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Arrestation du chef de fil de l’opposition : Tandja fait un pas dans la dictature

Publié le jeudi 17 septembre 2009 à 03h32min

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Il n’y a plus de doute, la sixième République nigérienne, voulue par le président Mamadou Tandja, sera celle de la dictature. L’avancée démocratique de ce pays, qui était caractérisée par la vitalité des institutions républicaines (Assemblée nationale, Conseil constitutionnel...) et le dynamisme de sa société civile, va de mal en pis.

Depuis qu’il a bravé vents et marées pour faire changer la Constitution de son pays par voie référendaire le 4 août 2009, s’accordant une prolongation du mandat présidentiel de trois (3) ans, plus rien ne peut arrêter le colonel-président dans sa dérive autoritaire.

Tout est fait, comme pour être à la hauteur de son péché, en faveur de l’émergence de la pensée unique : celle qui crédite le pouvoir de n’avoir que des projets de bonheur pour ce pays, pauvre et très endetté. Après l’arrestation d’une quinzaine de personnalités politiques et de dignitaires proches de l’opposition, le moment est venu de frapper encore plus fort et de faire davantage dans le cynisme. Pour cela, il n’y avait pas mieux à faire que d’arrêter l’opposant historique du pays, Mahamadou Issoufou.

Leader charismatique du principal parti d’opposition, PNDS, l’enfant de Tahoua, sa ville natale, est connu pour ses sorties fracassantes contre le régime nigérien et ne cachait pas son intention d’organiser une riposte aux errements continus de ce dirigeant. Celui qui est entre les mains de la haute sécurité judiciaire depuis hier est accusé d’être impliqué dans des malversations financières.

En fait, cette animosité contre l’opposition nigérienne s’explique par la constance de celle-ci : elle n’a pas reculé face aux multiples manœuvres du pouvoir avant, pendant et après le référendum ; elle a encore affirmé sa ferme volonté de ne pas participer aux législatives pour ne pas légitimer la forfaiture du camp présidentiel.

Cette opposition n’a fait que confirmer tout le bien que l’on pensait déjà d’elle. Ce qui l’a, du reste, conduite en 2007 à faire tomber le gouvernement d’Hama Amadou par une motion de censure.

Elle avait aussi réussi l’exploit de faire rallier toutes les institutions républicaines à sa cause au point qu’on pensait à la capitulation inévitable du camp Tandja. Mais pourra-t-elle tenir la route face à la répression aveugle du pouvoir ? Rien n’est moins sûr, néanmoins, elle a donné la preuve qu’elle est faite d’hommes et de femmes qui ne se laissent pas guider par leur tube digestif, qu’elle a un minimum de principes à défendre.

Elle doit resserrer les rangs dans ce combat historique contre une dictature, qui n’est qu’à ses débuts. Avec la puissance publique entre les mains, et une communauté internationale qui fait preuve de faiblesse, le colonel-président ira jusqu’au bout de sa logique, qui pourrait se résumer, comme nous l’écrivions dans notre édition du 8 septembre en ceci : “Vous avez dit que le pays sera ingouvernable, en attendant, je ne vous laisse aucun répit. J’userai de tout mon pouvoir pour vous réduire à votre plus simple expression”. Il reste à espérer que les forces vives du pays ne laissent pas les opposants à leur sort et que la communauté internationale ne reste pas indéfiniment passive face à cette dictature

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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