MALADIE DE YAR’ADUA : Faut-il s’en inquiéter ?
Le président du Nigeria est malade et actuellement en soin à Djeddah en Arabie Saoudite. La question est préoccupante pour ses compatriotes qui en ont fait leur sujet de commentaires partout dans le pays le plus peuplé du continent africain. Umaru Yar’Adua souffre de péricardite aiguë (une inflammation de l’enveloppe du coeur). En réalité, les problèmes de santé du président nigérian ne datent pas d’aujourd’hui. Au cours de la campagne précédant son élection, Yar’Adua avait été admis en urgence dans un hôpital d’Allemagne. La question que l’on se pose alors est de savoir pourquoi les Nigérians ont-ils élu à la tête de leur pays une personne qu’ils savaient malade.
La maladie de Yar’Adua est une nouvelle occasion pour reparler de la santé des hommes et des femmes qui nous gouvernent. Les informations sur leur état de santé sont le plus souvent cachées jusqu’au jour où elles ne peuvent plus l’être, parfois sur le tard. C’était le cas avec Feu El Hadj Omar Bongo. Il est alors plus qu’urgent que des clauses d’éligibilité, en rapport avec la santé, soient intégrées dans la composition des dossiers de canditature pour des mandats électifs importants comme les présidentiels. Autrement, c’est l’avenir d’un pays tout entier qui sera hypothéqué. On en voit les prémices au Nigeria où les débats sur la succession font déjà rage au sommet de l’Etat.
Dans ce pays de la démesure, la rotation du pouvoir entre le Nord (d’où est originaire Yar’Adua) et le Sud est régie par un accord tacite. La Constitution nigériane dispose qu’en cas de vacance du pouvoir, l’intérim est assuré par le vice-président. Celui-ci se trouve être, en ce moment, Goodluck Jonathan, originaire du Sud, tandis que le troisième personnage de l’Etat, le président du Sénat, David Mark, vient du Nord. Cela expliquerait-il pourquoi des tractations en coulisses sont engagées pour demander la démission du vice-président ? Le pire serait-il déjà arrivé pour le Nigeria pour que la polémique enfle à ce point ? En tous les cas, aucune mauvaise nouvelle sur Yar’Adua n’a encore été communiquée. Mais il convient de saluer une avancée dans le traitement de l’information sur la maladie du Président. Ce n’est plus un tabou ; toute la presse nigériane, sans aucune forme de censure ou de bâillonnement, en parle librement ; l’objectif étant d’informer sainement les Nigérians et les Nigérianes qui ont porté Umaru Yar’Adua à la tête de leur pays.
Le vice-président Jonathan a annoncé à ses compatriotes que le président Yar’Adua se portait bien. Malgré tout, son message, qui se voulait rassurant, ne semble pas avoir convaincu. Pour l’heure, Yorouba, Ibo, Haoussa et Nigérians des autres ethnies croisent les doigts pour que leur président vive longtemps afin de préserver le pays de tout remous susceptible de perturber le géant d’Afrique, par ailleurs locomotive de la CEDEAO.
Par Boureima OUEDRAOGO SONRE
Le Pays