D’où l’appel pressant de l’épouse du Premier ministre, à développer plus de synergie, en conformité avec le Plan d’action national 2009-2013 de promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines dans la perspective de la tolérance zéro.

En marge de la cérémonie, Mme Zongo a procédé à une remise d’attestations à une quinzaine de personnes. Ces documents sont une marque de reconnaissance du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale aux associations et collectifs pour leurs efforts soutenus et les multiples initiatives pour l’éveil des consciences quant aux risques que comporte l’excision.

Parmi les bénéficiaires, on peut citer le chef suprême des Bobo mandarè, le président de la communauté musulmane, le collectif Djiguiya et le Cercle d’études, de recherches et de formation islamique (CERFI).

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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