« Les groupements qui ne paient pas les crédits ne bénéficieront plus des intrants à crédit. Et d’ici l’année prochaine, ceux qui ne paient pas leurs crédits ne seront plus comptabilisés comme groupements ». Ces mots du ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH), Laurent Sédogo, ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Il les a tenus le 18 juin 2009 à Louda, localité située à une dizaine de kilomètres de Kaya lors du forum des acteurs de la filière riz qui a réuni des producteurs de cinq régions du Burkina, à savoir ceux du Centre-Nord, du Sahel, du Plateau Central, du Centre et du Nord. M. Sédogo s’est exprimé ainsi car dans son mot de bienvenue, le gouverneur de la région du Centre-Nord, Mathieu Ouédraogo a déploré le fait que les producteurs refusent de rembourser les crédits. Et cela a été plus ressenti quand les directeurs régionaux du MAHRH des cinq régions ci-dessus citées ont fait le bilan de l’opération riz de la campagne 2008/2009.

Hormis la région du Plateau Central où les groupements ne sont pas endettés, ceux des quatre autres régions le sont avec le Centre-Nord en tête. Les producteurs de riz de ces régions ont pris les engrais et les semences améliorées à crédit et n’ont pas remboursé leurs prêts. En dehors de cette fausse note, l’opération production de riz de la campagne 2008/2009 a connu un succès, à entendre le bilan des directeurs régionaux. Les chiffres sont à la hausse comme l’attestent les superficies emblavées et les quantités de riz produites. Dépité par le refus de certains producteurs de rembourser les crédits, le ministre de l’Agriculture a laissé entendre : « Il faut payer les crédits sinon vous voulez qu’on fasse comment ? ».

Du refus de céder le riz à la SONAGESS

Le bilan des directeurs régionaux des cinq régions fait ressortir que les producteurs ont refusé de céder le riz à la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS) à 115 F CFA comme souhaité. Laurent Sédogo a expliqué aux producteurs que les 115 F CFA le kilogramme de riz proposé par le gouvernement ont été bien étudiés. Il a par conséquent invité les uns et les autres à se méfier des « dealers » qui proposent des prix irréalistes. « Si vous voulez que les gens consomment votre riz, il faut le vendre à bon prix », a conseillé M. Sédogo.

De même, il a suggéré aux producteurs que s’ils veulent parvenir à l’autosuffisance alimentaire, il faut changer de mentalité. « Il est inutile de cultiver sur un hectare pour récolter une tonne de riz. Il faut suivre les conseils des techniciens de l’agriculture dans l’utilisation des engrais et des semences améliorées », a précisé Laurent Sédogo. Les producteurs ont exprimé comme préoccupations, l’absence de magasins de la SONAGESS dans certaines localités, la lenteur pour faire parvenir les intrants à temps, l’ensablement des barrages et la lenteur dans la mise en fonction du processus d’achat du riz par la SONAGESS.

Des engagements ont été pris par le ministre Sédogo et ses collaborateurs pour pallier la situation. Sur-le-champ, il a été procédé à la signature d’une convention entre la direction régionale du MAHRH du Centre-Nord, la coopérative de Louda et la SONAGESS. A travers cette convention, la direction régionale s’engage à mettre à la disposition de la coopérative de Louda des intrants.

En contrepartie, la coopérative promet de vendre 100 tonnes de riz paddy à la SONAGESS qui, à son tour, a pris l’engagement d’acheter, si possible, tout le riz qui sera produit par la coopérative de Louda. Sept tonnes de semences améliorées et 42 tonnes d’engrais (21 MPK et 21 urée) ont été donc remises à la coopérative de Louda par le ministre Sédogo.
Il a fait comprendre aux producteurs qu’il compte sur leur engagement pour que l’année prochaine, les Burkinabè consomment le riz burkinabè. Des motivations ont même été promises aux meilleurs producteurs à la fin de la saison en cours.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya