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MARCHE A BETAIL DE FADA N’GOURMA : Un poumon économique pour la région de l’Est

Publié le vendredi 18 décembre 2009 à 02h17min

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Le marché à bétail de Fada N’Gourma est l’un des plus importants du Burkina, en termes de transaction, après celui de Pouytenga. Tous les dimanches, ce sont des centaines d’éleveurs et de commerçants qui s’y rencontrent pour vendre ou acheter gros et petits ruminants. Coup de projecteur sur cet espace d’échanges commerciaux, principale porte de sortie des animaux sur pied vers le Bénin, le Togo, le Ghana et le Nigéria.

La région de l’Est du Burkina est une localité qui détient une part importante du potentiel en élevage, deuxième activité du secteur primaire, après l’agriculture. La politique gouvernementale du développement de ce secteur très porteur a donc vu juste en dotant, en 2004, la région de l’Est d’un marché à bétail localisé dans la ville de Fada N’Gourma, chef-lieu de la région, carrefour avec les pays voisins du Bénin, du Niger et du Togo. Les animaux en provenance du Mali, du Niger et du Burkina y sont achetés pour être exportés vers des pays côtiers voisins tels que le Bénin, le Ghana, le Nigéria et le Togo.

Le grand marché à bétail de Fada, ce sont des infrastructures modernes ayant coûté près de sept cent cinquante millions de F CFA, financées par la Coopération suisse. Il est structuré en une multitude de compartiments à dimensions inégales. On y distingue, entre autres, un parc ovin, un parc caprin, un parc bovin, des parcs de stockage, des parcs d’embarquement, etc. Le marché fonctionne depuis son ouverture sous la co-direction d’un comité mixte de gestion et de la commune de Fada N’Gourma. Tous les dimanches (jour de marché), ce sont plusieurs centaines d’éleveurs, de vendeurs de bétail et de commerçants/acheteurs qui se rencontrent à ce point névralgique de la cité de Yendabili, situé dans la banlieue Nord de la ville, sur la route menant au Niger.

L’ambiance à l’intérieur des parcs est marquée par les marchandages et les échanges de grosses sommes d’argent. Et cela se fait au beau milieu d’une foule étonnemment nombreuse et sur fond de coups de sabot, de beuglements des bœufs. Du matin au soir, les hommes et les animaux se côtoient dans les parcs. Très souvent, les animaux s’affrontent entre eux, les cornes des taureaux s’entrechoquent. Ils sont séparés par des coups de fouet ou de corde des bergers. Outre les éleveurs et les commerçants, les lieux sont occupés par des courtiers, des administrateurs du marché, des exportateurs, des agents d’embarquement, des banquiers, des policiers et des pickpockets aussi.

Une offre de vente de plus de 100 millions de F CFA par semaine

Chaque jour de marché, on enregistre des offres de vente de plus de 1 000 têtes de bovins, d’ovins, de caprins pour des flux financiers de plus de cent millions de Francs CFA.

Abou Sangaré est l’un des rares vendeurs qui a bien voulu nous consacrer 5 minutes de son précieux temps. Ce dimanche 6 décembre 2009, il est arrivé sur le marché et, comme d’habitude, sans un seul animal à vendre ni l’argent nécessaire pour en acheter un. Il se fait appeler « agent marketing ». En fait, son travail consiste à aller soit à la rencontre des éleveurs qui arrivent sur le marché pour leur proposer ses services afin de trouver rapidement un acquéreur de leurs animaux, soit à la rencontre des potentiels acheteurs pour se proposer de les aider à trouver les animaux de leur choix. Quelles sont donc les retombées d’une telle prestation ? Abou répond : « Avec l’éleveur, on s’entend sur le prix minimum de l’animal. Et lorsque je parviens à vendre la marchandise à un prix supérieur au prix minimum fixé, le surplus est mon bénéfice. En plus, l’acheteur se doit de me reverser la somme de 2 000 F CFA sur chaque tête de bête qu’il aurait acheté ».

Le deal est donc juteux pour les quelques dizaines "d’agents marketing » qui, comme Abou, sillonnent le marché les dimanches. Ils peuvent engranger, par jour de marché, des sommes dépassant 50 000 F CFA pour les plus dynamiques. Ces prestataires sont d’ailleurs bien connus des acheteurs qui n’hésitent pas à se confier à eux. Pascal Naba, exportateur de bétail vers le Nigeria, explique, à côté de son camion "32 tonnes" spécialement affrété : « Lorsque nous arrivons sur le marché aux environs de 10 h, nous avons toujours un certain nombre de bœufs à acheter avant 17h 30, heure de fermeture. Et la plupart du temps, nous nous devons de mettre les bouchées doubles pour espérer atteindre ce nombre. Or, les négociations pour l’achat d’un seul bœuf peuvent prendre 30 minutes voire plus. Pour nous en sortir plus rapidement, nous nous attachons donc les services des "agents marketing" qui nous aident dans l’achat des animaux et cela à des prix bien mesurés ».

Aujourd’hui, et cela était d’ailleurs prévu par les concepteurs, le marché à bétail de Fada N’Gourma est plus que cela ; d’autres activités commerciales s’y sont développées. Des commerçants d’effets d’habillement, d’ustensiles de cuisine, d’appareils électro-menagers, de friandises, etc. se sont installés dans des compartiments de la partie Est du marché qui leur étaient visiblement réservés. Bien entendu, beaucoup d’autres articles liés à l’embouche (cordes et autres articles d’attelage) y sont également vendus et s’achètent comme de petits pains à longueur de journée. A propos de pain, il y en a aussi à gogo sur le marché à bétail de Fada. Les commerçants qui y passent la journée entière s’alimentent sur place et cela fait l’affaire des vendeurs ambulants de sandwich et autres jus glacés faits à base de produits locaux.

L’importance des échanges sur le marché a attiré des banques de la place qui y ont ouvert des succursales dans des locaux du marché également préalablement destinés à cette fin. Eric Yelemkouré est caissier dans une importante banque nationale qui l’a affecté à son agence du marché à bétail. Les services hebdomadaires qu’il y offre, vont du paiement au transfert en passant par le dépôt, l’ouverture de comptes et tous les autres classiques de banque. « Ici, sur place, les commerçants font des retraits pour payer les animaux. Les éleveurs ayant vendu leurs animaux utilisent aussi nos services pour déposer leurs fonds en toute sécurité », nous a-t-il confié.

Le Nigéria comme destination finale

L’écrasante majorité des animaux achetés au marché à bétail de Fada, à en croire les exportateurs, sont convoyés vers le Nigéria via le Bénin. Le transport se fait en camions communément appelés « 10 tonnes » ou en camions-remorque de 32 tonnes. Si la plupart de ces « gros porteurs » stationnés tout autour du marché sont d’immatriculation burkinabè, on en rencontre toutefois qui sont d’immatriculation togolaise, béninoise, nigérienne ou ghanéenne.

Aboubacar Thiombiano du service d’embarquement du marché précise néanmoins que la quasi-totalité des importateurs du bétail sont des opérateurs burkinabè mais qui, très souvent, s’attachent les services de camionneurs béninois, togolais, nigériens ou ghanéens qui, eux aussi, gagnent à transporter le bétail plutôt que de repartir vides après avoir déchargé de la marchandise en territoire burkinabè. Sur les axes routiers, les tracasseries policières constituent la bête noire des transporteurs, indique M. Thiombiano qui ajoute à cela l’état défectueux des routes. C’est donc pour minimiser ces tourments du transport que les animaux, d’après les transporteurs que nous avons rencontrés, sont débarqués à Parakou, en territoire béninois, avant d’être convoyés à pied, jusqu’aux marchés du Nigéria, leur destination finale.

Par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 19 décembre 2009 à 10:38 En réponse à : MARCHE A BETAIL DE FADA N’GOURMA : Un poumon économique pour la région de l’Est

    Mais quand enfin va -t-on nous dire où sont formés nombre de nos journalistes qui nous font partager leurs papiers sur le net ? " la région de l’est est une localité ... " ? Avouez que si Fada est une localité, la région dont elle est la capitale ne peut en être une !!! mon frère musclez votre connaissance et votre maniement de langue de Molière !! Le niveau, dont faites montre ici, est très bas, un euphémisme ! Légèrement au-dessus de celui d’un bon élève de cm2 mais beaucoup en-dessous de celui d’un bon élève de 3ème.

  • Le 19 décembre 2009 à 11:55 En réponse à : MARCHE A BETAIL DE FADA N’GOURMA : Un poumon économique pour la région de l’Est

    mr le journaliste, vous devez revoir votre orientation geographique dans la ville de FADA.

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