Faso foot : Faute d’argent, on arrête
« La Ligue nationale de football porte à la connaissance des présidents des clubs de D1, D2 et du public sportif que les championnats en cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Les dates de reprise vous seront communiquées en temps opportun ».
C’est une circulaire qui émane du bureau de la Ligue nationale de football, la structure chargée de l’organisation des championnats nationaux. Ainsi donc, la 16e journée du Faso foot, qui avait été programmée le week-end dernier, n’a pas eu lieu. Faut-il s’étonner de ce qui arrive au football burkinabè ? Apparemment non, puisque tout le monde connaît aujourd’hui les problèmes que rencontre la Fédération burkinabè de football (FBF).
Criblée de dettes et n’ayant plus rien dans ses caisses, la FBF est au fond du gouffre. Du coup, les joueurs des différents clubs se retrouvent tous au chômage à 11 journées de la fin du Faso foot. Mais en attendant que les choses s’améliorent, ils vont certainement poursuivre les entraînements pour ne pas perdre les « pieds ». Ils sont, avant tout, des salariés et cela fait partie de leur contrat.
Les présidents des clubs, surtout ceux de la D1, qui ont pris acte de la suspension du championnat, seront confrontés à un autre problème : le paiement des salaires. Et il faut bien qu’ils respectent leurs engagements sinon des joueurs n’hésiteraient pas à tenter l’aventure. Peu importe si on se retrouve en Moldavie ou en Roumanie, l’essentiel étant de gagner quelque chose.
C’est la première fois, sauf erreur, que le football burkinabè vit une telle situation. Dans un passé récent, le championnat était sponsorisé à hauteur de 200 millions de FCFA par an par la MABUCIG. Mais depuis l’interdiction de la publicité sur le tabac dans les stades, la FBF a perdu un partenaire privilégié. Depuis lors, c’est l’Etat, à travers le ministère des Sports et des Loisirs, qui apporte une aide substantielle à l’organisation du championnat. Les charges sont lourdes et quand le décaissement prend du temps, il y a forcément des désagréments.
Comme ce fut le cas pour cette 16e journée. Mais la question qu’on se pose est de savoir si l’Etat va continuer de financer ce championnat. Un Faso foot dont le niveau laisse à désirer. Les gradins sont de plus en plus vides pour la simple raison que le spectacle est poussif. En plus du manque à gagner au niveau des recettes, beaucoup de gens viennent au stade sans payer leur billet.
La plupart des supporters ont été habitués à cela depuis la CAN 98, à tel point qu’ils ne passent plus par les guichets. On comprend pourquoi les recettes des matches sont insignifiantes. Conséquence, les clubs sont de plus en plus pauvres et n’arrivent pas à faire face à certains besoins. Si vous leur demandez combien ils perçoivent après un match, ils auront honte de vous le dire. Il paraît qu’un club peut repartir avec une quote-part de 12 000 FCFA. Une triste réalité pour ce football national qui est au creux de la vague.
Aujourd’hui, ils sont nombreux, ceux qui préfèrent suivre les championnats européens. Les antennes paraboliques ayant favorisé cela, on se délecte des prouesses de son équipe autour d’une bière. On connaît même parfaitement le nom des joueurs, leurs salaires, leur vie et bien d’autres choses. Tout le contraire de ce qui se passe ici.
Le foot burkinabè a donc besoin d’une profonde structuration pour sa crédibilité. Tant qu’on ne définira pas une politique claire dans ce sens, les mêmes problèmes surgiront toujours. Qu’on se le dise, un pays sans championnat perd sa cote aux yeux des instances internationales du football .
Justin Daboné
L’Observateur Paalga