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La formation : Clé de voûte de la réussite

Publié le jeudi 11 février 2010 à 01h19min

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Toutes les nations qui s’asseyent sur la table des seigneurs en football ont bâti leur notoriété sur la formation ou ont donné une place prépondérante à la politique de la relève. Malheureusement au Burkina, c’est la catégorie reine qui donne le baromètre du sport-roi. S’appuyer toujours sur ce facteur, c’est s’adosser sur quelque chose de factuel.

Cela n’a constitué une surprise pour personne de voir le coach du BPS, Ousmane Compaoré dit « Lato » cracher le venin de sa frustration à travers le manque de formation de la majorité de ses joueurs après le nul concédé par son équipe face à l’USY. « Lato » ne savait sans doute pas qu’il disait tout haut ce que bon nombre d’observateurs pensent bas.

Le Burkina pourra toujours se qualifier à la CAN mais sans une politique conséquente pour la relève, il sera difficile de franchir les paliers que nous souhaitons tant. Rien qu’à la dernière édition de la Coupe d’Afrique jouée en Angola, les Etalons seniors ont été incapables de franchir l’écueil ghanéen, alors que les quarts de finale leur tendaient les bras. Face à une formation constituée en majorité de juniors, l’équipe fanion des Etalons a calé.

Cela est une preuve que les Black Stars sont assis sur du béton et peuvent compter sur leur relève. Au Burkina, à cause de cette peur du vide, on n’a pas le courage de retourner la tête pour voir derrière. Si la Côte d’Ivoire est aujourd’hui une grande force du football africain voire mondial, c’est parce que cette équipe a accepté marquer une halte pour mieux se construire une fondation solide. Cela lui a valu de rater la CAN 2004 mais elle n’a pas de regret. Le travail de formation mis en place par Jean Marc Guillou avec la mansuétude de Roger Ouégnin a accouché d’une génération talentueuse.

Les jeunes académiciens jetés dans le grand bain en 1998 lors de la Super coupe d’Afrique sont aujourd’hui, matures et ont su aiguiser leur défense en intégrant des grands clubs en Europe. Aujourd’hui, l’environnement des Eléphants est peuplé majoritairement des éléments de l’académie Mimosifcom. Qui n’a pas envie de posséder dans son club des joueurs comme Yaya Touré, Habib Kolo Touré, Emmanuel Eboué, N’Dri Romaric, Baky Koné, Yao Kouassi Gervais « Gervinho » ou Siaka Tiéné et j’en passe.

Si la France est toujours citée comme exemple en matière de formation c’est parce qu’elle a su se construire un socle solide à ce niveau. Le père de cette architecture, Georges Boulogne a pensé et codifié une mode de formation qui va comme un gant à la France. Dans cette formation bien compartimentée, les meilleurs éléments sont orientés vers Clairefontaine qui constitue la crème des crèmes en matière de formation en France et pourvoyeur des joueurs dans les Bleus.

Certains clubs plus huppés tordent le cou au règlement pour venir même piller les pépites hexagonales. On a vu filer sous d’autres cieux des éléments comme Mickaël Sylvestre, Ousmane Dabo et autres Jérémie Alliadière alors qu’ils étaient toujours en formation dans des clubs français. Pour remédier à cette faille, la France a durci le ton et exigé qu’un joueur qui a été formé dans un club soit lié à ce club pour trois ans avant de bénéficier d’une clause libératoire à moins que le transfert soit fait en bonne et due forme pour indemniser le club formateur.

Ce sont des verrous qui permettent à ces jeunes de s’aguerrir davantage avant de s’exiler. Au Burkina, on pourra toujours calqué cette méthode. Mais sans un cadre propice d’expression pour ces jeunes, quelle que soit la volonté des promoteurs de construire des centres, les bambins ne seront pas compétitifs. A la fédération, chaque président vient avec un programme où figure en bonne place le championnat de jeunes mais celui-ci ne voit jamais le jour, chacun préférant focaliser son attention sur l’équipe nationale senior comme si qualifier celle-ci à la CAN était gage d’une mission réussie.

Les clubs se réfugient aussi derrière ce désert de compétition nationale au niveau des jeunes pour ne pas entretenir des sections de petites catégories si ce n’est pas le manque de moyens qui est mis en exergue. Conséquence, le football burkinabè ne se repose pas sur un socle solide. On a beau être performant dans les catégories de jeunes dans les compétitions internationales, la vérité finit toujours par nous rattraper, car la carrière de ces jeunes prend une autre tournure au moment de passer seniors à cause d’un mauvais suivi. Si la formation trouvait au Burkina une terre fertile pour mieux s’épanouir, elle ferait les choux gras des promoteurs.

Voilà que des internationaux gagnent leur vie à travers des centres. Nous citerons pour exemple Patrick Vieira, Jimmy Adjovi Boko et Bernard Lama, à travers le centre Djambar à Dakar, Abedi Ayew Pelé avec son centre Nania FC. On apprend qu’au niveau de la FBF, le directeur technique national, Ousmane Sawadogo serait en train de concocter un plan pour permettre aux jeunes de trouver un cadre d’expression et d’épanouissement.

Si cette direction technique parvient à trouver les moyens pour cette activité comme c’est le cas de l’USSU-BF, il ferait un grand bien au football burkinabè. Des promoteurs comme Noufou Ouédraogo, Sékou Compaoré ou Kassoum Ouédraogo « Zico » pourront mieux affiner leur formation et donner plus d’envergure à leur centre. Pourvu que l’idée de la direction technique ne reste pas au stade de projet.

Béranger ILBOUDO

Sidwaya

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