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A la rencontre de… KPG, vice champion du conte francophone

Publié le mardi 20 octobre 2009 à 03h56min

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Il est une vedette du conte au Burkina Faso et maintenant dans l’espace francophone. Gerard P. Kientega alias KPG, il s’agit de lui, a remporté la médaille d’argent aux derniers Jeux de la Francophonie au Liban. Il revient dans cet entretien sur sa victoire, le décès de son père, etc.

Sidwaya Mag Plus (SMP) : Tu viens de remporter la médaille d’argent en conte lors des derniers Jeux de la Francophonie au Liban. Comment vis-tu ce succès ?

Kientega P. Gérard (K.P.G) : Je suis très heureux d’avoir défendu la cause des conteurs et les couleurs du Burkina Faso.

(SMP) : Combien de pays ont pris part à la compétition de conte ?

K.P.G. : Il y avait 15 pays. En finale, il y avait le Burkina Faso, le Canada, la France, le Liban et le Sénégal. La compétition était difficile parce que tous les concurrents étaient des conteurs professionnels. La preuve, le jury a mis une heure pour délibérer.
A l’accoutumée, la délibération ne prend pas plus de 15 minutes. Selon des indiscrétions, le vainqueur a eu un demi-point de plus que moi. Qu’à cela ne tienne, je suis fier du travail abattu sous la direction du grand frère Émile Abossolo M’BO. Je n’oublie pas l’assistance de Modibo Sangaré et Siaka Ira lors de mes répétitions.
L’ambiance était très bonne à Beyrouth. Mais j’ai été blessé par l’absence de la délégation burkinabè lors de mon spectacle.

SMP. : D’aucuns disent que tu t’es surpassé pour décrocher cette médaille parce que ton père est décédé avant ton départ pour le Liban.

K.P.G. : Enterrer son père et aller compétir, il fallait être fort d’esprit. J’avoue que j’étais mal à l’aise. Je pensais toujours à mon père parce qu’il a rendu l’ame à ma présence. La finale a coïncidé avec le doua (cérémonie) du 7e jour. Je n’étais pas dans ma peau.

SMP. : De quoi parlait ton conte ?

K.P.G. : J’ai dédié ce conte à mon papa qui me racontait des histoires de forge. Je suis de la caste des forgerons d’Arbollé. Alors j’ai mis en relief ce métier en voie de disparition à travers un conte initiatique. C’est également un hommage à mon père. J’ai déposé le bouquet de fleurs qui accompagnait la médaille sur sa tombe.

SMP. : Tu as perdu la première place face à un Canadien. Penses-tu que les critères de notation étaient adaptés à tous les contes ?

K.P.G. : C’était un problème. Le jury a eu du mal à nous départager. Le conte est très subjectif. Le Canadien a joué sur les mots. Sinon la qualité du texte, la communion du conteur avec son public sont quelques critères d’appréciation.

SMP. : Comment le monde culturel, plus précisément les autres conteurs ont accueilli ton succès ?

K.P.G. : Il y a un adage qui dit "il n’est pas bien de parler de soi-même mais si tu n’as personne pour parler de toi, fais-le, sinon tu vas mourir inconnu". Nous avons compris cela. A notre retour à Ouagadougou, personne n’est venu nous accueillir. Mais nous avons reçu le soutien du ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Savadogo, lors d’une visite au ministère. Il a promis de nous recevoir un autre jour.
J’ai reçu beaucoup d’encouragements. C’est la première fois qu’un conteur burkinabè remporte un tel prix. Je souhaite que le conte soit présent à la prochaine Semaine nationale de la culture (SNC).

SMP. : Quels sont tes projets après Beyrouth ?

K.P.G. : J’ai une tournée au Canada, en France. Je me marie dans quelques mois. Je profite pour remercier tous ceux qui m’ont soutenu lors du décès de mon père.
Qu’il repose en paix.

Alassane KEREO

Sidwaya

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