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Niger : Tandja dans la tourmente

Publié le mercredi 2 décembre 2009 à 02h53min

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Bien décidé à faire valoir ses droits sur la république, le président Mamadou Tandja a obtenu ce qu’il convoitait depuis belle lurette : un peu plus de pouvoir, un peu plus longtemps. Et le voilà reparti pour trois années de bonus à la tête de l’Etat, en attendant d’être sacré roi du Niger.

Pour ce faire, l’ancien colonel de l’armée n’a pas hésité à jouer de la gâchette du référendum constitutionnel pour parvenir à ses fins, nourrissant ainsi son ambition démesurée. Parmi les victimes de ce coup d’Etat légal, on comptera le Parlement et le Conseil constitutionnel, deux bastions démocratiques tombés au champ d’honneur et dissous par le père de la Sixième République. Dès lors, pour contrer les ambitions présidentielles du colonel-président, il ne restait plus que l’opposition, qui finira bâillonnée et réduite à sa plus simple expression.

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et Mamadou Tandja a eu le loisir de s’en apercevoir, lui dont la cote d’impopularité a crevé tous les plafonds dans la sous-région et au sein de la communauté internationale. Mais l’impénitent président n’en a eu cure, lui qui, par la force de son référendum, avait réussi son forfait constitutionnel. Et tandis que, sous les auspices du médiateur de la CEDEAO, pouvoir et opposition entamaient à Abuja des discussions de sortie de crise, le président consommait à Niamey « sa chose » mal acquise.

C’était compter sans la grande muette et sa forte tradition putschiste. L’armée, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a su néanmoins se rappeler aux bons souvenirs du président. Et comme pour conjurer un certain mauvais sort, c’est le chef d’état-major, lui-même, qui s’est fendu d’une déclaration mettant les militaires en garde contre « une remise en cause des institution » ou du moins contre ce qu’il en reste après le passage de la réforme Tandja. Allusion à peine voilée à la grogne qui semblait se répandre dans leurs rangs. C’était il y a une quinzaine de jours.

Et depuis, mille et une petites attentions ont été accordées aux hommes de la grande muette, pour calmer quelque peu leurs envies de donner de la voix. Ces derniers temps, il est bon de porter l’uniforme sous la 6e République du colonel Tandja, et la Tabaski, fêtée ce samedi, n’a pas démenti cette nouvelle tendance. On se demande dès lors combien de temps le régime parviendra à faire oublier aux militaires les mauvaises habitudes acquises au fil de l’histoire politique de ce pays.

Pour l’heure, les discussions sont en cours sous l’égide du médiateur de la CEDEAO, qui entend bien trouver une solution civile et démocratique à la crise que traverse le Niger du fait des ambitions démesurées de son premier responsable

Par H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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